Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Artie, qui vit dans une pauvreté extrême, essaie de ne pas s'enfermer dans le désespoir et la solitude. Il rencontre Jolene, mère célibataire d'un enfant malade, contrainte de trouver de l'argent pour le soigner en essayant de garder sa dignité - "quand on est une fille, y a plus beaucoup de moyens respectables de se faire de l'argent". De leur rencontre naît une association bancale, qui permet à Richard Krawiec de faire le portrait d'un monde souterrain que le rêve américain a laissé sur le bord de la route. Il nous oblige à regarder en face ceux que l'on fait semblant de ne pas voir quand on les croise tous les jours, en allant au travail ou en se promenant dans les rues. Dandy est un livre dur, qui attaque frontalement la misère du nos sociétés contemporaines. Cependant, la grâce de l'écriture de Richard Krawiec lui évite de sombrer dans le voyeurisme, lui permettant au contraire de poursuivre son exploration de la face honteuse de la société de consommation américaine, de creuser ces deux personnages complexes, partagés entre espoir et résignation.
Découvert dans le cadre du Prix du Meilleur Polar des Lecteurs de Point, Dandy est un roman noir sur les dérives d’une société qui oublie certains des siens sur le bas-côté de la route.
Richard Krawiec situe son roman, « Dandy » dans l’Amérique des laissés pour compte, celle où l’opulence, la richesse et l’espoir existent, mais manifestement pas pour tout le monde. L’autre face du rêve américain en somme. Le décor est planté, et les deux acteurs principaux sont désarmants de sincérité et sans doute de naïveté, mais ils voudraient tant s’en sortir malgré tout. Artie, est un quasi SDF qui traine dans les bars les soirs de grand froid, voleur à la tire à ses heures, il cherche des combines ou des cambriolages faciles pour subsister. Jolene ne sait plus comment faire pour nourrir Dandy, son bébé de deux ans, elle n’a jamais travaillé et vivote comme elle peut. Chacun pense que sa vie est plutôt ratée, mais ne sait pas comment faire pour que ça s’arrange.
De combines en espoirs inutiles, ils vont finir par se rencontrer et tenter de vivre ensemble. Et après tout si c’était la solution, ne pas être seul ou mal accompagné, mais trouver dans celui qui vous ressemble un espoir de vie meilleure, à partager les galères, se tenir chaud et se comprendre, se parler, se réchauffer avec quelques verres de whisky qui rendent parfois la vie meilleure. C’est ce qu’ils essayent de faire, mais après des enfances difficiles et des débuts dans la vie complétement ratés, ils sont totalement inadaptés face aux bases même d’une vie de famille : avoir un travail, élever un enfant, entretenir une maison. Jusqu’au jour où dans la boite à lettre arrive une proposition de vente en time-sharing, et avec ce courrier l’espoir suscité par les cadeaux donnés à chaque visiteur. Dans leur grande naïveté, Jolene et Artie vont rêver l’impossible. Mais tout ne va pas se passer comme ils rêvaient et les évènements vont s’enchainer pour le pire plus que pour le meilleur.
Ecrit dans les années 80, « Dandy » aborde de nombreux thèmes toujours d’actualité : l’inceste, l’abandon par le père, la prostitution, le manque d’éducation, l’alcool comme seul soutient, la rue pour seul repère, l’assurance maladie qui ne prend pas en charge les soins des plus pauvres, enfin, le sort qui s’acharne parfois sur ceux qui démarrent aussi mal dans la vie. De magouilles en défaites, il y a bien peu d’espoir pour Artie et Jolene. C’est noir et sombre. Les scènes sont parfois très visuelles, décrites dans leur moindre détail, comme un film que l’on verrait se dérouler sous nos yeux. Le lecteur assiste impuissant à l’inexorable descente vers le néant.
Dandy de Richard Krawiec : une plongée dans les années Reagan aux États-Unis avec Jolene et Artie, deux paumés qui cherchent à s'en sortir.
[...]
Jolene et Artie sont des laissés-pour-compte du libéralisme sauvage des années 1980, où, plus que jamais, tout s’achète, tout se vend, même la vie humaine. Nés dans la merde, sans amour et sans reconnaissance, ils sont sans cesse à la dérive, enlisés dans une reproduction sociale dont il est presque physiquement et mentalement impossible de sortir.
Tandis que Jolene, désespérée, semble s’excuser d’exister aux yeux méprisants, Artie est plein de rage de prouver au monde sa valeur. Qui a fait d’Artie un délinquant ? Lui-même ? Sa famille ? La société ? Ne méritent-ils pas eux aussi le bonheur matérialiste que vend le capitalisme ? Combien vaut la vie humaine ? Jusqu’où peut-on aller pour survivre ?
Cette rage qu’Artie porte en lui, c’est la rage de tous les pauvres, de tous ces adultes qui n’ont jamais vu la couleur du rêve, qui n’ont eu que des illusions et des déceptions.
Dandy incarne la violence du capitalisme exacerbé des années 1980 et qui ne cesse aujourd’hui de faire des ravages dans le monde entier. Il incarne le rêve matérialiste où il faut consommer pour ne pas être considéré comme un raté, où il faut posséder à l’excès jusqu’à ne même plus désirer posséder. Un texte à la fois beau et violent, perturbant, dont la portée dépasse les quelques personnages de ce roman, publié par une toute jeune et prometteuse maison, les éditions Tusitala, dont les livres sont si jolis !
L'article entier sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/dandy-richard-krawiec-a108601212
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Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
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