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«Est-ce qu'on peut éviter les peines, la mélancolie, ce qui se répète, tous ces chagrins qu'on se trimballe et qu'ensuite on se transmet, est-ce qu'on peut les remiser, sous des pulls trop grands, dans les bras d'un amour de passage ou dans les mots qu'on écrit, est-ce qu'on peut seulement faire comme si cela n'existait pas ?»Dans ce roman intime et fragmentaire, Lisa Balavoine raconte sa mère, cette femme insaisissable avec qui elle a grandi en huis clos. Une femme séparée, qui rêve d'amour fou, écoute en boucle des chansons tristes et déménage sans cesse, entraînant sa fille dans une vie tourmentée. Entre fascination et angoisse, l'enfant se débat auprès de cette figure parentale attachante, instable, qui s'abîme dans le chagrin, laissant ceux qui l'aiment impuissants. En choisissant de s'éloigner, la fille devenue mère ne cessera d'être rattrapée par les fantômes de son passé. Jusqu'à quand ?Histoire d'un amour filial empêché, Ceux qui s'aiment se laissent partir est un récit à fleur de peau sur le poids de l'héritage, mais aussi un livre de réconciliation où l'autrice adresse à sa mère les mots lumineux que celle-ci n'a jamais pu entendre de son vivant.
Ceux qui s’aiment se laissent partir, parce que c’est parfois la meilleure chose à faire. Accepter l’autre tel qu’il est, fantasque et libre, tourmenté et rêveur.
Dans ce récit intime et sincère, Lisa Balavoine revient sur son enfance auprès d’une mère qui lui échappe. Instable et insaisissable, en proie à la joie comme à la mélancolie, elle élève sa fille avec autant d’amour que de chaos.
Avec un style d’une pureté rare, ce livre est une très belle réussite. Il est le récit de la lumière, mais aussi des ténèbres. Celui des peines et des réconciliations. Celui de la résilience, celui qui prouve que l’on peut s’éloigner pour apprendre à revivre. Car souvent, il faut accepter que l'héritage familial se porte et s'emporte avec nous, peu importe le poids…
@lecturesauhasard
Ceux qui s’aiment se laissent partir
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« Elle est étendue, elle semble apaisée. Je ne sais pas quoi faire pour vous. » C’est le message que reçoit la narratrice de la part du médecin de sa mère pour lui annoncer son décès. « Je ne comprends rien, sinon que tu es morte. »
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Dans un long monologue, Lisa, la fille, s’adresse à sa mère qui vient de mourir. Retour sur une enfance chaotique, marquée par une profonde solitude, par des rapports mère fille compliquée et par des charges bien trop lourdes pour de frêles épaules d’enfant. « Tout commence avec toi, dans tes pas dans ton regard, comme si rien n’avait existé avant notre duo. Nous deux depuis toujours». Une relation fusionnelle mais aussi dysfonctionnelle qui laissera des traces indélébiles sur la femme qu’elle deviendra. Car comment se construire en étant tout à la fois aimée et rejetée, en étant la témoin silencieuse des excès et de la folie, en tenant le journal de la dérive de sa propre mère. Comment grandir sereinement quand « chaque jour pèse une année entière »?
Un de ses échappatoires sera de devenir mère à son tour. Quitter sa mère pour « ecrire une nouvelle histoire, pour repartir de zéro, inventer un autre commencement, devenir la matrice », mais difficile de remplir ce rôle quand cet enfant est une fille, quand même en adoptant une attitude aux antipodes de sa mère, on se reconnaît dans la tristesse de son adolescente. Quand on garde en soi un fond de culpabilité sur ce nécessaire abandon. Alors écrire devient une évidence et les mots source d’apaisement.
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Journal de deuil, ce roman est le récit délicat d’une reconstruction, une thérapie pour exorciser ses peines, pour trouver l’apaisement après des années d’amour et de douleur. Je goûte peu au style de l’auto fiction, mais je me suis laissée embarquer par ce texte et j’ai ressenti une profonde empathie pour l’auteur, pour la petite fille malmenée, pour la mère désemparée et par l’orpheline inconsolable. Par touches successives, avec des mots simples, elle se livre à coeur ouvert et pourtant j’ai trouvé beaucoup de pudeur dans ses mots, peut être parce que c’est avant tout un déchirant cri d’amour pour cette maman pas comme les autres. Un texte intime et émouvant, des mots bouleversants de détresse et de sincérité. Un roman magnifique qui m’a beaucoup touchée. Merci les fées des @68premieresfois pour cette jolie découverte.
