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Norbert Paulini, antiquaire à Dresde, est réputé dans toute l'Allemagne de l'Est pour son flair en matière de livres anciens et rares. Les amoureux de la littérature savent qu'ils peuvent toujours dénicher de nouveaux trésors sur ses étagères.
Mais après la chute du Mur à l'automne 1989, la politique envahit tout, les clients se font rares, et la concurrence d'Internet apparaît. Paulini a beau résister pour sauver l'oeuvre de toute une vie, une sorte de noirceur obscurantiste semble s'emparer de son âme.
Comment un humaniste se change-t-il en réactionnaire - ou plutôt en révolutionnaire ? Et dans quelle mesure peut-on se fier au conteur de cette histoire ?
Traduit de l'allemand par Alain Lance et Renate Lance-Otterbein « Ingo Schulze est un grand écrivain. » Günter Grass « L'angle mort d'un récit, c'est celui de son narrateur - et celui de son lecteur. C'est ce que nous démontre Ingo Schulze sans étalage. » Bayern 2
Les feuilles allemandes me donnent aujourd’hui l’occasion de mettre en avant un auteur allemand contemporain, Ingo Schulze, né en 1962 en RDA, et dont un certain nombre d’ouvrages est déjà accessible au public francophone. Son dernier roman, De braves et honnêtes meurtriers nous compte l’histoire d’un libraire de Dresde, Norbert Paulini, qui se radicalisera vers l’extrême-droite après la chute du Mur…
« Chacun devait un jour décider comment il souhaitait vivre. Lui avait choisi l’existence la plus intense et la plus agréable possible pour quelqu’un, une existence de lecteur. »
Quel régal que de s’immiscer dans ce livre ! Les premières pages ne peuvent qu’interpeller le passionné de livres ! Le magasin de Norbert Paulini à Dresde est le lieu de rendez-vous des amoureux du livre qui parcourent parfois de grandes distances pour y accéder. On s’imagine clairement le genre de personne qu’est Norbert Paulini : méticuleux à l’extrême, inflexible aux changements, un vrai connaisseur de la littérature qui vit un peu hors du temps en RDA. On suit son parcours, de l’enfance en passant par le service militaire, jusqu’à l’ouverture de son magasin de livres anciens.
Les éléments extérieurs ne semblent pas avoir prise sur lui ; la chute du communisme, qu’il accueille positivement, n’y fait d’ailleurs pas exception.
« Pendant cet automne, Norbert Paulini demeura en retrait, c’est-à-dire qu’il ne prit pas part à la révolution. Dès que le discours tournait au politique, il semblait s’ennuyer. Il considérait qu’au mieux c’était une perte de temps et au pire un sacrifice absurde. De toute façon, rien n’allait changer. Il ne ferait pas le plaisir à l’Etat de se jeter dans la gueule du loup et de mettre en danger sa librairie. Il n’y avait d’avenir que pour son propre royaume. Et cet avenir, il était en train de le créer lui-même avec les moyens dont il disposait. »
Rester en dehors du monde n’est toutefois pas toujours possible et Paulini voit la fréquentation de son magasin diminuer. Ses livres attirent moins, et les clients se tournent désormais davantage vers les livres de cuisine ou les guides touristiques. Obligé de chercher un autre emploi, de déménager, il se rapproche des milieux d’extrême-droite, rejetant sa déchéance sur l’afflux de population étrangère.
« On avait beau tourner cela dans tous les sens : de même qu’il avait ignoré l’Etat auparavant et mené l’existence d’un dissident, il était à présent un vrai dissident. Sauf que l’Ouest punissait par d’autres moyens l’entêtement et l’indépendance. »
Voici ainsi résumée la première partie du livre, la plus longue. La seconde change de narrateur : un dénommé Schultze (à rapprocher de l’auteur du livre), qui connaît bien Paulini explique qu’il écrit justement sur l’ancien libraire. Le lecteur comprend rapidement que la première partie correspondant au livre de Schultze. Enfin, la troisième partie, plus courte, laisse la place à une autre narratrice, qui travaille dans la maison d’édition qui doit publier le livre de Schultze… Vous l’aurez compris, l’auteur joue avec le lecteur en proposant ces trois parties assez différentes, par leur longueur mais aussi, du moins c’est mon avis, par leur intérêt. Je dois dire que j’ai énormément apprécié la première partie, la vie de Paulini, ce rapport aux livres aussi. Au détour des pages, on croise des écrivains classiques comme von Kleist, Gottfried Keller ou encore Karl Gutzkow, dont les écrits font partie des trésors de la librairie d’antiquité et qui sont autant de suggestions pour les participants des Feuilles allemandes !
L’auteur lui-même est né à Dresde, ville de culture mais aussi ville où sont nés les rassemblements de PEGIDA (groupe d’extrême-droite se réclamant contre la lutte de l’islamisation de l’Occident). Or, on saisit trop peu de choses des mécanismes qui ont conduit à la radicalisation de Paulini. De plus, le choix narratif a plutôt tendance à casser le rythme du texte vers la fin. Ce sont mes deux réserves sur ce titre. Signalons que De braves et honnêtes meurtriers a reçu des éloges importants en Allemagne de la part des critiques et des lecteurs. Mon avis un peu plus mitigé ne doit pas vous éloigner de découvrir Ingo Schulze, et ce livre ne manque pas de qualités pour cela.
https://etsionbouquinait.com/2023/11/19/ingo-schulze-de-braves-et-honnetes-meurtriers/
Il était une fois la RDA et Norbert Paulini, né parmi les livres rares et anciens, élevé parmi ces mêmes livres rares et anciens et pour lesquels il reprit le flambeau de sa mère trop tôt morte : bouquiniste à Dresde ! Sa renommée s’étendit et sa boutique considérée comme un espace de liberté subversive !
Intransigeant sur la question de la littérature et des livres anciens, les temps modernes ne figuraient pas dans son échelle d’intérêt et la chute du Mur de Berlin ne fit que le repousser dans ses extrêmes !
La réunification vida sa boutique, exacerba son rejet de toutes les nouveautés mais aussi de remise en question et le poussa à la radicalisation.
Une première partie en biographie de Paulini, la seconde fait apparaître l’auteur de cette biographie et une éditrice de l’ouest et c’est à partir de là que j'ai un peu perdue car je n’ai pas saisi où celui-ci voulait nous emmener ! Même si l’écriture m’a beaucoup plu, je suis passée à côté d’une bonne partie du livre et même en lisant les chroniques de celles et ceux qui ont beaucoup aimé, je n’ai toujours pas saisi le vœu d’Ingo Schulze.
Il y a des moments et des thèmes propices et d’autres pas !
#Debravesethonnêtesmeurtriers #NetGalleyFrance
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