Dernière escale avant la lune propose un caléidoscope de femmes et d'hommes qui face à l'adversité, vacillent et résistent, doutent mais s'insurgent. L'autrice plonge dans l'intimité de ses personnages pour révéler ce qui les tient debout : une sourde obstination à ne pas se laisser enfermer et à reprendre leur chemin. Ailleurs. En tant qu'auteure, Stéphanie Mangez a signé une dizaine de pièces de théâtre et une création radiophonique. Comme comédienne, elle arpente depuis une décennie les scènes théâtrales Elle a aussi cofondé deux compagnies de théâtre et une résidence d'écriture.
Les recueils de nouvelles font partie de mes lectures régulières. C’est pour cela que mon blog s’est enrichi d’une catégorie supplémentaire intitulée "Nouvelles" sous la rubrique livres. Ce n’est certes pas "Dernière escale avant la lune" de Stéphanie Mangez qui va l’inaugurer – 14 titres sont déjà répertoriés – mais il sera en bonne place.
Si je relatais toutes les qualités que j’attribue aux ouvrages de la maison d’édition Quadrature, j’aurais l’impression de me répéter. Et pourtant, à chaque sortie, j’ai envie de dire la même chose, de saluer la qualité d’écriture de l’auteur(e), mais aussi celle de l’objet, soignée, travaillée, où l’esthétique le dispute à la littérature. Mais revenons précisément à Stéphanie Mangez et son regard acéré sur nos – je dis bien nos car chacun de ses personnages nous ressemble– petits travers, nos manières d’agir, nos façons parfois de dévier de la route que nous avions souhaitée. Elle étudie avec une grande acuité le moment de bascule face à un événement, celui où l’on accepte, ou pas, celui où on résiste, où l’on claque la porte, celui où l’on refuse de suivre un chemin qui n’est pas celui choisi.
Il y a dans cette collection de petits morceaux de vie, des hommes et des femmes. Il y a Claire et sa grossesse à interrompre qu’elle se décide enfin à annoncer lors d’un dîner en famille. Il y a celle qui se décide, aussi, un soir, à quitter son mari, son bourreau "Tu passes en revue les années à user le canapé de la psychiatre pour sortir de ta position de victime. Les séances pendant lesquelles tu refusais d’enlever tes lunettes de soleil qui masquaient le coquart…" Il y a Julien qui, après avoir longtemps tout supporté de sa supérieure, "…refuse de collaborer." Et puis il y a Luna et sa maman et Nils, cet enfant qui n’est plus et dont Florence ne parle pas "Tu as deux enfants , maman ! Deux ! Tu n’es qu’une menteuse, rien qu’une menteuse." …
Il y a ainsi seize petites histoires, magnifiquement racontées, seize tranches de vie, seize destins. L’écriture est magnifique de simplicité, de sensibilité, de finesse. Les souffrances sont abordées délicatement, dites avec pudeur, parfois juste évoquées. Un vrai bonheur de lecture.
J’ai beaucoup aimé.
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