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Je prenais les clés de la Pontiac, je soulevais la bâche, la tirais sur le pavillon et m'installais à la place du conducteur, dans le noir. [...] Personne ne savait que j'étais là. Pour commencer j'aimais passer la main sur la jante du volant polie par les miles, caresser la contre-porte et son accoudoir tout en longueur, ensuite je donnais le quart de tour de clé qui me laissait un peu de latitude pour tourner les roues. Ça suffisait pour un gamin, c'était un jeu et rien de plus. C'est après que j'ai commencé à voyager sérieusement. dilettanten. (mot ital.). Personne qui s'adonne à une occupation, à un art en amateur, pour son seul plaisir. Personne qui ne se fie qu'aux impulsions de ses goûts. (Le Petit Larousse.)
Challenge 68premièresfois
Et voila ma dernière lecture de la deuxième sélection des 68premièresfois. Une découverte encore grâce à ce challenge.
Bonneville est un livre étrange et qui nous entraîne dans l’esprit un peu perturbé du narrateur. Un livre aussi avec une très belle couverture avec l’image d’une belle et rutilante Bonneville qui est une Pontiac. Mais la Bonneville, voiture du père du narrateur, est en piteux état et il va falloir lui trouver de nouvelles pièces détachées pour réussir à prendre la route et partir vers d’autres aventures. Mais notre étrange narrateur lui a beaucoup d’imagination et le soir, el simple fait de s’asseoir au volant de sa rutilante américaine lui permet de s’évader, sur les routes imaginaires avec une pépette sexy, of course. Mais notre narrateur a aussi une vie réelle et nous la raconte aussi. Une vie « normale », une description de la vie quotidienne dans les villes que l’on nomme moyennes ou périphériques : la sœur est caissière au petit supermarché à la sortie du village, lui est employé dans la station service de l’autoroute. Un road movie immobile ou sur les petites routes françaises, un roman social-familial et aussi un thriller car quelquefois notre narrateur se lâche, mais est ce seulement dans son imaginaire ou dans sa vie… Un livre politiquement incorrect qui nous entraine dans la vie réelle, la vie fantasmée et tout cela au volant d’une vielle Pontiac américaine, aussi belle que la couverture de ce premier roman.
« Même en rêve, on a rarement tout ce qu'on veut, il n'y a guère que les enfants pour s'imaginer le contraire. »
"Curieux", c’est le mot qui m’est d’emblée venu à l’idée pour qualifier "Bonneville", le premier roman de Laurent Saulnier.
Curieux parce que le personnage principal est une voiture. Oui, mais pas n’importe quelle voiture puisqu’il s’agit d’une Pontiac, sortie des ateliers de Détroit en 1969, une voiture de collection, donc. Curieux aussi le narrateur, second personnage principal, oui, on peut dire qu’il y en a deux. Son père lui a légué sa voiture, achetée sur un coup de tête. Bref, tout est curieux dans ce roman que j’ai pourtant lu facilement, rapidement et agréablement. Mais je digresse…
Il est vrai que cette voiture a de grandes qualités, huit cylindres en V, trois cents chevaux sous le capot et une jolie couleur crème. En un mot, ou en deux, elle est belle et puissante. Hélas, elle ne démarre plus et, pour la réparer il faudrait une somme d’argent conséquente. Quoi de plus simple, pour en trouver, que de tenter d’ouvrir d’autres voitures et de dérober le contenu de la boîte à gants. Oui, mais dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme on le souhaite et une fois la porte d’une BMW forcée – alors qu’elle n’était pas fermée – on assiste à un véritable effet papillon… je n’en dirai pas plus…Il serait, en effet, bien dommage de déflorer une intrigue aussi bien troussée.
Curieux, je l’ai dit. Curieux parce qu’il se dégage de ce roman à la fois de la violence et une certaine légèreté. Curieux parce que le personnage du narrateur, coupable de nombreux méfaits, semble étranger à tout ce qu’il produit de négatif. Curieux parce que quelque peu machiavélique. Malgré tous ses méfaits, je me suis sentie en empathie totale avec cet homme jeune qui vit plus dans sa tête que dans la réalité. Sa fragilité, son ambiguïté, voire le type de pathologie mentale que l’on devine au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire en font un être à part, à protéger, à entourer. Le roman est bien construit qui nous amène petit à petit à entrer dans sa tête, à découvrir les raisons de ses actes, à comprendre la réalité – ou pas – des autres personnages. Je ne suis pas tombée en amour de ce récit à la première ligne mais au fil des pages j’ai ressenti quelque chose de profond, de fort et m’y suis attachée. Et, même si l’écriture de Laurent Saulnier ne m’a pas totalement convaincue, j’y ai trouvé suffisamment d’imagination, d’originalité, de noirceur aussi pour apprécier une histoire qui, pour foutraque qu’elle est, met en évidence le lien puissant qui unit l’auteur à ce conducteur de voiture à l’arrêt. La tendresse n’est pas loin.
