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Ce microcosme sociétal est une petite merveille. Une déambulation urbaine, claquante dont on apprécie chaque trait de caractère. C’est une plongée dans une contemporanéité avérée. D’une justesse d’analyse hors pair. Ces morceaux d’architectures sont tels, que l’on est projeté dans ce qu’Amandine Dhée regarde, ressent et dénonce. Dans une double lecture toujours de haute voltige. Elle passe au crible les mouvances d’une ville. Les aberrations, les faux-semblants. Nous sommes dans un livre blanc dont Amandine Dhée rassemble l’épars, liant fédérateur. Les clefs dans sa main, elle ne cède rien. L’écriture est un palais d’honneur. « Sous nos pieds ça vit. » « Les gens des villes s’enfouissent sous les trottoirs pour arriver plus vite… Le métro elle me dit, c’est des yeux endormis sur un magazine people, c’est des odeurs d’aisselles, c’est ma voix qui ne sourit pas. C’est cette femme et ses enfants. » Visite chez une vieille femme : lien social décortiqué, acide et implacable, Amandine Dhée ne lâche rien. Altière et observatrice des maladresses et du bien-pensant de tout à chacun. « -Élise, tu vas halluciner, je suis allée voir la vieille dame qui mange des clous ! c’est mortel, il faut absolument que tu y ailles. -A moins que… » Satirique, saut dans la flaque d’un pragmatisme bancal et qui sonne faux, Amandine Dhée démonte un à un les diktats d’une société compromise par ses hypocrisies. « J’ai l’espoir qu’au bout de plusieurs vies, quand on aura bien trimé, qu’on se sera battu avec courage et dignité dans une pleine conscience des autres et du monde qui nous entoure, nous gagnerons l’ultime privilège de nous réincarner en ‘emoji’. » Crissant, sociologique, ce livre aux tracés multiples pointe du doigt là où ça fait mal. « Quand je suis arrivée dans le quartier, j’ai commencé par le boycotter. On m’avait dit qu’il était raciste. Tous les jours je passais devant sa vitrine. C’était rouge, c’était frais, c’était beau. J’ai fini par craquer. J’ai mauvaise conscience. Mais quelqu’un qui met de côté de la couenne de jambon pour votre chat, peut-il vraiment être raciste ? Malheureusement je connais la réponse et c’est pour ça que la vie est compliquée. » « Du bulgom et des hommes » est engagé, d’utilité publique, une urgence de lecture. La plus belle et allouée acclamation républicaine. Fière qu’il soit ici, dans mon antre. Ce livre est la pierre angulaire d’une littérature indispensable, une conférence à ciel ouvert. Publié par les majeures Éditions La Contre Allée.
Un livre jubilatoire ! L'écriture d'Amandine Dhée est vivante, imaginative, mouvante, pleine de trouvailles rigolotes et poétiques... et offre une palette extraordinaire de sensations et d'émotions. "Du bulgom et des hommes" n'est pas un roman, ni un documentaire, ni un essai, ni... On n'en finit pas de dire ce que ça n'est pas ! Sous forme de textes brefs qui sont autant de "zooms", l'auteure observe, un peu comme sous un microscope, les comportements et la vie en milieu urbain. L'air de rien, avec un humour décapant, elle nous invite à nous poser et à regarder, à réfléchir à ce que l'on est, à ce que l'on fait. Ce n'est pas triste mais teinté d'une douce mélancolie parfois. Mais oui : c'est "ainsi que les hommes vivent". Je conseille vivement de découvrir Amandine Dhée et ce bulgom qui "empêche de se faire mal" !
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