Le parcours de Victor, un jeune homme qui tente de s'extraire de la violence subie depuis l'enfance
À 17 ans, Victor fuit un quotidien d'une violence absolue. Sans argent, sans liens, sans but, sans aide de quiconque, il court dans Paris jusqu'à l'anéantissement, la souffrance. Il fera des rencontres, se mettra à l'épreuve, défiera sans cesse la mort pour se réapproprier son corps et son passé.
« Courir déterminé, en un bloc solide, résistant. Se faire violence, serrer les dents, plisser les yeux, broyer l'asphalte.
Courir vite, sentir la vie, maintenir l'urgence, ne jamais ralentir, jamais faiblir. Respirer fort, mécaniquement, trois inspirations, trois expirations, toujours, même dans les montées. Sentir qu'on brûle, qu'on arrache cette chose, qu'on tient bien là, doigts moites, mains tremblantes. Cette chose qu'on serre, qu'on use, qu'on épuise, ce corps qu'on purge, que diable peut-il contenir pour qu'on l'éprouve ainsi ? J'avance dans les quartiers nord de la ville. Mes cuisses sont en vrac. Mes genoux, pareil. Je ne m'arrête pas. J'abîme la douleur. Dans l'aube naissante, la brume se dissipe sur l'eau du canal. J'ignore combien de temps encore je vais pouvoir tenir comme ça. »
Le parcours de Victor, un jeune homme qui tente de s'extraire de la violence subie depuis l'enfance
Un adolescent court jusqu’au bout de ses forces dans les rues de Paris. Chaque foulée l’éloigne de la peur et de la violence paternelle, celles qu’il subit désormais seul depuis que sa mère s’est enfuie, elle, en mettant fin à ses jours. A sa course succède une errance désespérée, heureusement piquetée de rencontres auxquelles s’accrocher : juste de quoi reprendre souffle, avant d’affronter le destin, et, peut-être, l’infléchir…
Alignant ses phrases courtes, sèches et nerveuses, en un staccato enfiévré, le texte épouse le rythme de la course et plonge d’emblée le lecteur en apnée, dans un tourbillon de panique et d’urgence dont on perçoit avant tout qu’il relève du pur instinct de survie chez le narrateur. Littéralement aux abois, le jeune homme ne semble plus avoir que la force de son dernier réflexe : fuir, le plus vite et le plus longtemps possible. Courir, sans savoir où, mais ne jamais s’arrêter, car où se cacher, quand on est gibier livré sans défense au chasseur ? Flashes et réminiscences, tous aussi fulgurants, laissent peu à peu entrevoir les contours de la maltraitance et de la violence, les traces d’un calvaire enduré jusqu’à ce que mort s’ensuive pour la mère, et, il s’en est fallu de peu, quasiment aussi pour le fils.
Traqué par un homme rendu fou et incontrôlable par les échecs et l’alcool, le narrateur n’est plus qu’adrénaline alors qu’il ne sait plus où se jeter. Heureusement, si la rue est pleine de dangers pour les âmes errantes, elle est aussi le lieu où la solidarité entre déshérités peut s’avérer décisive. Et il faudra bien la discrète mais solide empathie de deux autres laissés-pour-compte, pour qu’enfin la fuite puisse cesser, puis, peut-être, l’existence revenir sous contrôle, après de profondes ellipses qui laisseront libre cours à l’imagination du lecteur.
Matthieu Zaccagna signe un premier roman impressionnant de maîtrise et de puissance. Pas un mot de trop dans ce texte réduit à l’os, où tout – rythme, style, nuances et non-dits -, porte une œuvre originale, intense et particulièrement évocatrice du carcan de peur, de solitude et d’impuissance des victimes de violence familiale. Que de profondeurs derrière tant de concision !
Victor, à peine majeur, court dans les rues de Paris. Il a passé son enfance en Normandie et est venu avec son père depuis peu à Pantin. On sent, on sait que quelque chose s'est passé, on le comprendra, on le devinera au fil des pages, d'abord par petites touches, puis plus clairement, lorsque toutes ces petites touches se rejoindront.
Les coureurs -dont je fus brièvement et toute performance très éloignée de mes objectifs- courent souvent pour évacuer le trop-plein. De stress, d'angoisse, de travail, les deux premières souvent causées par le troisième. Courir pour oublier. Pour avoir quelques minutes de tranquillité. Pour mettre le cerveau au repos. Et si pour Victor, c'était le contraire. Courir pour sentir, pour se souvenir, pour faire le point sur son histoire et puis, pouvoir passer à autre chose. Et il court, Victor. Il rencontre Rachid, et Justine, et Azzedine et Kadidja qui l'aident, le maintiennent.
Ce court texte de Matthieu Zaccagna, son premier roman, est haché, tendu, à vif. Il suit la course de Victor, ses prises de risque. Il raconte le pire, l'indicible et le narre pourtant. C'est puissant, rapide. Un rythme et un style qu'on peut ne pas aimer. Personnellement, j'aime beaucoup lorsqu'ils collent parfaitement à l'histoire. Saccadé, comme les pas de course, les sauts. J'avais noté quelques extraits à citer, mais ils disent trop de ce qui se passe dans le roman et je n'ai pas envie de le déflorer, je ne cite donc pas, je laisse le plaisir de la découverte.
