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Quelque part dans l'océan Indien, une jeune femme se noie. Ses forces l'abandonnent mais sa pensée, tel un animal sur le point de mourir, se cambre : dans un ultime sursaut de vie et de révolte, la naufragée nous entraîne dans le récit de sa vie...
Roman aussi étourdissant qu'envoûtant, qui n'est pas sans rappeler L'Art de la joie de Goliarda Sapienza par la beauté de son héroïne et la force de sa langue, Anguille sous roche est un miracle littéraire.
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Découvrez la critique du roman d'Ali Zamir par Clara Defachel
Les chroniques sont en ligne ! A découvrir pour avoir des idées de lecture...
Plus que quelques jours avant les premières chroniques de nos #explolecteurs, venez découvrir les avis de la page 100 !
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Anguilles sous roche d’Ali Zamir
@letripode
Premiers mots : » Oh la terre m’a vomie, la mer m’avale, les cieux m’espèrent, »
Au large de l’île d’Anjouan, petit bout de terre rattaché à l’archipel des Comores, Anguille fille de pécheurs s ‘accroche à son jerrycan pour repousser l’inéluctable, la noyade et pour ainsi avoir le temps de nous conter son histoire, dans un dernier flot de parole, au milieu de l’océan indien.
Anguille, me fait penser à Shéhérazade qui pour gagner quelques heures de vie en plus conte, raconte, enchaîne les digressions.
Anguille parle d’une traite, se livre s’accroche à cette parole comme à une bouée, sans pause elle lutte pour se maintenir hors de l’eau, pour dire, pour vivre encore un peu.
Un roman, comme un dernier souffle, vivre encore, dire, raconter mais vivre encore pour finir son histoire, ne pas sombrer avant d’avoir terminé, d’avoir tout dit. Dire avant le silence…
Un roman poignant, terriblement d’actualité,
Un roman, une phrase …
Emma aime
-Découvrir encore et encore
-L’écriture soignée, appliquée, travaillée
- Anguille, très chère Anguille, ta voix m’a touchée, tu rejoins ces héroïnes que je porte en moi.
Une seule phrase sur 317 pages ... étonnant, des virgules seulement ponctuent ce texte où les phrases défilent comme les pensées dans la tête de cette jeune fille qui se noie. Une ambiance particulière : un père Connait Tout insupportable, une soeur Crotale indifférente ou presque, un amant Vorace ...des noms étranges mais qui donne déjà une idée des personnages, et cette Anguille la narratrice insaisissable ...
Insaisissable voilà le mot qu'il me reste en refermant ce livre, une histoire comme des petits papiers mis bout à bout je n'irai pas jusqu'à dire sans queue ni tête mais presque. L'histoire se construit peu à peu mais j'ai mis longtemps à comprendre où elle voulait nous emmener, ce qu'elle cherchait à nous dire.
Un livre à lire pour l'expérience du style et le final, la partie qui m'a le plus émue par son réalisme et les émotions qu'il engendre.
Roman spécial........
Une seule phrase pour tout un livre... Rythme/débit rapide....
Anguille sous roche se noie en allant à Mayotte.. et elle tient à nous faire part de sa vie... Elle nous raconte sa naissance avec la mort en couches de sa maman, sa sœur jumelle, son père Connait tout.. Suite à une histoire amoureuse elle se fait expulser de chez son père...et de la communauté.
On apprend sa vie, l'histoire de son pays, son dialecte....
Surprenant....
Ce n’était pas gagné d’avance et dès les premières lignes, j’ai commencé à avoir le mal de mer. Non seulement, j’ai peur de l’eau, non seulement il m’est difficile de poser le pied sur une barque mais en plus, j’adore les phrases courtes, la ponctuation qui donne le rythme et permet de respirer. Et là, je me suis retrouvée dans l’eau, une eau profonde et noire, au bord de la noyade et entourée de virgules. Comment allais-je m’en tirer ?
"Anguille sous roche" d’Ali Zamir nous plonge d’emblée dans le grand bain. Anguille, c’est son prénom, se retrouve en pleine mer et, sur le point de rendre l’âme, voit sa vie défiler. Elle est comorienne, sœur jumelle de Crotale, fille de Connaît-Tout, amante de Vorace et nièce de Tranquille, oui l’auteur a un certain goût pour les prénoms, comment dire, peu communs. Elle va nous raconter sa vie, ses bonheurs et surtout ses malheurs et tout ça en une seule phrase…
Pas de points, pas de majuscules, des virgules, des virgules à perte de lignes et le souffle court. Véritable logorrhée qui m’a laissée pantoise et haletante, mais pas pour autant complètement conquise. J’ai l’impression d’avoir été plus impressionnée par la prouesse littéraire, le vocabulaire imagé, inhabituel, le phrasé ondoyant, que par le fond du récit. Hypnotisée par l’écriture, j’en ai souvent oublié l’histoire et les personnages. Il m’a manqué un équilibre entre le fond et la forme et je n’ai pas ressenti de véritable empathie pour les personnages.
