"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le nouveau projet SF sur le thème de l'intelligence artificielle de Mathieu Bablet, l'auteur du best-seller Shangri-La, véritable coup de coeur des libraires et des lecteurs (106?000 exemplaires vendus, GFK) Un regard à la fois acerbe et juste sur des problématiques actuelles (crises écologiques, économiques et migratoires) par le prisme de l'Anticipation Même format, même fabrication (dos toilé) que Shangri-La Une histoire généreuse (272 pages) et auto-conclusive dans un format de luxe à petit prix (22,90 )
Quelle claque.... Wahouuu !!!
J'avais plutôt apprécié Adrastée, et Shangri-La, en restant malgré tout un poil sur la réserve, mais là je suis conquis. Si bien qu'après ma lecture empruntée en bibliothèque, j'ai couru corriger le tir en librairie.
L'album est très beau, avec des couleurs denses, profondes, somptueuses, comme ses prédécesseurs.
L'histoire, réflexion dystopique et poétique a réussi plus d'une fois à me surprendre, et je me suis assez vite attaché à ces robots enrichis de sentiments par l'IA.
Des 272 pages, rien à jeter, aucun temps mort, je laisse passer un peu de temps, et je vais probablement replonger pour les nombreux détails qui ont pu m'échapper et qui ressortiront mieux maintenant que j'ai fini ma lecture.
Je conseille en levant mes 4 pouces disponibles.
Et je vais vite m'intéresser à Midnight Order, que j'avais négligemment laissé de côté.
J'ajoute une chronique trouvée sur YouTube, à laquelle je souscris totalement.
À noter, une belle postface écrite par Alain Damasio, auteur SF français de 1er ordre, la Horde du Contrevent.
Carbone et Silicium sont deux androïdes qui, à peine créés, sont connectés à internet pour "avaler" tous les savoirs possibles. Amis et amoureux, ils cherchent à s'émanciper de leur créateur. L'un y parviendra, l'autre non. Nous les suivons alors sur près de 300 ans et assistons avec eux au déclin de l'humanité.
La réflexion est vaste : la place de la technologie, les écrans, l'attention donnée aux vivants, l'importance de l'écologie, le règne de l'individualité.
Ce fut une lecture triste et très touchante, parfois glaçante et qui invite forcément à la réflexion.
Il faut le lire en prenant son temps, cette bd est exigeante mais très belle.
Beaucoup de couleur, beaucoup de détails à explorer et une très histoire qui ne peut laisser indifférent.
Avec son roman graphique cyberpunk - Carbone & Silicium - Mathieu Bablet nous transporte dans son univers dystopique en partageant l'évolution sur quelques centaines années de deux Intelligences Artificielles.
Deux esprits torturés, l'un très attaché à Noriko l'humaine qui l'a créé, l'autre voulant en être totalement libéré…
Évidemment ici le trait est mouvement, on pourrait le lui reprocher, mais pour ma part j'ai trouvé qu'il se confondait parfaitement aux pensées torturées qui partent dans tous les sens, celles des I.A. et celles des humains de plus en plus robotisées au fur et à mesure que leur environnement devient lui-même apocalyptique…
Se connecter au flux de données devient une drogue, des corporations prennent le pouvoir, le monde tel que nous le connaissons se meurt…
Tout se joue entre courses effrénées de l'un et contemplation du monde de l'autre.
Il semble y avoir plus d'humanité entre ses deux intelligences que dans la société autour d'elles (peut-on appeler ça de l'amour ? Je ne pense pas mais c'est une forme d'engagement).
C'est une BD très dense, 272 pages tout de même, mais on ne s'ennuie jamais, il y a toujours quelque chose qui vient enrichir l'histoire, en même temps ça travaille sévère, j'étais un peu sur les nerfs en fin d'ouvrage !
Il y a quelque chose de poétique dans cette histoire, une mélancolie persistante… C'est en tout cas un travail somptueux de Mathieu Bablet.
Bienvenue dans le futur, où les robots sont tellement élaborés, qu’ils peuvent penser par eux- même. Carbone et Silicium incarnent donc ces robots nouvelles générations. Leur utilité? S’occuper de la population vieillissante toujours plus nombreuse. Enfermés dans le labo, leur soif de connaissance va les pousser à voir le monde extérieur. C’est ainsi qu’ils vont retrouver leur liberté et devenir des fugitifs.
Le scénario narre l’histoire de ces deux humanoïdes au fil des siècles. Ainsi, en tournant les pages, le lecteur se plonge dans le futur de l’humanité. Environnements hostiles, guerres, progrès technologiques et médicaux…rien ne nous sera épargné. À travers le récit de ces deux robots, Mathieu Bablet démontre la déchéance humaine, celle que l’on craint mais qui nous guette. L’auteur s’applique à nous faire réfléchir sur notre société actuelle et son futur.