«Ceux qui s'aiment se laissent partir» de Lisa Balavoine
Roman avril 2022 paru aux Editions Gallimard
J'ai souvent pleuré au cinéma mais jamais, enfin si, une ou deux fois à la lecture d’un livre*
Je vous aime plus que je ne vous en veux Lisabumblebees -nom de code sur Instagram-
Merci infiniment pour ce texte intime, touchant, troublant, emprunt de poésie… tout ce que j’apprécie en littérature.
«Tu n'étais pas la mère que j'attendais. Je t'ai couru après, espérée, redoutée. J'ai passé mon enfance à quémander ton amour, et ma vie d'adulte à le refuser.»
J’aurais tellement aimer savoir écrire et lire votre dernier chapitre à ma propre mère… merci de "me" l'avoir écrit,
je le lui lis doucement dans ma tête mais à voix haute car moi non plus, «Je ne comprends pas qu'on utilise le mot disparition pour parler d'un décès. Tu n'as jamais été aussi présente, tu n'as pas disparu. Pour la première fois peut-être, tu m'apparais.»
autres extraits qui achèveront de séduire tous les lecteurs sensibles :
«les souvenirs s'attachent à nous bien plus qu'on ne tient à eux. (...) nous collent à la peau et, comme une encre sympathique, ils reviennent quand nous croyons les avoir effacés.»
et de les combler:
« (…) Ou est-ce ce qui n'a pas encore eu lieu, et qu'on attend ?
J'ai l'impression que tout en moi tourne autour de ça, la disparition, le manque. (…)
« Des fantômes nécessaires » aurait pu être aussi le titre de ce récit intime.
Ou ceux qui sèment?
«Je souhaite garder une trace de ce qui n'a jamais été là. »
« Je me tiens devant la porte close. Longuement. Cela fait tant de bruit, son silence, cela fait tant de bruit que j'en reste étourdie. »
«Est-ce qu'on peut éviter les peines, la mélancolie, le vide, ce qui se répète, tous ces chagrins qu'on se trimbale et qu'ensuite on se transmet (…) ?»
Enfin, dernier extrait
«On pose des mots sur les disparus comme s'ils pouvaient les protéger, les contenir, les conserver intacts. »
A vous maintenant de choisir les vôtres!
*des larmes sur l'essai "Avec toutes mes sympathies" d'Olivia de Lamberterie peut-être sur des pages de Romain Gary..
«Un roman-photo aux couleurs fanées»
Lisa Balavoine revient à la littérature blanche avec un émouvant roman qui retrace sa relation avec sa mère. Une histoire d’amour déchirante, un hommage sincère à travers trois générations de femmes.
C'est l'histoire d'un lien invisible, parfois très ténu, qui relie une fille à sa mère. Un lien indissoluble qu'explore Lisa Balavoine avec autant de franchise que de sensibilité dans son second roman.
C'est lorsqu’on lui annonce que sa mère est morte, dans la violence du choc, le maelstrom d'émotions et d'interrogations, que naît ce besoin de retrouver cette femme. Mais connaît-on vraiment sa mère? Que savons-nous de ce que fut sa vie avant qu'elle ne puisse nous prendre dans ses bras? Après avoir à son tour fondé une famille? Et même durant la période de cohabitation, année après année, l'image qui se construit de cette femme n'est-elle pas déformée?
Au moment de convoquer les souvenirs, de raconter cette personne née et décédée un 7 juillet, il est bien difficile de faire le tri entre les odeurs et les couleurs, les lieux et les objets, les paroles et les actes. C'est sans doute cette accumulation qui est le plus touchant dans ce récit. Des jeunes années où, après le départ du père, la mère devient par la force des choses l'être le plus important – celui qu'il est hors de question de partager – jusqu'à ce moment où à son tour elle met au monde une fille, devient à son tour mère, que se construit cette relation unique. «Les souvenirs s’attachent à nous bien plus qu'on ne tient à eux. Ils sont dans l'air qu’on respire, dans ce fruit dans lequel on mord, dans la poussière qu’on piétine sans s'en apercevoir. Les souvenirs nous collent à la peau et, comme une encre sympathique, ils reviennent quand nous croyons les avoir effacés. Ils se superposent et nous recouvrent. Les souvenirs sont des vêtements posés sur nous dont les bords usés s’effilochent au fur et à mesure qu'on tire dessus. Difficile de savoir où et quand il faut couper le fil.»
