Des romans, livres de recettes et BD pour se régaler en famille !
Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.
En deux récits alternés, la narratrice d'En salle raconte cet écart. D'un côté, une enfance marquée par la figure d'un père ouvrier. De l'autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l'épreuve, le vide, l'aliénation.
L’autrice a écrit ce premier roman dans le cadre d’une master class littéraire. Elle voulait écrire sur le travail, le geste du travail avec son jargon. Elle nous emmène dans les coulisses d’une chaîne de fast food. Elle décrit les différents postes, tout est chronométré et surveillé. Elle est d’abord en salle, là où personne ne veut travailler, alors on y met les nouveaux. Puis aux frites, et enfin au pass drive, le graal. La « mana » ou « manageuse en salle », Chouchou, l’a toujours à l’œil. Elle doit assurer si elle veut espérer être sur le poste convoité.
En parallèle, elle alterne avec des fragments d’enfance du personnage principal, Claire, notamment la scène d’ouverture, au retour des vacances lorsque son père s’arrête au Mc Do pour contenter son petit frère, Nico. Quelques années plus tard, c’est elle qui y travaille et la réalité ne correspond pas à ses souvenirs. Véritable radiographie d’une époque, elle nous y plonge avec des odeurs et des sensations.
Autre figure importante du livre, le père. Il est ouvrier. Son travail à l’usine l’use, le fatigue. Elle parle alors d’aliénation du travail. Elle observe le monde du travail. Elle écrit en creux, sans pathos, ni colère, ni critique. Et pourtant, à la lecture de ce texte, on ne peut qu’être révolté par ces conditions et ces cadences qui mènent inévitablement à l’accident, ou à la faute selon le point de vue. Simple et efficace, l’écriture de Claire Baglin nous met devant le fait accompli. Édifiant.
Un premier roman sorti en poche très court , agréable à lire, le récit qui alterne entre l'enfance marquée par le père ouvrier et de l'autre son travail dans un fast food. Un roman qui éclaire sur le monde du travail d'aujourdh'ui, d'une condition sociale. Comment le travail influe sur notre mode de vie. Dans le fast-food, on a un poste sans avoir un prénom. Parmi l’ensemble des postes possibles, le pire étant en salle où l’on fait face au vide, alors que les plus recherchés sont ceux où l’automatisme de la tâche et le flux incessant , sans réflexion au milieu des frites !
"Des rectangles surgelés tombent dans la panière. Je la saisis, mon poignet ploie, je la plonge et le minuteur commence le décompte. Les équipiers derrière moi disent augmente ta prod-là, fais ta prod'allez"
Un premier roman qui m'a laissé dubitative. La lecture n'est pas déplaisante , elle est même plutôt rythmée.
Un récit à la 1ère personne qui alterne entre l'enfance de la narratrice et le monde du travail qu'elle découvre.
Des parallèles incessants monde ouvrier et monde des employés plutôt bien vus mais je suis restée frustée. Pas assez incisif à mon goût.
Du côté de la vie personnellle je n'ai pas adhéré au portrait fait des parents et encore moins celui du père. Le mépris affiché par la narratrice sur cette enfance m'a dérangé.
"Oh la pauvre elle travaille dans un fats-food mais c'est pas sa faute son père faisait de la récupération et sa mère n'était pas très chic" " : non là c'était trop pour moi.
Une lecture agréable mais l'auteur aurait pu y aller franco.
Court roman, courts chapitres qui alternent l’enfance de la narratrice fille d’un ouvrier qu’elle admire et pour laquelle manger à MacDo est un plaisir rare avec les 20 ans de cette même narratrice qui trouve un emploi à MacDo. Je sais que ce livre est en lice pour plusieurs prix mais pour moi, l’émotion n’est pas passée, j’ai trouvé son récit froid, distant.
Lorsque la narratrice et son petit frère étaient enfants, leur plus grand plaisir était un repas au fastfood, les rares fois où leur famille, très serrée financièrement, s’autorisait un extra. Mais voilà que, désormais étudiante, la jeune femme décroche un job d’été dans ce même restaurant…
En d’incessants ricochets entre passé et présent, sur un ton lapidaire alignant en rafales, comme autant de flashes stroboscopiques, des images sèches, sans psychologie ni sentiments, le récit met d’emblée en place un frappant jeu de miroirs où, la magie de l’enfance envolée, la narratrice découvre l’envers du décor du fastfood, les gestes répétitifs et la cadence à tenir en cuisine dans la chaleur et l’odeur de friture, le stress des commandes au Drive et l’infernale pression en salle, prenant du même coup toute la mesure, alors que les souvenirs remontent, de l’usure subie par son père à l’usine, au fil d’une vie toute entière aliénée par son labeur d’ouvrier.
De l’usine au fastfood et du fastfood à l’usine, Claire Baglin dissèque ainsi, avec une précision froide et ironique qui n’empêche pas la tristesse de percer dans une sensation d’étouffement révolté, les conditions de travail au bas de l’échelle, l’épuisement dans l’obsession du rendement et dans la répétition de tâches déshumanisées, la mesquinerie de la compétition et des rapports de force sous l’égide de petits chefs redoutables, la violence et l’humiliation d’une pression sociale de plus en plus assise sur la précarité de contrats à temps partiel ou de rémunérations à la tâche, comme dans le cas des livreurs à vélo.
