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Autobiographie d'une machine ktistèque narre la naissance, la vie et l'oeuvre d'Epikt (de son nom complet, Epiktistes, "celui qui crée"). Être mécanique que la mécanique ne circonscrit pas, entité pensante qui englobe toutes les consciences, Epikt, unique et multiple, a été conçu pour apporter La Réponse à l'humanité, sinon l'incarner. Que, dans leur infinie sagesse, les hommes sachent quelle est la question, c'est une autre histoire...
Elle vit le jour dans le très vénérable Institut pour la science impure, et ses parrains furent aussi nombreux qu'exceptionnels : Gregory Smirnov, géant au petit pied ; Valérie Mok, mystère de vif argent, dont la couleur des yeux reflète les émotions ; Aloysius Sheplap, le génie mythomane qui se croit machine, premier concepteur d'Epikt et seul humain capable de la comprendre ; Glasser, dont les inventions sont géniales, alors que lui pas du tout ; Gaëtan Balbo, le grand roi sans couronne, au rire "à faire cailler le sang" ; feu Cecil Corn, fantôme qui n'existe pas ; et quelques autres, vivants ou morts. Ainsi entouré, Epikt le versatile est paré pour explorer et déchiffrer le monde puis nous révéler à nous-mêmes. Tout en ne cessant d'affirmer sa supériorité, Epikt cherche à connaître ceux qui lui sont inférieurs, sans le moindre jugement moral. Peu à peu, elle apprend à aimer les hommes, malgré leur infériorité et leur tendance à se lancer dans des projets qui ne mènent nulle part...
Le récit construit par la machine et lu par les pauvres êtres que nous sommes ne peut que résister à nos tentatives de compréhension d'une logique supérieure : recherches étymologiques, créations de "prolongements" protéiformes afin de découvrir le monde et ceux qui l'habitent, dialogues avec les membres de l'Institut qui peuvent traiter aussi bien de théologie, de morale, de science ou de l'amour entre les machines et les hommes... Telle est la trame d'une narration toujours changeante, reflet des préoccupations diverses d'un être s'interrogeant sur sa propre nature et sur son lien avec l'univers, et qui pose la question des limites de la science et de sa recherche de connaissance : celle des hommes et des possibilités de leur quête du savoir, d'êtres dont la folie est avérée tout au long du récit.
Oeuvre de création pure, l'autobiographie d'Epiktistes nous laisse à nos interrogations. Réfutant par son propos même jusqu'à la possibilité d'une quelconque résolution, ce roman est une oeuvre en cours de création, construite au fil de la pensée de la machine, un monde illogique, absurde et désarticulé, mais où s'épanouit la vie, cette grande question. Fantômes et démons, humains et machines, chacun est livré à lui-même afin d'apprécier le monde, sans que les raisons et les fins de ce dernier ne puissent être révélées.
Multipliant les expérimentations, Lafferty fouille l'absurde sans relâche pour y dénicher du sens et du non-sens (pas de hiérarchie, chez lui, entre les deux). Franc-tireur absolu de la SF, Lafferty propose avec Autobiographie d'une machine ktistèque, étonnant mélange d'érudition et d'espièglerie, une singulière métaphore de la création et l'un de ses romans les plus extrêmes.
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