Comment allais-je m’en tirer ? Je suis allée au bout mais j’ai lu ce roman comme une copie à corriger, intriguée par certains mots, étonnée par les tournures, en attente d’une surprise langagière et j’ai laissé filer le reste, ce supplément d’âme qui fait d’un récit un coup de cœur.
Anguille, c'est son prénom et au moment où commence le récit qu'elle nous fait dans l'urgence d'une mort prochaine, elle est accrochée à un réservoir, naufragée au milieu de l'Océan Indien. Comme des vagues qui submergent, se retirent, sont recouvertes partiellement par d'autres flots, le flux de sa pensée se tourne vers sa vie qu'elle raconte dans une prose haletante, où seules les virgules apportent un très bref espace pour reprendre sa respiration. Anguille a 17 ans, une soeur jumelle nommée Crotale, un père Connaît-Tout et un amant infidèle forcément Vorace. Sur l'île d'Anjouan dans l'archipel des Comores, elle est anguille, se faufilant dans les interstices pour échapper à l'image forgée par son père, glissant de la sagesse factice à la révolte obstinée. Agrippée à sa bouée de fortune, ballottée par l'océan, elle nous prend à témoin de la succession d'évènements qui l'ont portée jusqu'ici.
Avant de plonger dans ce texte incroyable, il est nécessaire de prendre une grande respiration car la lecture s'effectue quasiment en apnée. Dans ce roman aquatique, les métaphores filées entremêlent leurs images de manière si extraordinaire que l'on perçoit et ressent physiquement les sensations de la narratrice. Aussi bien celles du passé que celles du présent. Car jamais elle ne nous laisse sur le rivage. Jamais elle ne nous permet d'oublier sa situation présente. Son long récitatif épouse les mouvements de l'anguille, de la mer, de l'anguille dans la mer, dansante, serpentine, méfiante, secrète...
La voix d'Anguille s'insinue sous la peau, pique les paupières, corrosive comme le sel, exigeante, absolue. Elle irrigue une histoire singulière et nous blackboule, nous chavire, nous emporte dans son flot sensuel et colérique, plein d'une énergie vitale. Sous la roche de cette voix, un splendide personnage de jeune fille se dessine, complexe, contradictoire, réalisant en son être la fusion des éléments et des règnes. Un personnage "anguilliforme" sublimé par cette langue animée, physique, vivante d'une force poétique saisissante.
Ce premier roman d'Ali Zamir m'a stupéfiée ! Je le trouve admirable de sens profond, de maîtrise et d'inventivité langagière. Si je ne le compte pas au nombre de mes coups de coeur, c'est que l'émotion éprouvée m'a semblé rester "intellectuelle" sans le bouleversement total que je peux éprouver lorsqu'un roman s'adresse autant au coeur qu'à l'esprit, autant à l'âme qu'au corps, autant au passé qu'au présent... (oui, je sais ! je deviens très exigeante !)
Anguille sous roche nous plonge dans le récit d'Anguille, une jeune femme qui se trouve en proie à la noyade dans l'Océan Indien ; le livre nous confronte donc à la lutte intérieure de cette femme qui, aléatoirement, va se remémorer de quelques passages de sa vie.
Même si l'auteur tâche de retranscrire le désordre intérieur du personnage dans une situation dangereuse, je pense que le simple fait d'user d'une ponctuation unique - la virgule - échoue à ce que le lecteur se sente autant submergé que le personnage. D'après moi, Joyce, Larbaud ou Woolf exprimaient cela d'une meilleure manière au début du siècle dernier. De même, l'utilisation des remarques "Nous verrons ça plus tard" marquent une certaine inadéquation : même si l'on peut prétendre qu'il s'agit là d'une bouée de sauvetage pour elle que de reporter les détails qui lui viennent, comme pour repousser la mort, cela fait néanmoins décrocher le lecteur de cette noyade. Il s'agit d'un roman où le "trop-réalisme" des anecdotes, des histoires contées viennent se briser dans une absence de réalisme quant à la noyade du personnage. Notons une dernière incohérence quant à la noyade: pourquoi classer les récits en chapitres, lorsque le texte doit refléter le désordre intérieur du personnage ?
Néanmoins, l'univers de la pêche retranscrit de façon très intéressante : une découverte qui se fait par des situations peu communes, mais aussi les personnalités de chaque personnage, en lien avec, qui sont fortement appuyées par les jeux onomastiques : certains sont directement expliqués, d'autres nécessitent une compréhension plus personnelle du lecteur. Aussi, le texte regorge d'une certaine poésie : le jeu sur les rythmes (notamment grâce à la ponctuation unique), mais aussi les métaphores et comparaisons animent ce texte plein de sagesse. La sensibilité et l'insouciance du personnage ne peuvent que toucher.
