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Parue en 1853, l'oeuvre d'Arthur de Gobineau vise à établir les différences se jouant sur l'ensemble des races humaines, toutes couleurs de peau confondues, toutes religions, coutumes et philosophies mêlées. Pour la première fois édité dans sa complétude en 1855, l'ouvrage présente l'un des plus grands mythes du racisme contemporain : le mythe aryen. Essentiellement historique, il se base également sur la linguistique et principalement sur le caractère propre des peuples via un savoir approfondi et une documentation à couper le souffle. Conjuguant préjugés populaires et faits scientifiquement prouvés, archéologie et littérature, l'objectif premier de ce livre reste de faire entrer l'Histoire dans la famille des sciences naturelles. C'est ainsi que Gobineau s'appuie sur l'Ancien Testament pour nous parler des différentes civilisations antiques, tant au niveau physiologique que psychologique. Il nous en fait alors voir de toutes les couleurs en s'attardant très largement sur trois races : les Noirs, les Jaunes et les Blancs. L'addition des trois couleurs donc, non pas primaires mais complémentaires, serait selon lui le moteur de l'Histoire. Poussant l'analyse de chaque ethnie à l'extrême, l'auteur s'intéresse autant à ses succès qu'à ses échecs. Raciste assumé, c'est ainsi sans complexe que ce dernier expose une certaine hiérarchie des races sans ne jamais chercher à en expliquer les fondements, sans s'excuser de quoi que ce soit non plus. Aussi, les Blancs trouvent « naturellement » leur place au sommet du fait qu'ils représentent à ses yeux le principe vivifiant mettant en contact les races et permettant la civilisation. L'édition nous présente des doigts entrelacés sur un arrière plan noir et blanc, reproduction objectivement inspirée d'une philosophie chinoise très tendance : le yin et le yang. Une main blanche sur la gauche, une main noire sur la droite, toutes deux jointes en une osmose parfaite. Symbole de paix et de réunification, ce geste est en contradiction totale avec le symbolisme du yin et du yang, à savoir la dualité. Ce même dualisme prenant la forme de la complémentarité dans la culture orientale, tout tend à prouver que c'est par l'alliance des peuples que le monde atteindrait sa complétude, équilibre parfait dans un écrin de bien-être. C'est ainsi que le yin matérialise le féminin, la lune, le sombre, le froid, quand le yang représente le masculin, le soleil, la clarté, la chaleur. Les Noirs et les Blancs se compléteraient donc à merveille sachant que le noir représente le positif et, à l'inverse, le blanc le négatif. Mais plus par moins n'est-il pas égal à moins ? À la soustraction donc, à la dualité aussi, à la complémentarité par extension. C'est de ce fait unis que les peuples deviendraient positifs les uns pour les autres, mathématiquement indivisibles puisque liés par une force additionnelle, infinie et indestructible. Mais qu'en pensait Gobineau lui-même ? Tout le contraire selon la conclusion pessimiste apportée à son oeuvre. L'auteur conclut effectivement sur la disparition progressive de la race blanche, recul du à un métissage généralisé qu'elle-même aurait contribué à engendrer. Le monde serait donc de plus en plus confronté à des peuples métis, uniformes et sans vitalité. Toujours selon Gobineau, l'humanité toute entière se laisserait mourir une fois que ce principe de vitalité aurait disparu. D'un point de vue historique, l'ouvrage peut de fait intéresser le plus grand nombre de par les piliers sur lesquels Gobineau s'est appuyé. Ses appuis et références littéraires, archéologiques, linguistiques, bibliques et ethniques sont en effet irréfutables, ce qui n'est bien évidemment pas le cas de ses points de vue et affirmations en découlant directement... Chaque lecteur pourra ainsi conserver ses jugements de valeurs, opinions propres et degré d'indulgence et/ou de revanche face aux différentes races humaines, si elles existent...
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