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Cécile Ladjali.
: Quelle pourrait être, de nos jours, la fonction du professeur ? George Steiner : Un certain martyre. Sans aucun doute, il y a des difficultés, des souffrances, des collapses. En Angleterre, il y a une grande vague de suicides chez les enseignants : ce n'est pas une blague. Mais c'était déjà le cas du chahut à mon époque et dans le grand roman de Louis Guilloux, Le Sang noir, le chahut qui tue. J'ai toujours dit à mes élèves : " On ne négocie pas ses passions.
Les choses que je vais essayer de vous présenter, je les aime plus que tout au monde. Je ne peux pas les justifier. " [. ] Si l'étudiant sent qu'on est un peu fou, qu'on est possédé par ce qu'on enseigne, c'est déjà le premier pas. Il ne va pas être d'accord, peut-être va-t-il se moquer, mais il écoutera. C'est ce moment miraculeux où le dialogue commence à s'établir avec une passion. Il ne faut jamais essayer de se justifier.
Ce dialogue entre Cécile Ladjali, jeune agrégée de lettres, enseignant dans un lycée de la banlieue parisienne, et George Steiner, érudit et professeur de réputation internationale, est l'occasion d'un échange réconfortant sur l'indispensable recours aux classiques, la pratique d'une pédagogie de l'exigence, le bonheur d'enseigner et de recevoir.
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