"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec sa femme, son fils et son chien, Didier Martin, comptable, vit une période particulière. Depuis trois ans le pays a assigné ses citoyens à résidence. Les livraisons se font par drone. L'heure d'ouverture des fenêtres est programmée.
Le protagoniste raconte son histoire à la première personne. Petit à petit le lecteur comprend que son état mental est incertain. Il semble se plaire dans la seule compagnie de ses poissons exotiques.
L'homme écrit partout autour de lui, sur les murs, les meubles et les objets. Le monde extérieur est devenu infréquentable et Didier Martin s'en satisfait, lui qui aime l'ordre et le respect.
Dans le huis clos de cet appartement, un suspense psychologique se noue. Le quotidien routinier a mené à la folie. À moins qu'elle n'ait déjà été là, latente ?
Les temps sont troublés, face à une vague d’épidémies sans précédents, la population est soumise à un isolement strict : plus personne ne sort (sauf rares exceptions type police ou éboueurs), ouvrir les fenêtres est interdit, les denrées sont livrées par drones (et on mange ce qu’on nous donne!), le télétravail obligatoire et tout, absolument tout, droit se faire à distance. Dehors, le pays a sombré dans les dérives de l’État policier. Didier Martin est un bon citoyen de 41 ans, isolé avec sa femme Karine et son fils Jeremy, il obéit scrupuleusement aux règles. Il a décidé de tenir un journal, mais pas sur du papier, il écrit sur l’appartement, sur les murs, sur les portes, sur les plinthes, sur les meubles, et ce qu’il écrit révèle une personnalité terrifiante, ce qu’il écrit nous révèle la banalité du Mal.
Vous avez aimé le confinement ? Vous allez adorer l’IGT (Isolement Général Total). Olivier Bordaçarre, à travers le journal de son personnage principal, nous dépeint le cauchemar absolu : le confinement XXL poussé à son paroxysme, poussé jusqu’à l’absurde avec ses drones qui surveillent les ouvertures de fenêtre, les colis de ravitaillement remplis de pois chiche, et au-dehors une police qui tire sans réelles sommations. Malgré une liste d’interdits devenue surréaliste, malgré un isolement qui ressemble étrangement à un emprisonnement, Didier Martin, se porte bien. Lui, toutes ces règles il les a intégrées et il fait avec. Jamais avare de son mépris et de sa rancœur envers les « autres » (ceux qui protestent, ceux se plaignent, les immigrés des cités, ceux qui se suicident de désespoir, les intellectuels qui se posent des questions sur le bien fondé de telle mesure, les commerçants qui font faillite, etc...), Didier n’a besoin que de quelques pages pour devenir détestable. Et il ne lui faut que quelques pages de plus pour devenir carrément inquiétant. Très vite, on comprend que ce qu’il y a à comprendre entre les lignes de ce journal : Si les périodes troublées peuvent faire naître les héros, elles peuvent aussi révéler les psychopathes qui jusque à, s’ignoraient. Il ne parle que de lui, quand il évoque sa femme et son fils adolescent c’est avec rancœur, pour ne pas dire plus. La mort de son père ne lui tirera pas une larme, son attitude au téléphone avec sa belle-mère est ignoble. On croit que les circonstances lui ont fait perdre son affect, mais en réalité il n’en avait pas tellement, même avant. Plus les entrées de ce journal se succèdent, plus la personnalité perverse de ce « monsieur tout le monde » se dessine. Vers le milieu du roman, on trouve enfin par écrit a confirmation de ce qu’on supposait depuis le début, cet homme est fou, et pas seulement parce qu’il écrit sur les murs. Sa folie s’est révélée à l’occasion d’une crise sanitaire mais si cela aurait pu se révéler à l’occasion d’autre chose, le mal était là, en sommeil. Olivier Bordaçarre, avec son petit roman sans prétention, nous prends à la gorge et ne nous lâche pas jusqu’au dernier paragraphe. Hyper efficace (même si d’emblée on devine le rebondissement de milieu de roman), anxiogène parce qu’il nous renvoie à un passé récent pénible, et parce que c’est sacrément crédible. Ce n’est pas tant l’IGT qui est crédible que la dérive de cet homme. Didier Martin aime les normes, les choses bien rangées, l’obéissance, et distribue son mépris à tous ceux qui n’ont pas sa résilience. Olivier Bordaçarre fait à travers lui la caricature du citoyen prisonnier amoureux de ses chaînes. Je ne pense pas qu’il faille voir dans « Appartement 816 » une critique virulente des confinements, des vaccins, des passes sanitaires et des autorisations de sortie. Je pense que le propos va bien au-delà, c’est une critique globale de la société de contrôle qui nous menace, d’un état policier dans lequel il est facile de basculer, une société où les grands vainqueurs sont les multinationales (Ici appelée Mississippi, et non Amazon !) et les amoureux de l’ordre et de la «sélection naturelle ». Cela a un nom, ça s’appelle le Fascisme. État fasciste à l’extérieur, psychopathie à l’intérieur, tout fait peur dans « Appartement 816 ». Olivier Bordaçarre signe un roman terrifiant qui pourrait presque sonner comme un avertissement.
IGT (isolement général total), cela signifie confinement strict pour toute la population : télétravail, interdiction de sortir, même sur le palier, ouverture des fenêtres autorisée quelques minutes par jour à heures précises, ravitaillement et surveillance par drones, amendes sévères en cas de non-respect directement prélevées sur le compte du contrevenant, pointage journalier de présence sur le site de l'Etat et obligation d'y faire un briefing de sa journée, ce qui permet aux autorités de produire des statistiques de l'état sanitaire de la population, …
Didier Martin, 41 ans, comptable apparemment sans histoire, se retrouve donc coincé depuis 3 ans dans son appartement n°816 avec son épouse Karine, son fils Jérémy, son chien Bruno et son aquarium de poissons exotiques.
Ce livre constitue le journal personnel de Didier, lequel nous livre des informations sur le déroulement du confinement et ses nombreuses réflexions sur ce qui l'entoure.
Jusque-là, rien de bien particulier si ce n'est que nous apprenons qu'il écrit ce journal sur les murs de son appartement à l'aide d'indélébiles qu'il commande en ligne à tour de bras. Au fur et à mesure de la lecture, nous découvrons le changement de comportement de cet homme qui voue un culte aux décisions drastiques de l'Etat et est complètement déséquilibré.
Il s'agit d'un thriller donc je n'en dirai pas plus sur la suite.
Une écriture simple et directe qui se prête parfaitement à rendre la froideur du narrateur.
Un roman glauque à souhait pour qui apprécie ce genre de lecture et qui se lit rapidement.
Une fin un peu rapide à mon goût. J'aurais apprécié également une explication sur les raisons qui ont modifié le comportement du protagoniste (confinement ? tendances psychopathes ?).
Ce roman nous ouvre malgré tout la réflexion sur les risques psychiques du confinement, la liberté et les possibles dérives de l'Etat.
Faites bien attention à vous et aux autres
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