Dans son observation quasi documentaire et totalement factuelle, sans parti-pris ni commentaire, qui nous laisse entièrement libres de nos ressentis et de nos conclusions, la seule chose qui fait toute la différence avec l’expérience de son père, c’est qu’elle quittera ce laminoir à la fin de l’été, pour reprendre ses études et s’échapper, on l’espère, vers d’autres horizons…
Un premier roman dont la froideur clinique redouble l’efficacité, pour un tableau choc de notre société au travers d’un monde du travail absolument terrifiant.
Ça se passe comme ça en salle !!
Lu et approuvé sur aikadeliredelire.com
https://www.aikadeliredelire.com/2023/03/lu-approuve-en-salle-de-claire-baglin.html?m=1
Pour ma part, ce roman se veut largement autobiographique.
Dans le premier récit, des souvenirs de famille, des petits bonheurs simples et des tracas y font la part belle sur fond tragi-comique.
Le second récit est riche en descriptions et jargons propres aux enseignes de restauration rapide. Plus qu'un langage technique, il est question d'un dialecte managérial majoritairement anglicisé.
D'une certaine façon, l'histoire met en lumière la toxicité de certaines méthodes de gestion appliquées comme il est d'usage dans ce type d'établissement. Par exemple, lorsque la manager, la 'mana', en plus de réprimander son équipière devant tout le monde, jette sa glace par terre. Bien que le geste soit anodin (ou pas!!) cela laisse des traces. Pas que sur le carrelage.
À lire si vous voulez vivre une expérience professionnelle dans une enseigne de restauration rapide comme si vous y étiez :-)
Ce sont deux histoires parallèles et qui se font écho que nous offre ce premier roman.
Tout d’abord, il y a la narratrice enfant et sa famille : un frère et des parents de condition modeste. Le père bosse à l’usine, il en revient épuisé par les cadences et les horaires décalés mais reste fier de son travail. Le fast-food, c’est la sortie récompense après avoir trimé toute la semaine et la narratrice en garde un souvenir émerveillé malgré la précarité de la famille.
Dans l’autre histoire, il est toujours question de fastfood, mais le rêve a disparu. Bienvenue dans le monde des cadences infernales, des ordres absurdes, des humiliations et autres mesquineries quotidiennes entre employés. La narratrice doit s’adapter à ce monde déshumanisé, sachant que ce n’est que le temps d’un job d’été.
Avec des phrases courtes et percutantes, à l’image du travail cadencé, l’autrice nous fait entrer de plain-pied dans l’univers du travail répétitif et abrutissant. Que ce soit l’usine ou le fastfood, le travail est peu valorisant, sans avenir, et les petits chefs font la loi à coup de brimades .
Si le récit, prodigue en descriptions, est écrit avec une précision chirurgicale, on sent tout du long la violence sous-jacente. Il y a une colère contenue, en sourdine, dans ce monde où on doit obéir et se taire tout en bossant. C’est une fresque impressionnante et efficace comme une machine bien huilée qui décrit par le menu le travail précaire et mal payé.
On trouve un peu plus de douceur et d’illusions dans les souvenirs d’enfance sans que cela gomme les difficultés de la vie d’une famille ouvrière.
Le récit très réaliste est bien documenté, il y a du vécu, cela se sent. Par contre, je ne suis pas arrivée à m’attacher aux personnages submergés par leur quotidien et dont les relations restent en surface.
C’est une lecture intéressante où le style s’accorde bien au propos mais qui reste plutôt sombre et peu réjouissante.
Tout cela est très bien vu : le père, figure importante, qui ne se sent nulle part à sa place sauf dans sa maison dans une famille à l'ancienne : le canapé, la télé et le travail harassant pour lui et les tâches ménagères pour elle, et dans son travail, vingt ans dans la même boîte et une médaille méritée. Le premier fastfood est pour lui une découverte, une aventure : il ne sait où aller, quoi commander, il ralentit le rythme, se fait houspiller, s'énerve. Claire Baglin raconte la vie d'une famille modeste et la découverte par la jeune fille, la narratrice lorsqu'elle entre au lycée, d'un autre monde plus aisé, socialement plus enviable et sa difficulté à y entrer et à cacher le sien non pas par honte mais parce qu'elle craint d'être jugée. Et si mes années lycée sont très loin, cela résonne en moi encore aujourd'hui et éveille quelques souvenirs pas très heureux, enfant de la cité -pas la même ambiance qu'aujourd'hui, mais quand même la cité-, un peu renfermé qui découvre un autre monde et ne s'y sent ni bien ni accueilli -mais sans doute n'a-t-il pas permis un autre accueil.
L'autre partie du livre s'intéresse aux travailleurs de fastfoods : l'obéissance absolue, le dos rond devant les remarques des manageurs et des clients-rois pas toujours aimables et parfois même méprisants. La répétition des gestes, l'angoisse de trouver une tâche lorsqu'on est de service de salle et que celle-ci s'est vidée, car l'antienne de ces restaurants combat le désœuvrement. Les coups durs aux heures des repas surtout lorsqu'il manque du personnel, les heures supplémentaires, les sonneries à tout-va pour la friteuse, pour la pointeuse... Le bruit incessant. L'aliénation au travail : surtout ne plus penser, travailler, répéter les gestes mécaniquement.
Claire Baglin écrit un texte fort dans ses deux thématiques, sans effets, sans artifices. Le style est direct, descriptif, c'est entre les lignes qu'on lit les sentiments, les émotions de la narratrice. Les amateurs de fastfood, après cette lecture, ne devraient plus regarder les employés de la même manière.
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