Décalé, isolé, le narrateur rêve sa vie plus qu'il ne la vit au volant de Bonneville, la Pontiac que son père lui a léguée, "modèle quatre portes sorti des chaînes en 1969, huit cylindres en V et plus de trois cents chevaux sous son long capot crème". Sauf qu'à quarante-cinq ans, Bonneville a des rides dans le moteur et des silences au démarrage. Pour la réparer et enfin partir, il faut du fric. Quoi de plus simple pour en trouver que de forcer la portière d'une voiture de luxe ? Mais ce n'est pas une enveloppe pleine de billets qui se trouve dans la boîte à gants... Comme une farandole de dominos qui s'écroulerait dès que le premier est tombé, les morts se succèdent. Et toujours, Bonneville offre sa ligne impeccable aux rêves les plus improbables...
C'était alléchant cette succession de meurtres provoqués dans la plus parfaite inconscience, avec une sorte d'innocence optimiste. Trop alléchant, peut-être ? Car je me suis plutôt ennuyée lors de cette lecture. Il m'a manqué la vivacité d'un Westlake, la fantaisie d'un Lansdale, le rythme d'un Léonard... L'histoire est originale mais la manière dont elle est traitée lui fait perdre pour moi, beaucoup de son intérêt. Je l'ai laborieusement lue et cela me laisse penser que l'écriture manque peut-être de fluidité, de légèreté, de ce je-ne-sais-quoi qui nous fait adhérer complètement à un univers et accéder à des émotions diverses. Bref je n'y ai pas trouvé mon compte mais cela ne doit en rien décourager les autres lecteurs car je suis persuadée qu'il y a là quelques petites choses auxquelles je n'ai pas été sensible.
« Bonneville a fêté ses quarante cinq ans cette année. Modèle quatre portes sorti des chaînes en 1969, huit cylindres en V et plus de trois cent chevaux sous son long capot crème jadis aussi brillant qu’un miroir impeccablement astiqué, au moins les jours de soleil. » Si cette voiture, totalement incongrue dans cette campagne française, joue un si grand rôle dans la vie du narrateur, c’est qu’il n’a quasiment plus qu’elle pour s’imaginer un avenir radieux. Son père, qui a fait la folie d’acheter ce véhicule consommant un maximum et qui n’a jamais vraiment fonctionné, est décédé. Sa mère n’a d’intérêt que pour ses poules et sa sœur s’active à changer d’amant presque comme de chemise.
Après une scolarité difficile, passée par un lycée technique où seul l’ami Albéric, qui s’amusait à trancher la tête des animaux qui croisaient sa route, le distrayait un peu, il a fini par trouver un emploi à la station-service de l’autoroute. Là il imagine la destination des clients qu’il croise et rêve de les rejoindre au volant de sa belle américaine. Mais pour cela, il faudrait réparer Bonneville et avoir davantage d’argent.
C’est à partir de ce constat que les choses vont commencer à se gâcher. Il pense avoir trouvé la solution en crochetant des voitures en stationnement et en dérobant leur contenu. Facile à dire, moins facile à faire. Le premier larcin est un… petit cercueil accompagné d’une menace de mort. Par un jeu de circonstances aussi cocasses que dramatiques, ce vol va l’entraîner à commettre un meurtre, puis un autre… Un engrenage dont il ne va pas pouvoir se sortir.
Laurent Saulnier réussit à nous faire aimer ce jeune homme à tel point qu’on lui pardonnerait même ses méfaits. Plus comédie dramatique déjantée que chronique de la misère sociale, son roman est une sorte de road-movie à la française. Sauf que la voiture ne fait que sortir du garage, que la grande évasion se limite à une virée chez le boucher de la ville voisine et que le grand amour n’est qu’un fantasme, une charmante jeune fille à la poitrine généreuse qui poserait ses pieds nus sur le tableau de bord et qui s’appellerait Julia.
Au fil des pages, on se dit que le pire est de plus en plus sûr. Ce qui ne nous empêche nullement de nous régaler à suivre les pérégrinations de cet assassin malgré lui. Un petit bijou loin du politiquement correct. Un vrai régal !
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