Il reste alors la chaleur d'un corps qui vous fait une place dans son lit, la mauvaise foi affichée après un accident de voiture causé par une étourderie, les petits mots d'excuses inventées et qui sont autant de preuves d’amour et de complicité, quelques chansons fredonnées des centaines de fois comme Dis-lui de revenir de Véronique Sanson (voir playlist ci-dessous), les vacances en camping en Bretagne, les hommes qui passaient sans laisser de trace, les courses dans la grande salle attenant à son bureau qui devenait alors salle de jeu quand elle n'avait d'autre choix que d'emmener sa fille avec elle au travail. Et dans ce tourbillon de la vie, avec cette mère divorcée, l’envie d’appuyer sur la touche pause. «Toi et moi ne vivons qu'un brouillon d’existence dans des appartements où nous ne nous installons jamais. Chez nous tout va trop vite, la voiture, la musique, les jours et les nuits. Je me revois espérer que nous aurons nous aussi une maison, de l’espace, du temps. Un jour, nous aurons une vie normale.»
Mais les semaines passent avec leurs rituels, une petite sœur arrive et avec elle l’enfance qui s’en va. L’alcool et les cigarettes commencent à marquer le visage, à transformer le corps de sa mère et leur relation. «Je n’invite personne, j'ai honte de cet immeuble, des gamins qui squattent en bas, et surtout j’ai honte de toi, pour la première fois, je veux que personne ne te rencontre, que personne ne te voie. J'ai honte de ressentir cela.» Quelque chose se casse et à nouveau, on voudrait refaire l’histoire, ne pas croire que Bonjour tristesse, le roman de Françoise Sagan qui traîne sur la table serait un bon titre pour sa vie.
Si les mots de Lisa Balavoine touchent au cœur, c’est parce qu’ils sonnent toujours juste, parce qu’ils sont vrais, parce qu’ils sont sincères jusque dans la souffrance.
«Un jour tout ça s’en va, l'inquiétude, la peur, la honte, les regrets, l'odeur d’une peau et même le son d’une voix, un jour on ne sait plus où tout a disparu. Le manque d'amour comme le reste, l'attente devant l’école le soir, la crainte quand au matin elle n’était pas là, la colère de la voir dans de pareils états, un jour tout devient moins vivace et plus supportable, on efface, on oublie, c’est comme ça. La vie a ceci de surprenant qu’elle nous apprend à composer avec ce qui nous manque. J'ai une mère, mais je fais souvent comme si je n'en avais pas.» C’est beau comme une chanson de Ferré.
Les trois parties qui composent le roman et qui racontent la fille et sa mère, puis la fille devenue à son tour mère et qui regarde ses enfants et enfin la mère cherchant cet autre mère pour enfin la laisser partir sont autant d’histoires d’amour. Belles, cruelles, puissantes et déchirantes. Un «roman-photo aux couleurs fanées» qui dresse aussi, à travers trois générations de femmes, un portrait de la France au tournant du XXIe siècle.
https://urlz.fr/joTZ
Premier roman que je lis de cette auteure, et je dois dire que je suis sous le charme de ce récit fragmenté narrant l’émancipation d’une jeune femme.
Par petites touches, la narratrice nous fait découvrir son adolescence sans père et auprès d’une mère alcoolique qui en veut à la terre entière.
J’ai aimé le regard que l’adulte pose sur son enfance et sa jeunesse, ses relations conflictuelles avec sa mère, sa propre vie avec des enfants.
Le texte m’a parlé, parfois.
Si le titre me restera en mémoire, je ne suis toutefois pas certaine qu’il en sera de même pour le reste du roman.
L’image que je retiendrai :
Celle de la narratrice qui fait souvent référence à la carapace de la tortue, carapace qu’elle-même s’est forgée pour pouvoir avancer.
https://alexmotamots.fr/ceux-qui-saiment-se-laissent-partir-lisa-balavoine/
Apres Eparse, j'attendais avec impatience le deuxième opus de Lisa Balavoine.
