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« Il y a des chagrins insurmontables que le temps n'efface pas. Non pas qu'on ne le veuille jamais, mais parce que le déchirement, l'absence, la douleur, liés à l'extrême proximité, sont plus forts que le reste. » Depuis son premier livre phénomène, Laure se partage entre ce Paris flamboyant qu'elle aime tant où elle côtoie journalistes, auteurs, politiques, et la Grande Maison de la douce tante Marthe, et sa quiétude dont elle a besoin pour se ressourcer. Là, l'auteure à succès presque malgré elle va remonter le temps de son enfance jusqu'à un certain jour de juillet où sa vie a basculé.
Dans ce roman, à mi-chemin entre fiction et autobiographie, les lecteurs retrouveront l'héroïne du « Dernier salaire » et la genèse de ce livre à succès. Elle signe ici son second ouvrage, un roman touchant où se mêlent fiction et réalité, débordant de gaîté, de joie, mais aussi de tendresse et d'humour.
Beaucoup de douceur dans l'écriture de Margaux Gilquin , des personnages attachants et fort bien décrits
Une très jolie découverte que ce roman, une bouffée de bonheur, à prendre à n’importe quel moment. L’auteure a une très jolie plume, très poétique, pleine de jolis sentiments.
Des personnages attachants qui ont soufferts mais pour qui la vie doit continuer, vous les rencontrerez tous avec le plus grand plaisir, vous ressortirez de ce roman avec du baume au coeur.
Le personnage principal , tente de se ressourcer dans le Lot-et-Garonne chez sa tante Marthe, une femme forte et pleine de sagesse, telle que chacun d’entre nous souhaiterait en croiser le chemin. Elle apporte au roman des retours dans le passé et donc des passages historiques que j’affectionne particulièrement.
Marthe, François, Laure et les autres…
Oui, je sais je plagie le titre du célèbre film de Claude Sautet et c’est à dessein.
Marthe est une vieille dame digne, un adjectif qui désigne une qualité un peu désuète et pourtant essentielle à la vie. Elle a beaucoup subi mais elle a surtout beaucoup donné. Et encore aujourd’hui alors qu’elle s’éteint comme une chandelle à petit feu, elle donne…
Elle donne une belle image de la femme, coquette, volontaire, assumant sa vie passée et sa mort prochaine, car Marthe sait qu’il faut vivre.
François est un fracassé de la vie, ancien médecin urgentiste, il est chez Marthe, le régisseur, l’homme de confiance et celui qui s’empêche de vivre.
Et dans ce duo, vient se greffer une autre pousse, celle d’une renaissance, celle de Laure, quinqua qui a tout perdu et qui arrive chez Marthe comme dame de compagnie.
Un lieu, la Grande Maison, dans un petit coin de paradis du Sud-Ouest.
Laure est comme la Liberté guidant le peuple dans le tableau de Delacroix, elle brandit l’étendard du droit au travail pour tous, quel que soit l’âge, elle porte la parole des sans-voix, elle fait de belles rencontres, elle passe à la télé, dans les radios… C’est la partie émergée de l’iceberg. Elle aussi a ses fêlures, ses fractures, la vie ne l’a pas épargnée, et elle est à un moment où submergée par la fatigue, le succès qu’elle n’attendait pas aussi fort et cette solitude intérieure qui la mine. Elle aime François et lui qu’en est-il ?.
Marthe n’est pas une spectatrice, sa vie elle l’a assumée et avec ces deux êtres qui trouvent refuge dans son giron, elle sait nouer des liens.
« J’étais inquiète à l’idée de vieillir seule, et puis vous êtes là tous les deux. Petits oiseaux tombés du nid. »
Avec Laure elle conjugue la vie, oui elles conjuguent.
Le passé, c’est hier, autrefois et il ne faut pas le négliger sinon attention à l’effet boomerang, c’est un outil dit-on à Laure et il faut le nettoyer.
Le présent c’est aujourd’hui, mais surtout maintenant, savoir s’arrêter regarder pousser les fleurs, sentir l’air et la terre pour appréhender les changements de saison, s’assoir devant un bon feu avec une tasse de thé fumante et odorante. Marthe sait saisir l’instant.
Le futur, c’est demain, bien sûr on subit beaucoup dans la vie parce qu’il n’y a pas que soi il y à les autres tous les autres, ceux qui décident et qui vivent sur une autre planète, alors il faut réagir, résister mais à son échelle, s’engager parce qu’il y aura toujours du positif dans les retombées pas tout mais un peu. Et il n’y pas de quantité négligeable.
Oui la vie se conjugue, avec les amis, les inconnus bienveillants, avec soi-même à condition de bien connaître ses temps. Ne pas se laisser envahir, toujours se recentrer sur l’essentiel : la vie.
Comme dans les films de Claude Sautet il y a la Vie, les éclats de rire, les larmes, les amis, les effets pervers de la société, les apparences et de la profondeur dans chaque être.
La morale de l’histoire serait comme l’écrivait Jean de la Fontaine : « Garde-toi, tant que tu vivras, de juger des gens sur la mine… »
La complexité des êtres doit sûrement nous inciter à vivre en simplicité.
Margaux Gilquin fait dire à Marthe : « Le sens des mots, celui des phrases, est-ce si important ? C’est le sens que nous leur donnons qui compte après tout. »
Une chose est certaine, Margaux a trouvé le sens de ses mots et nous attentons l’histoire de tante Marthe avec une belle impatience, que nous la lisions au coin du feu ou sur une terrasse ensoleillée, nous la vivrons comme nous avons vécu ce livre-là. Il lui a fallu, comme à son héroïne Laure, de l’encre pour s’ancrer.
Nous avons tous besoin de savoir que « La vie, ce n’est pas attendre que l’orage passe, mais apprendre à danser sous la pluie ». Sénèque.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 21 mars 2018.
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