Asphalte est un premier roman choc. Avec des phrases courtes Matthieu Zaccagna martèle son récit au rythme des foulées de Victor, un jeune de 17 ans qui court jusqu’au bout de ses forces. Il court jusqu’à ne plus pouvoir, sans but jusqu’à ce qu’il ait trop mal. Il court pour canaliser sa violence. Il court pour endiguer la haine. Il court pour oublier. Il est indifférent aux dangers, limite suicidaire. Le passé lui revient par bribes, la brutalité du père, la mère sous influence, l’enfance à Fécamp, la déscolarisation, la dame en noire qui aurait pu ….
Dans sa course folle il rencontre un autre jeune, perdu comme lui, qui parcourt Paris la nuit sur son skate. A eux deux ils bravent tous les dangers dans des courses effrénées. Il se crée une nouvelle famille.
De son style prometteur l’auteur martèle ses mots en phrases courtes comme Victor martèle l’asphalte urbain. C’est un récit court, haché mais puissant. Un écrivain à suivre !
https://ffloladilettante.wordpress.com/2022/10/04/asphalte-de-matthieu-zaccagna/
#Asphalte #NetGalleyFrance
Sélection 2022 des 68 Premières Fois
Quelle claque !
Encore un livre qui démontre que des émotions fortes peuvent nous terrasser en une centaine de pages. Qu'un sujet lourd peut être traité en peu de mots, avec une grande pertinence.
L'écriture de Matthieu Zaccagna est percutante. Elle ne nous laisse pas reprendre notre souffle...
Comme Victor, 17 ans, qui court pour échapper, à son passé, ses souvenirs, ses émotions, sa souffrance...
Des phrases parfois très courtes.
Des chapitres qui le sont aussi.
Difficile de sortir de cette course effrénée, qui nous bouscule, nous bouleverse...
C'est un texte d'une justesse impitoyable.
Pas de fioritures inutiles.
Mais quelle intensité !
Un roman court, qui frappe dès les premières phrases par le rythme, celui des mots qui se calent sur les foulées, rue après rue, parfois dopées par la folie d’un skateur, toujours guidée par l’ivresse, de la vitesse, du danger, de la souffrance, pour en masquer une autre, insidieuse, inéluctable, celle de la haine d’un père à moitié fou.
Les mots sont là pour conjurer la peur, pour dire une histoire, hélas recommencée, et les ruses dérisoires pour s’en protéger.
C’est à demi-mot, au gré du récit des distances courues que la tableau se construit, et que l’indicible se dit.
Récit puissant, marquant, qui prouve s’il en était besoin la force de l’écriture pour se reconstruire malgré des fondations fragiles et douloureuses.
Premier roman qui révèle une force d’écriture, à suivre.
Dans une fuite en avant, Victor, un adolescent au parcours chaotique, cours dans les rues de Paris. Il essaye en vain de se débarrasser de son passé, et notamment d’un père pour le moins toxique, afin peut être de s’inventer un avenir.
« Asphalte » est un vrai roman coup de poing qui ne laissera aucun lecteur indemne. Il est très rythmé et l’emporte sans lui laisser le temps de reprendre son souffle à la suite du narrateur. L’écriture de Matthieu Zaccagna est impressionnante, sèche et nerveuse, et parvient à restituer de façon magistrale la détresse ressentie par cet adolescent consumé de l’intérieur par ce père destructeur dont il reconstitue au fil des pages le passé. Le résultat est une fuite en avant effrénée à la fois pour s’évader et pour évacuer son mal être dans la course, effort physique en même temps que source d’émotions fortes lui permettant de se sentir vivant. Le tout entrecoupé de rencontres marquantes avec d’autres personnages également bien marqués par la vie. Et le lecteur de reposer le livre le souffle coupé avec l’impression d’avoir accompagné le héros dans tout son parcours physique.
Un livre réellement impressionnant !
D’entrée de jeu, Matthieu Zaccagna happe le lecteur et l'accroche au skate de Victor, jeune de 17 ans, qui risque sa vie à chaque course sur le bitume parisien à toute vitesse.
On comprend vite qu’il s’agit de survie pour fuir les sales coups du quotidien et surtout ceux donnés par son père. La violence est omniprésente à chaque page, où l’on redoute le coup fatal. L’auteur nous transmet l’adrénaline de Victor pour affronter tous les dangers et obstacles avec courage. Comment échapper à la normalité de la violence, des menaces et de la peur ?
Ce livre court se lit à toute vitesse et sans aucune pause de respiration. En première approche, il fait mal par son agressivité.
Si l’on domine l’horreur permanente des violences subies, Matthieu Zaccagna nous interroge sur le quotidien de ceux qui ne connaissent que les modes survie et urgence et cherchent à se créer une famille autour d’une planche de skate.
Un livre fort et dérangeant à l’écriture rythmée et maitrisée pour un premier roman.
M. Matthieu Zaccagna offre aux lecteurs avec son premier roman « Asphalte » un texte court et percutant.
Victor est un jeune fugueur, qui doit courir sans s’arrêter, fuir dans les rues parisiennes, s’échapper d’un passé glauque dont on apprend par petites touches l’horreur (cette mère noyée dans l’alcool puis disparue, ce père aux vaines ambitions littéraires et tyran domestique), échapper aux dangers de l’asphalte et des mauvaises fréquentations, se souvenir de cette dame en noir qui l’a aidé, trouver refuge chez un travesti qui écoute du jazz, et enfin dévaler des pentes avec Rachid, avec qui peut-être arrivera la rédemption.
Il y dans ce livre une écriture sensible et poétique et qui rend grâce à ses personnages cabossées par de terribles destins, dont l’auteur ne nous livre qu’une esquisse, à la fois délicatement dessinée et brutale comme un tag aux couleurs criardes sur un mur de béton.
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