Peut être j'en attendais trop, peut être j'avais encore un souvenir trop vif de Eparse, bref je suis un peu déçue.
Attention, Ceux qui s'aiment se laissent partir est un très bon roman intime qui tisse les liens mère-fille-petite fille par touches, sans rien cacher des violences que l'on peut s'infliger au sein des familles mais par moi ça n'était pas le moment.
Nulle doute qu'il trouvera ses lecteurs et lectrices.
COUP DE COEUR
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2022/05/ceux-qui-saiment-se-laissent-partir-de.html
" Ces mots que tu ne liras pas sont pour toi." - " Peut-être qu'on en finit jamais d'essayer de vivre."
A vingt-cinq ans, sa mère a tout plaqué, partant avec Lisa, quatre ans, sous le bras. Commence alors pour la petite fille une vie dans un tourbillon. Tout va trop vite, les déménagements se succèdent "je change souvent d'école. Je ne me fais pas d'amis. Je n'ai que toi." Lisa a la sensation de vivre un "brouillon d'existence" dans des appartements où elles ne s'installent jamais. Une vie en huis-clos auprès d'une mère instable avec des hommes qui ne sont que de passage car aucune des histoires d'amour de sa mère ne durent jamais.
Dans ce roman Lisa Balavoine s'adresse à sa mère en se souvenant de son enfance jusqu'à son départ de la maison, une fuite "en lambeaux" pour ne pas sombrer à son tour. Elle raconte sa mère fantasque en recherche permanente de l'amour passionnel, son parcours de femme, de sa liberté revendiquée jusqu'à sa chute dans la dépression et l'alcoolisme. Elle raconte leur relation, les années de fusion de l'enfance "Nous ne sommes qu'une même personne. Tu n'as que moi et je n'ai que toi" jusqu'à l'inversion des rôles lorsque sa mère perd pied, lorsqu'à quinze ans elle devient "le second adulte du foyer". Elle raconte comment la dérive de sa mère a, à un moment, entraîné la sienne avec boulimie, mal de vivre, excès, envie que "quelque chose bouge", idées morbides "Je me sens appelée par le vide, le vide que notre vie trace autour de moi... La mort m'attire." Elle explore finement tous les sentiments qui l'ont traversée au fil des années, la fascination, l'adoration, l'inquiétude permanente "c'est l'inquiétude surtout dont je me souviens. Cette sensation de ne jamais être sûre de rien", le désarroi "je voudrais que quelqu'un te vienne en aide", la honte et la honte de ressentir de la honte, la colère.
Une colère qui restera sous-jacente au cours des vingt années suivantes, alors que devenue mère à son tour, elle vivra une relation à distance avec sa mère. Vingt ans de silence, de colère et de paroles balancées comme des coups. Une vie d'adulte marquée par l'obsession de ne pas être la même mère pour ses propres enfants, de ne pas reproduire " je lutte contre l'histoire d'avant", la peur d'avoir transmis le mal-être de sa mère à sa fille ainée. Une vie qui oscille entre culpabilité et peur de couper le lien, une vie où le manque est omniprésent.
La mort inattendue de sa mère un 7 juillet laisse Lisa à terre. Une mort sans qu'elles n'aient rien réglé, sans qu'elles n'aient eu aucune explication. La disparition d'une mère qu'elle ne connaissait finalement pas vraiment. Il lui faudra alors accepter l'idée qu'elles se sont manquées, qu'elle n'a pas pu la sauver ni comprendre pourquoi elle allait si mal "J'ai passé mon enfance à quémander ton amour, et ma vie d'adulte à le refuser."
Un texte intime d'inspiration fortement autobiographique sur la relation manquée de Lisa Balavoine avec sa mère et le deuil qui permet la réconciliation. Un roman qui n'a rien du règlement de comptes, un livre écrit pour "laisser une trace de ce qui n'a jamais été là" et surtout pour enfin laisser partir sa mère. Un texte constitué de courts paragraphes au gré de ses souvenirs comme des flashs, avec des phrases percutantes qui résument tout. Pas une page de trop, pas une phrase de trop, pas un mot de trop. Un condensé d'émotions sans une once d'impudeur. Il est facile d'imaginer comme l'écriture de ce texte a été bouleversante pour Lisa Balavoine, son histoire, ses mots justes et sincères ne peuvent que fortement émouvoir le lecteur.
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