Carbone et Silicium sont les deux personnages principaux de ce roman graphique. Ils incarnent des machines nouvelles générations. Très vite, on se rend compte que ces soi disant machine, montrent beaucoup plus d’humanité que certains personnages censés être humains. Les deux personnages évoluent ensemble au départ, mais, lors de leur fuite, leurs chemins se séparent. Néanmoins, ils se croiseront à de nombreuses reprises et c’est ainsi que le lecteur va découvrir leurs choix de vie et va voir évoluer leur relation pour arriver au superbe climax qu’est la fin de ce livre.
Esthétiquement, j’avoue en avoir pris plein les yeux. L’ensemble foisonne de détails sans pour autant être brouillon. Les traits sont fins et donnent un aspect délicat au dessin qui est parfois plutôt brutal. Les couleurs sont dans des nuances de marrons et de gris. L’ambiance est sombre mais colle parfaitement au propos. De plus, Mathieu Bablet s’est appliqué à créer des ambiances différentes selon les époques. Je suis franchement en admiration face à ce travail de titan mais également face au rendu magnifique.
Quel travail ! Déjà impressionné par Shangri-La, Carbone et Silicium est un album magnifique avec un graphisme très travaillé. On peut rester des minutes entières sur certains planches pour se plonger dans la scène et apprécier tous les détails.
Un voyage dans le temps, dans le futur, mais aussi en nous-même.
A lire absolument !
« Carbone 6 et Silicium 14 », quel drôle de titre ! Mathieu Bablet voudrait-il nous ramener sur les bancs du lycée et nous faire revoir la table de Mendeliev dans un ouvrage didactique ? Ouf … Heureusement non ! S’il est bien question de science dans cet album à la pagination plus que généreuse (près de 300p) paru chez Anakama éditions dans la collection « Label 619 » , le propos est bien plus vaste et cette somme est avant tout une histoire romantique, épique, philosophique, voire prophétique…
L’histoire commence dans un laboratoire de la Silicon Valley où des chercheurs viennent de donner naissance à deux robots. On le s connecte à internet pour les nourrir de connaissances et on les dote d’un corps et d’un nom : Carbone et Silicium. Plus tard ces intelligences artificielles vont s’échapper ou parvenir à s’émanciper de leurs créateurs, sillonner le monde et devenir les témoins de ce qui arrive au genre humain et à la planète.
La mise en page est très rigoureuse avec un lettrage identique à chaque début de chapitre qui indique date et lieu et un portrait pleine page de Carbone sous les traits de sa nouvelle « incarnation » afin de permettre au lecteur de se repérer. La finition est très soignée : dos toilé, papier épais et très beau rendu des couleurs.
Une histoire d’amour
Les protagonistes s’appellent Carbone et Silicium car ce sont deux éléments que l’on retrouve partout dans les squelettes de robots comme dans les circuits imprimés mais Mathieu Bablet a également choisi ce titre pour créer un nouveau couple de légende après « Adam et Eve », « Tristan et Yseult » ou « Romeo et Juliette ». Ainsi d’emblée apparaissent deux des dimensions de l’album : la SF et l’histoire d’amour.
Carbone et Silicium c’est un peu le Yin et le Yang : une femme/ un homme, une blanche/un noir (« pour satisfaire les réseaux sociaux et les médias de gauche » !), une optimiste / un fataliste, une affective/un rationnel, l’une qui privilégie l’enracinement et les liens sociaux, l’autre qui choisit la solitude et le voyage… Bablet ne donne raison ni à l’un ni à l’autre mais pousse paradoxalement le lecteur à questionner ainsi son propre rapport au monde.
On voit l’évolution des deux personnages grâce à la transformation de leur corps : au départ ils assouvissent différents fantasmes et stéréotypes : les savants dotent Carbone d’une poitrine extrêmement généreuse mais sont moins prodigues pour le sexe de Silicium ! Leur morphotype est imposé aux entités. Lors de sa réincarnation, Carbone a un corps « accidentel ». Ensuite, elle y fera un peu plus attention en se maquillant et en étant coquette par exemple mais elle s’empare de chaque occasion pour changer de corps et de genre jusqu’à l’oublier lorsqu’elle passe beaucoup de temps dans le réseau ; Silicium, lui, bricole et rafistole son corps. Il se l’approprie et y est attaché. C’est par cela que passe son émancipation. Mais au fur et à mesure les corps des AI se dégradent : cela signale le passage du temps et leur finitude. Le lien existant entre les deux robots est très bien rendu par le jeu des regards. Je trouve néanmoins que les personnages en général ne sont pas assez finis (souvent sans mains ni jambes) et que leurs traits sont grossiers, y compris ceux du couple de héros. Il semblerait que Silicium soit inspiré de Ryan Gosling … je ne l’aurais pas deviné !
Une dystopie alarmiste
En couverture de l’édition standard, un visage artificiel relié par des câbles apparait en gros plan. Ses yeux clos ne permettent pas de savoir si l’androïde est en veille ou pas encore opérationnel mais l’ensemble (qui rappelle à la fois un masque de No japonais et le graphisme de « Ghost in the Shell ») suggère une sorte de sagesse ancestrale et interroge sur la condition humaine en miroir.
