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Dans un pays asiatique imaginaire existe un programme gouvernemental connu sous le nom de «Battle Royale». Chaque année, une classe de 3e est choisie au hasard, emmenée sur une île coupée du monde, et les collégiens doivent combattre entre eux jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un survivant... Ceci afin de servir d'exemple à la population, à la jeunesse particulièrement, et aussi de recueillir des statistiques sur le temps mis par le champion à éliminer ses camarades. Version contemporaine survitaminée de Sa Majesté des Mouches, de William Golding, Battle Royale a défrayé la chronique à sa publication, avant de devenir l'un des plus grands best-sellers de l'édition nippone.
C’est en 2001 lors de sa sortie en salle que j’avais découverts Battle Royale avec le grand Takeshi Kitano dans le rôle du professeur Kitano que l’on retrouve sous le nom de Kinpatsu Sakamochi dans le roman. Ce film m’avait marqué à l’époque, car il me rappelait le chef d’œuvre de William Golding : Sa majesté les mouches. L’impact de ce film fut-elle qu’en 2006 je me jetais sur le roman enfin traduit et publié chez Calman-Levy et également sur la version manga publiée chez Soleil Manga. Bien plus tard en 2009, nous aurons la trilogie de Suzanne Colins : Hunger Games qui n’est pas sans rappeler Battle Royale.
Ce que j’aime dans l’ensemble de ces romans et surtout les deux premiers, ce n’est pas tant la violence, mais comment ils ont pu en arriver là, le contexte qui entraîne ce déchaînement de violence justifié par la survie et la peur de l’autre.
Dans un autre registre, Batte Royale me fait penser à la Vague de Todd Strasser qui trouve ses origines dans l’expérience de Stanley Milgram sur la soumission à l’autorité. Ce moment où le citoyen lambda glisse dans la violence et le meurtre se sentant légitimé par les autorités compétentes.
Une thématique complexe qui fait que je ne pouvais qu’apprécier un roman tel que Battle Royale. Le succès du film à entraîner une suite à laquelle je ne suis pas aussi enthousiaste.
Avant même d’écouter la version audio du roman, au contraire des mangas et suites diverses et variées que je n’ai pas cité, je savais à quoi m’attendre, mais la grande incognita était découvrir la prestation de la part de Fabian Finkels narrateur de ce livre audio de plus de 21 heures. Dès les premières minutes, on se rend compte, pour le plus grand bonheur de l’auditeur que Fabian a certainement vu le film ce qui se ressent fortement dans l’intonation et le jeu d’acteur, bien que le livre soit long et les noms japonais pas forcément évident à retenir, on reste aspiré par notre écoute avec ce côté japonais qui donne une impression de légèrement surjoué, mais qui est typique des films japonais.
Sur le blog: https://www.bouquinovore.com/2021/01/battle-royale-lu-par-fabian-finkels.html
On pourra dire que j'ai subi cette lecture. J'avais espéré une dystopie intelligente, socialement et géopolitiquement beaucoup plus détaillée, mais rien ou presque nous est fourni dans ce pavé. Il ne nous reste plus que la tuerie que ce livre cette quarantaine d'élèves.Et je dois dire qu'en plus de moments plutôt pathétiques, tout ceci devient vite redondant, et donc lassant. J'ai le vague souvenir d'un film bien meilleur.
Pour la classe de 3èB du collège municipal de Shiroiwa, ce qui aurait dû être un sympathique voyage scolaire se transforme en cauchemar lorsque, après avoir été endormis par un gaz, ils se réveillent dans une salle de classe inconnue devant trois soldats armés et un homme qui prétend être leur nouveau professeur principal. La surprise passée, s'installe la terreur. Leur classe a été choisie pour participer au Programme. Et le principe en est simple : ils sont 42 et à la fin il n'en restera qu'un. Lâchés sur une île déserte de la mer de Seto, ils ont pour seule consigne de s'entretuer...
Dans un Japon devenu La Grande République d'Asie, un régime totalitaire commandé par un Reichsführer, le Programme peut concerner à tout moment n'importe laquelle des classe de 3è. Les élèves sont alors isolés, souvent sur une île, armés et le cou enserré d'un collier explosif qui permet de les localiser et de les éliminer s'ils pénètrent dans une zone interdite ou si le commandant estime que le jeu traîne en longueur.
Bien sûr c'est un choc pour ces adolescents qui n'imaginaient pas devoir un jour faire du mal à un camarade de classe, un ami peut-être. Certains, naïfs, ne peuvent croire qu'un des leurs se prendra au jeu et pourtant, la 3èB du collège municipal de Shiroiwa n'est pas composée d'enfants de choeur. C'est une classe hétéroclite avec ses sportifs, ses geeks, ses mauvais garçons, et les filles ne sont pas en reste, parmi elles, certaines sont douces, amoureuses, bonnes élèves, d'autres sont plus délurées, pragmatiques, prêtes à tout pour sauver leur peau.
Car là est bien le problème auxquels ils seront confrontés : à qui se fier ? Quand les amis d'hier deviennent des ennemis sanguinaires, quand accorder sa confiance peut s'avérer fatal, on ne peut plus compter que sur soi-même et affronter son destin.
Parmi les élèves, Shûya Nanahara, sportif accompli et fan de rock américain, une musique jugée subversive par le pouvoir en place, imagine réunir ses camarades pour tenter d'attaquer les militaires qui les surveillent. Mais cela reste un vœu pieux et très vite les morts s'enchaînent. Pourtant, il réussit à retrouver la jolie Noriko dont son meilleur ami était amoureux et s'associe à Kawada, un nouvel élève venu de Kobé. Le trio ainsi constitué va essayer de survivre, porté par Kawada qui aurait LA solution pour s'évader de l'île. Mais pour cela il faut survivre au milieu des tirs, des attaques surprises, des trahisons, des faux rapprochements...
Souvent comparé à Hunger Games, Battle Royale est à la fois plus dur et plus fin que son célèbre successeur. Plus dur parce que le sang coule à flots, que les meurtres sont décrits avec minutie dans toute leur horreur, parce qu'il ne faut s'attacher à aucun personnage tant il est susceptible, bon ou mauvais, de se faire trucider la page suivante. Et plus fin parce que la psychologie des personnages est plus approfondie et les mécanismes de survie mieux analysés. C'est aussi un roman plus politique, un pamphlet contre le Japon, décrit comme une société obéissante, peu prompte à se rebeller contre les décisions iniques du pouvoir, un pays apte à basculer vers la dictature avec l'accord tacite d'un peuple de moutons.
Mais Koushun Takami sait doser ses effets et au milieu de toute cette noirceur il ménage à son lecteur des plages d'éclaircies illuminées par l'amour, l'amitié vraie et la possibilité pour chaque individu de rester humain et intègre en toute circonstance. Ainsi que de vraies pistes de réflexion sur les sentiments, la confiance, l'instinct de survie, le sens moral, la politique.
Même si le style n'est pas fabuleux, Battle Royale se dévore tout de même de bout en bout et réserve son lots de surprises jusqu'à la toute fin. Glaçant et réaliste.
Un cadeau de ma chère et tendre. Une réussite (du genre) cinématographique, une écriture particulière, très saccadé.
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