Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Lorsqu'on est quelqu'un de décalé, lorsque se sont répétées des situations où l'on s'est senti en porte-à-faux parce que l'on est quelque part en aspirant à un ailleurs ou parce que l'on est quelque part en venant d'ailleurs, on n'écrit pas seulement pour retrouver et rendre publics les méandres de son intériorité, on écrit aussi pour donner sens à ce décalage constamment revécu entre ses propres dispositions et la configuration des relations sociales de domination où l'on a eu à évoluer. L'autobiographie, point de vue nécessairement singulier, est alors un vecteur de compréhension non seulement de soi, mais aussi du monde.
À des siècles et des lieux de distance, d'étonnantes convergences se tissent entre les écritures de soi si différentes de Karl Philipp Moritz (1727-1793, Allemagne), Richard Wright (1908-1960, USA) et Assia Djebar (1936, Algérie). Les subjectivités tourmentées qui s'y exposent font valoir leurs expériences et leurs jugements en leur nom propre. Chacune revendique d'être entendue dans sa singularité et non comme exemplaire interchangeable d'un groupe, mais sans jamais renier les liens qui la rattachent aux membres opprimés de son groupe d'origine ni renoncer à son exigence critique.
L'écrivain nous donne à penser sur les dilemmes vécus aujourd'hui par tant d'individus ayant été, comme lui, des transfuges.
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