L’histoire commence en 2045 et se termine 300 ans plus tard. C’est un récit d’anticipation qui projette les crises que devrait traverser le monde de demain : écologiques, économiques et migratoires. Ce n’est pas la première fois que ces sujets sont abordés mais Mathieu Bablet le fait sous un angle original (vu de façon distanciée par les AI). A travers le futur, il parle d’aujourd’hui. Ainsi le logo de la Tomorrow Foundation est inspiré de Twitter et Facebook. Les dangers des réseaux et du monde virtuel sont magistralement mis en scène dans l’invention « du Réseau » qui les résume et les amplifie. Toutes les pages qui y sont consacrées sont traitées dans des teintes marron et dorées, en négatif, avec une architecture particulière (bâtiments précolombiens ? escaliers labyrinthiques à la Escher) ? C’est très beau et très graphique et sort des sentiers battus.
J’ai bien aimé aussi la « machinalisation » des humains : la scène choc de la fin de vie de Noriko ou encore quand Carbone et Silicium sont poursuivis par une chasseuse de primes devenue presque bionique. Cela permet une réflexion à la fois sur la quête d’éternité et de performance au prix d’une déshumanisation (en dénonçant le rêve transhumaniste des GAFAM) et sur l’humanité, l’amour et la solidarité. Les deux robots par leur pudique histoire d’amour et par leur amour pour la Terre et les hommes apparaissent, en effet, finalement bien plus humains que la plupart des humains intéressés et non respectueux de la Nature décrits ici.
Une Ode à la planète
Ce n’est pas qu’une dystopie car on a aussi au gré des pérégrinations des héros un véritable hymne aux beautés de la planète. On a des moments de tension et d’autres contemplatifs. Cette variation de rythme est particulièrement intéressante. Le fait que le récit se déroule sur près de trois siècles crée du suspense : on ne sait ni dans quel pays, ni à quelle époque on va se retrouver du fait des ellipses et des ruptures entre les chapitres et ça fait aussi travailler notre imagination.
A part les scènes qui se déroulent dans le réseau, « Carbone & Silicium » se passe dans un univers très contemporain avec un dessin réaliste. Après le huis-clos de la station spatiale de « Shangri-la », son précédent opus, Bablet avait des envies de grands espaces et de suivre les errances de deux personnages sur le globe. Il voulait « faire vivre une expérience visuelle et sensorielle au lecteur ». Les décors et les paysages sont donc particulièrement soignés et réussis. La démarche empruntée par l’auteur ici n’est pas sans rappeler celle du cinéaste Yann Arthus Bertrand : célébrer tout à la fois la beauté de la planète et insister sur les dangers qui la guettent. On regrettera cependant que parfois ces magnifiques images soient parasitées par un discours redondant et des digressions philosophiques un peu longuettes. Mais on soulignera la grande richesse chromatique et les ambiances variées puisqu’on découvre plusieurs pays à des époques différentes. Les éclairages sont splendides également et les cieux à couper le souffle. Dans ces grandes cases et parfois ces demi-pages, Mathieu Bablet donne la pleine mesure de son talent … époustouflant.
« Carbone et Silicium » est donc un ouvrage foisonnant … peut-être un peu trop. J’aurais aimé que l’intrigue comme les enjeux soient un peu plus resserrés, que les dialogues soient élagués et les personnages plus soignés graphiquement. Il a été « oublié » de la sélection d’Angoulême mais a tout de même remporté en janvier dernier le prix Bd FNAC France Inter et cela n’est que justice car, malgré ses menus défauts, c’est un album somptueux et poétique qui pose de multiples questions essentielles et permet l’évasion tout autant que la réflexion.
❤️ Mathieu Bablet signe les dessins et le scénario de ce gros album : Carbone & Silicium.
L'histoire s'échelonne sur plusieurs années et décrit la création d'androïdes à l'IA sophistiquée, sur plusieurs "générations" tandis que l'humanité court vers sa perte.
[...] Les humains sont le vrai problème de la planète. La seule solution est de tous les détruire.
On plaisante.
Des androïdes auxquels le labo a fixé une DLE date limite d'existence de quinze ans. Une obsolescence programmée pour renouveler les machines au fil des générations successives.
[...] Comme un chat en gros.
L'histoire apocalyptique est aussi une love story entre deux robots qui va se compliquer lorsque l'un des androïdes, lassé des mondes virtuels, larguera ses attaches pour entreprendre d'explorer la planète, du Taj Mahal au désert de sel d'Uyuni. Cela nous vaut quelques belles planches.
Presqu'aussi belles que celles où Mathieu Bablet tente de représenter le réseau interconnecté comme une tour de Babel peuplée d'avatars fluides et éthérés.
Pour celles et ceux qui aiment les robots.
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