" Je me rappelle du jour où je suis allé chez ce vieux médecin, un homéopathe réputé.
Mon père m'y emmena, je n'étais encore qu'un enfant. À cette époque, j'avais déjà une main orthopédique. Le médecin la saisit pour me prendre le pouls. J'étais tellement intimidé que je n'ai rien fait pour le sortir de son erreur. Le vénérable médecin serra très fort mon poignet en plastique, et malgré cela, à aucun moment il ne me donna pour mon. Bien au contraire, alors qu'il comptait les supposées pulsations, il dictait à voix haute à sa secrétaire le remède qui guérirait tous mes maux.
" Extrait du journal du Prix Nobel de physique, 1960. L'humour corrosif qu'exhale ce bouquet de fleurs vénéneuses ne doit pas occulter l'enjeu du récit. Le but n'est pas de dénoncer les dérives inconsidérées de la science et ses conséquences morbides. Rien de commun avec une fable morale sur les pratiques sexuelles " alternatives " d'une horde de mutants ; ce n'est pas non plus un portrait de groupe avec monstres sur fond de géraniums en décomposition, ni un exercice rhétorique abracadabrant en quête de lecteurs cobayes...
Non, il ne s'agirait rien moins que de littérature, où se pose la question du pouvoir des mots et des non-dits, du rôle du narrateur, de la liberté du lecteur...
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