Le parcours de Victor, un jeune homme qui tente de s'extraire de la violence subie depuis l'enfance
Le parcours de Victor, un jeune homme qui tente de s'extraire de la violence subie depuis l'enfance
Un adolescent court jusqu’au bout de ses forces dans les rues de Paris. Chaque foulée l’éloigne de la peur et de la violence paternelle, celles qu’il subit désormais seul depuis que sa mère s’est enfuie, elle, en mettant fin à ses jours. A sa course succède une errance désespérée, heureusement piquetée de rencontres auxquelles s’accrocher : juste de quoi reprendre souffle, avant d’affronter le destin, et, peut-être, l’infléchir…
Alignant ses phrases courtes, sèches et nerveuses, en un staccato enfiévré, le texte épouse le rythme de la course et plonge d’emblée le lecteur en apnée, dans un tourbillon de panique et d’urgence dont on perçoit avant tout qu’il relève du pur instinct de survie chez le narrateur. Littéralement aux abois, le jeune homme ne semble plus avoir que la force de son dernier réflexe : fuir, le plus vite et le plus longtemps possible. Courir, sans savoir où, mais ne jamais s’arrêter, car où se cacher, quand on est gibier livré sans défense au chasseur ? Flashes et réminiscences, tous aussi fulgurants, laissent peu à peu entrevoir les contours de la maltraitance et de la violence, les traces d’un calvaire enduré jusqu’à ce que mort s’ensuive pour la mère, et, il s’en est fallu de peu, quasiment aussi pour le fils.
Traqué par un homme rendu fou et incontrôlable par les échecs et l’alcool, le narrateur n’est plus qu’adrénaline alors qu’il ne sait plus où se jeter. Heureusement, si la rue est pleine de dangers pour les âmes errantes, elle est aussi le lieu où la solidarité entre déshérités peut s’avérer décisive. Et il faudra bien la discrète mais solide empathie de deux autres laissés-pour-compte, pour qu’enfin la fuite puisse cesser, puis, peut-être, l’existence revenir sous contrôle, après de profondes ellipses qui laisseront libre cours à l’imagination du lecteur.
Matthieu Zaccagna signe un premier roman impressionnant de maîtrise et de puissance. Pas un mot de trop dans ce texte réduit à l’os, où tout – rythme, style, nuances et non-dits -, porte une œuvre originale, intense et particulièrement évocatrice du carcan de peur, de solitude et d’impuissance des victimes de violence familiale. Que de profondeurs derrière tant de concision !
Victor, à peine majeur, court dans les rues de Paris. Il a passé son enfance en Normandie et est venu avec son père depuis peu à Pantin. On sent, on sait que quelque chose s'est passé, on le comprendra, on le devinera au fil des pages, d'abord par petites touches, puis plus clairement, lorsque toutes ces petites touches se rejoindront.
Les coureurs -dont je fus brièvement et toute performance très éloignée de mes objectifs- courent souvent pour évacuer le trop-plein. De stress, d'angoisse, de travail, les deux premières souvent causées par le troisième. Courir pour oublier. Pour avoir quelques minutes de tranquillité. Pour mettre le cerveau au repos. Et si pour Victor, c'était le contraire. Courir pour sentir, pour se souvenir, pour faire le point sur son histoire et puis, pouvoir passer à autre chose. Et il court, Victor. Il rencontre Rachid, et Justine, et Azzedine et Kadidja qui l'aident, le maintiennent.
Ce court texte de Matthieu Zaccagna, son premier roman, est haché, tendu, à vif. Il suit la course de Victor, ses prises de risque. Il raconte le pire, l'indicible et le narre pourtant. C'est puissant, rapide. Un rythme et un style qu'on peut ne pas aimer. Personnellement, j'aime beaucoup lorsqu'ils collent parfaitement à l'histoire. Saccadé, comme les pas de course, les sauts. J'avais noté quelques extraits à citer, mais ils disent trop de ce qui se passe dans le roman et je n'ai pas envie de le déflorer, je ne cite donc pas, je laisse le plaisir de la découverte.
Asphalte est un premier roman choc. Avec des phrases courtes Matthieu Zaccagna martèle son récit au rythme des foulées de Victor, un jeune de 17 ans qui court jusqu’au bout de ses forces. Il court jusqu’à ne plus pouvoir, sans but jusqu’à ce qu’il ait trop mal. Il court pour canaliser sa violence. Il court pour endiguer la haine. Il court pour oublier. Il est indifférent aux dangers, limite suicidaire. Le passé lui revient par bribes, la brutalité du père, la mère sous influence, l’enfance à Fécamp, la déscolarisation, la dame en noire qui aurait pu ….
Dans sa course folle il rencontre un autre jeune, perdu comme lui, qui parcourt Paris la nuit sur son skate. A eux deux ils bravent tous les dangers dans des courses effrénées. Il se crée une nouvelle famille.
De son style prometteur l’auteur martèle ses mots en phrases courtes comme Victor martèle l’asphalte urbain. C’est un récit court, haché mais puissant. Un écrivain à suivre !
https://ffloladilettante.wordpress.com/2022/10/04/asphalte-de-matthieu-zaccagna/
#Asphalte #NetGalleyFrance
Sélection 2022 des 68 Premières Fois
Quelle claque !
Encore un livre qui démontre que des émotions fortes peuvent nous terrasser en une centaine de pages. Qu'un sujet lourd peut être traité en peu de mots, avec une grande pertinence.
L'écriture de Matthieu Zaccagna est percutante. Elle ne nous laisse pas reprendre notre souffle...
Comme Victor, 17 ans, qui court pour échapper, à son passé, ses souvenirs, ses émotions, sa souffrance...
Des phrases parfois très courtes.
Des chapitres qui le sont aussi.
Difficile de sortir de cette course effrénée, qui nous bouscule, nous bouleverse...
C'est un texte d'une justesse impitoyable.
Pas de fioritures inutiles.
Mais quelle intensité !
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