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Une cinquantaine de chroniques, dont plus de la moitié inédites, sur les errements de la littérature scientifique cette littérature dite « primaire » (l'auteur ne dira pas le contraire) qui hélas, échappe au commun des mortels. Ni dénonciation de ce qu'aucuns ont pu identifier comme une « croissance de la bêtise dans le monde savant », ni simples billets d'humeur, ces chroniques pointent cette forme particulière d'étrangeté et de drôlerie qu'ont les recherches si spécialisées qu'elles en viennent, bien malgré elles, à se couper de la réalité et du bon sens le plus élémentaire.
Le minet déminé
Problème : vous êtes allergiques aux chats (éternuements, nez qui coule, yeux rouges sont les symptômes courants de cette pathologie) mais vous ne pouvez pas vous passer de la compagnie de ces adorables bêtes. Solution : vous montez une entreprise dont l’unique objet sera de mettre au point le chat génétiquement modifié qui ne fait pas tousser ni se moucher. Vous disposerez ainsi du compagnon idéal et, de surcroît vous pourrez en vendre quelques-uns à un bon prix.
C’est ainsi qu'en 2001 Jackie Avner et son mari David ont créé aux Etats-Unis la société Transgenic Pets, afin de développer, élever et commercialiser « the world’s first allergen-free cats ». Ils se sont assurés le concours d’un éminent spécialiste. Un contrat en bonne et due forme a été signé, puis les Avner sont partis à la chasse au capital-risque. Car produire le minet déminé est un peu coûteux : 2 millions de dollars.
La recette du matou hypoallergénique est d’une grande simplicité, au moins sur le papier. C’est une protéine sécrétée par la peau du chat (baptisé Fel d1) qui provoque les allergies. Il suffit dont de neutraliser le gène qui produit cette protéine pour rendre l’animal inoffensif. Cela se fait en deux temps. D’abord, avec des techniques classiques de recombinaison génétique, on introduit dans des cellules de peau des copies défectueuses du gène en question. Puis on insère ces cellules modifiées dans des cellules embryonnaires, et le reste repose sur des techniques de clonage. Ensuite, il n’y a plus qu’à laisser grandir les chatons, en espérant que la modification génétique se transmettra à leur descendance. Voilà !
Donc, les époux Avner sont partis en quête d’argent pour produire leur super-minet. La presse, apprenant la si jolie nouvelle, s’est mise à ronronner à l’unisson. Un nombre considérable d’articles ont été écrits. Les associations de défense des animaux ont poussé les cris de protestation de rigueur : était-il bien éthique de trafiquer des chats juste pour le confort de leurs maîtres ? Des scientifiques se sont interrogés. Nul ne savait en quoi la fameuse protéine était utile au chat. Si c’était un agent anti-bactérien, ne risquait-on pas de rendre le chat vulnérable ?
Puis, le matou miraculeux se fit oublier, car Transgenic Pets prévoyait au moins deux ou trois ans de travail avant d’en montrer la queue d’un. Fin 2003, on s’inquiéta de ne rien voir venir, et c’est au détour d’un site web que l’on apprit que le projet avait été purement et simplement abandonné. Raison officielle : les investisseur s’étaient défilés. Le marché du chat était pourtant alléchant, selon les Avner. 10 % des gens sont allergiques aux minous, ce qui fait un paquet de clients potentiels. Mais qui était prêt à payer 1000 dollars (prix affiché) pour un chat génétiquement modifié ?
Les gens estiment sans doute qu’il est plus simple -et gère plus coûteux- d’aller chez un allergologue suivre une cure de désensibilisation. Les chats doivent nourrir un sentiment similaire.
Extrait de l’excellent livre : « AU FOND DU LABO A GAUCHE »
d’Edouard LAUNET (Le Seuil 2004) (ou la science par l’absurde).
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