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« Il lui était apparu d'abord quelconque, avec sa moustache et son uniforme terne, gris ou vert, devant son pupitre. Puis il avait parlé. Non, d'abord, il était resté silencieux, les bras croisés, les sourcils froncés, tournant lentement la tête, comme un maître qui attend que ses élèves se taisent. La rumeur s'était tue d'elle-même. Alors il avait commencé à parler. Des phrases prononcées lentement, d'une voix douce. Un adagio en quelque sorte, le début lent, presque inaudible d'un quatuor à cordes, qui forçait les auditeurs à encore plus de silence pour comprendre ce qu'il disait. Soudain, le ton était monté, sa voix avait pris une puissance inattendue. Ce qu'il disait avait fini par n'avoir plus d'importance. La voix réveillait en elle des émotions presque musicales, toutes sortes de sentiments, colère, exaltation, tristesse, et joie, une joie indescriptible. On croyait Hitler et on voyait presque ce qu'il annonçait. Cet homme était habité, porteur d'un message extraordinaire. Les gens l'écoutaient bouche-bée, les émotions de chacun excitant celles de l'autre.
Erika avait seize ans. Elle était rentrée chez elle transformée. Elle serait national-socialiste. ».
Janvier 1945. Les Russes approchent de la Pologne. Sur les routes enneigées, Erika Sattler fuit avec des millions d'autres Allemands. La menace est terrible, la violence omniprésente. Pourtant, malgré la débâcle, Erika y croit encore : l'Allemagne nazie triomphera.
Dans ce livre puissant, dérangeant et singulier, Hervé Bel brosse le portrait d'une femme qui se rêve en parfaite ménagère national-socialiste.
La « banalité du Mal » dans sa glaçante vérité.
Erika Satler c’est l’histoire d’une jeune allemande de pure race aryenne et fière de l’être qui admire Hitler et ce longtemps encore après que la guerre soit finie.
Le livre démarre en mars 1944 lorsque les Russes arrivent en Pologne. Chez les allemands c’est la débâcle, soldats et civils. Les Russes ne les épargnent pas sur leur passage. On suit la fuite d'Erika mêlées aux autres civils durant leur exode.
Belle, arrogante, on découvre sa façon de penser en total accord avec les idées d’Hitler. Les juifs sont faibles, ils n’ont que ce qu’ils méritent, ils sont les ennemis du peuple allemand, Erika aime les officiers qui font preuve de détermination en les exterminant, qui font leur devoir envers la patrie.
Les chapitres sur le temps présent s’intercalent avec les chapitres flash-back sur certains passages de son passé, sur son mari qui trahira sa patrie en aidant un prisonnier juif à s’évader.
On n’a évidemment pas beaucoup de sympathie pour le personnage principal même si on la suit avec intérêt.
L’épilogue, qui nous amène 20 ans plus tard, ne m’a pas plu et les dernières lignes non plus. Je m'attendais à une fin plus forte, je trouve que la Erika de la fin ne correspond pas à celle qu’on a pu découvrir au cours du roman. Dommage.
Hervé Bel confirme son talent à Réaliser des portraits de femmes qui dérangent et secouent avec «Erika Sattler» qui a embrassé l’idéal national-socialiste et veut encore croire à la victoire alors que l’armée russe avance.
J’ai découvert Hervé Bel grâce à Caroline Laurent qui a publié son roman La femme qui ment aux Escales, où elle a elle-même publié ses livres Et soudain, la liberté et Rivage de la colère. Après avoir beaucoup aimé Les choix secrets (disponible en poche), j’ai adoré Erika Sattler, car encore une fois se vérifie la promesse de Caroline: «Hervé excelle dans les portraits de femmes qui dérangent et secouent.»
Nous sommes cette fois dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, au moment où un prisonnier parvient à fuir son camp de travail. Celui qui apporte son aide est un jeune officier SS, Paul Sattler.
Une main tendue assez étonnante venant d’un homme qui n’a pas la réputation d’être un tendre. Peut-être sent-il que le vent est en train de tourner? En ce début 1945 l’armée russe ne cesse de gagner du terrain et il faut songer à se replier.
Après avoir démonté l’usine de guerre qui emploie quelque 4000 personnes et organisé le convoyage des pièces détachées et des hommes vers l’Allemagne, il s’occupe du voyage de son épouse Erika qui l’avait suivi en Pologne.
Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elle se prépare aussi à quitter Gerd Halter, son amant. Après l’avoir croisé à Fribourg sept ans plus tôt, elle avait retrouvé le beau blond devenu commandant SS quinze jours plus tôt. Après une dernière nuit d’amour, elle prend la direction de Posen, première étape d’un voyage qui s’annonce très éprouvant.
Les trains sont non seulement pris d’assaut, mais ils font l’objet d’attaques aériennes qui vont forcer les passagers à descendre et à fuir. Erika se retrouve alors en compagnie d’une poignée de survivants à errer sur les routes. Le froid et la faim viennent s’ajouter à la peur de croiser des habitants hostiles ou des Russes dont la sauvagerie est déjà légendaire. Ils pillent les maisons, violent les femmes avant de tout détruire. Aidé par un soldat Allemand, Erika parviendra à s’en sortir, contrairement à la mère du petit Albert, désormais orphelin et qu’elle va prendre avec elle, après lui avoir fait une promesse: «Tu as entendu parler de Jésus, je suis sûr? Eh bien, c'était un juif! Et cela a donné les catholiques. Quand nous aurons gagné la guerre, alors ce sera leur tour d’y passer. Crois-moi, j'aurai ma part. Je les tuerai comme j’ai tué les Juifs! Tout ça pour toi et ta mère!»
Erika reste en effet persuadée de la victoire de son idéal, même si tous les indices semblent démontrer le contraire. Pour elle ceux qui n’y croient plus sont de «mauvais Allemands» qui ne méritent pas ce Führer dont le discours l’avait subjugué lorsqu’à 16 ans, elle avait pu assister à l’un des grands rassemblements organisés par les nazis. Une opinion qui ne changera pas non plus lorsqu’elle découvrira «un charnier de cadavres gelés en costume rayé» dans un train qui avait déraillé. «Dans ce magma, des têtes, des jambes, des bras tendus, levés vers le ciel, tous si bien mêlés que l’on ne distingue aucun corps entier. À y regarder de plus près, leurs membres ne sont plus que des os et de la peau. Ils ne risquent pas de pourrir: aucun petit bout de chair à offrir à la vermine».
Hervé Bel a choisi de croiser le récit du voyage d’Erika et d’Albert vers l’Allemagne avec celui de son mari, arrêté pour avoir aidé un prisonnier et qui va se retrouver à son tour en cellule. Le mal et le bien en quelque sorte, tous deux très mal en point et tous deux n’ayant qu’un mince espoir de survivre. L’épilogue lèvera le voile sur leurs destins respectifs, nous rappelant combien les années de l’immédiat après-guerre ont continué à charrier de rancœurs, de haine, de malheur. Après La chasse aux âmes de Sophie Blandinières et La race des Orphelins de Oscar Lalo, voici une troisième occasion de nous souvenir de ce que fut cette politique qui malheureusement continue à trouver des adeptes de nos jours.
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L’auteur des Choix secrets nous propose à nouveau le portrait d’une femme, qui donne son titre au roman. Erika est l’épouse d’un SS, nous sommes en janvier 1945, et malgré les convictions de la jeune femme, et la propagande de ce parti auquel elle adhère sans réserve, l’armée allemande est en déroute, et fuit la Pologne qu’elle occupait, chassée par les Russes.
Erika suit le mouvement, croise sur son chemin une femme et son petit garçon. La mort guette sur la route et lorsque l’enfant se retrouve seul, Erika se pose en mère de substitution. Ce chemin de croix extrêmement dangereux est l’occasion de revenir sur son passé, son mariage avec un officier qui a trahi.
« Elle ne l’aimait pas. Il le savait bien. elle restait au foyer par idéal national-socialiste. Erika se voulait une ménagère exemplaire. Le nazisme était son romantisme à elle, et comme sa vie ne correspondait pas à ses espérances, elle était malheureuse. »
Tout est dans cette phrase. Comme dans Les choix secrets, Hervé Bel dresse le portrait peu flatteur d’une femme prisonnière de préjugés qui lui sont nécessaires pour ne pas s’écrouler ; On peut ne pas l’aimer, voire la détester, mais elle a en elle cette cohérence qui la maintient en vie et fait sa force, .
Le roman est noir, et ce d’autant plus qu’il s’appui sur des faits réels, montrant l’humanité dans e qu’elle a plus terrible Certains passages sont insoutenables et l’auteur met bien en évidence cette capacité de l’être humain à s’habituer au pire.
Ce n’est pas une lecture délassante, mais ce genre de récit est indispensable, pour ne pas oublier, pour être conscient que tout est toujours possible, hélas .
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