La spécificité de la démocratie chez Claude Lefort est que pour la première fois dans l''histoire, « le lieu du pouvoir devient un lieu vide ». Il y a là chez Lefort le renversement de la conception classique de la démocratie définie comme le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Par comparaison au totalitarisme, le lieu du pouvoir démocratique marque la rupture avec la représentation du pouvoir comme matérialisé dans un organe dirigeant, où à la limite, investi dans un individu, spécialement dans la figure d''Egocrate, le dirigeant suprême, supposé capable de concentrer en lui toutes les forces de la société. Pour Lefort, l''espace démocratique se définit par l''affirmation des droits de l''homme; tandis que le totalitarisme se définit par la négation des droits de l''homme. Mais la démocratie au service de la liberté illimitée des individus, sans fondement éthique et sans souci de l''autre ne fait-elle pas dériver nos sociétés vers un relativisme moral? C''est contre cette dérive que le Christianisme se révèle être le garant de la dimension éthique dans la constitution et dans l''évolution de la démocratie.
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