Lu dans le cadre de l’opération « le grand trip » qui consiste à découvrir en avant première des textes, la même chose que pour le cinéma, mais là pour des lectures.
Ce livre a donc été lu en avant première et je l’ai reçu non massicoté. Ce qui veut dire que j’ai dû m’armer de mon coupe-papier et au fur et à mesure de la lecture, j’ai dû découper les pages. A l’époque du numérique, c’est un plaisir de découper des pages..
Les livres de la maison d’édition « Le tripode » sont aussi de beaux objets et j’aime beaucoup leur couverture, sobre et la typographie qui facilite la lecture.
Ce livre est l’un de mes coups de cœur de cet été. J’ai beaucoup apprécié suivre le dialogue d’Anguille, qui nous interpelle et nous raconte sa courte vie. Elle vient d’avoir 17 ans et on va au fils des pages apprendre à la connaître et sa famille, son environnement. Nous sommes dans une petite île de l’Océan Indien ; nous allons apprendre à connaître Connaît Tout, le père, « un piètre philosophe perdu dans une île de l’Océan indien », Crotale, sa sœur jumelle, la tante Tranquille, qui a élevé les deux filles après la mort en couches de leur mère, Vorace, le plus beau des pêcheurs et qui devient son amant clandestin, Désirée, la copine de lycée qui a un joli sac Chanel rempli de produits Dior, L’Oréal, Yves Rocher, Voilà, l’ami alcoolique de Vorace mais qui s’y connaît très bien en vin, français en particulier..
Un texte qui donne envie d’être lu à haute voix, les phrases claquent et de belles images de cette île nous apparaissent. Des termes ont été inventés et on est bien dans ce texte anguilliforme. De belles pages sur le désir, l’amour. Des pages d’amour et des images correspondant aux tableaux d’Archiboldo. L’auteur nous donne une belle leçon de vie dans le portrait de cette jeune fille volontaire. « ..mais romantique ne veut pas dire romanesque, parce que romanesque signifie rêve, et romantique folie, je préfère donc la folie au rêve. » (p161).
Puis nous allons nous retrouver sur un bateau en partance pour Mayotte, ces sans papiers changent d’île pour trouver une vie meilleure sur celle de Mayotte, territoire français. L’auteur nous décrit avec humour, ironie, la vie des expulsés et qui le lendemain remontent sur un bateau pour revenir sur Mayotte.
« Je bénéficie toujours de voyages gratuits, au moins une fois par an, pour rendre visite à ma famille, la différence, c’est que je me trouve toujours menotté comme un voleur avant qu’on m’embarque comme un prince suivi d’une forte escorte.. » (p295)
Ce texte m’a fait penser à des lectures d’œuvres d’auteurs haïtiens ou québecois. Il s’agit de textes francophones qui magnifient le « français classique », on y trouve de beaux mots imagés et poétiques : maussaderie, babillarde, une langue vipérine…
Un réel plaisir de lecture et Anguille reste en mémoire lorsqu’on a fermé ce magnifique livre. L’auteur nous parle avec une belle langue poétique la vie d’humbles, qui rêvent d’une vie meilleure. « Je suis un chauffeur de mots » (p183). Les pages sont jalonnées de philosophie, de références culturelles (mythologie ou tradition locale). Les noms des personnages sont eux aussi très imagés : « Crotale veut dire serpent à sonnette, tu ne dois faire du bruit que pour effaroucher les voyous qui tenteront de t’approcher mais pas pour me casser les nerfs et m’infliger des déceptions après tant d’efforts que j’ai déployés. »
« ..Mais il avait compris que la vie est un chemin chimérique, oui, la vie est une espèce de chemin à la fois long et court qui ne prend sens que dans le rêve collectif, nous rêvons tous sans le savoir et quiconque essaie de se réveiller pour s’en échapper échoue tragiquement, parce qu’il ne faut pas exclure ce de rêve fatalement vital, » (p40)
« …c’est çà la vie, bah, quoi, vous le savez vous-même, il faut savoir jouer son rôle, leurrer les autre et se faire leurrer pour pimenter le spectacle, rien que çà, » (p74)
« Tout est poison dans la vie, la vie est elle-même est poison » (p95)
Les explorateurs de la rentrée littéraire - Avis de la page 100
Plongée en eaux vives avec Anguille sous roche - et quelle plongée ! Je me suis laissée emporter par la musicalité, la beauté et la poésie de ce texte singulier qui ne compte pour l'instant pas un seul point en 100 pages... C'est qu'un point aurait été superflu: la prose d'Ali Zamir semble se réguler d'elle-même, tout en finesse et en légèreté. J'ai lu ces 100 premières pages d'une traite et n'ai qu'une envie: poursuivre cette lecture qui m'enchante. Comme le dit Anguille, la narratrice, page 97, "moi je continue mon aventure verbale", et me plonge avec délice dans la suite de ce roman. A très vite pour la chronique complète!
Chronique:
Difficile de mettre des mots sur mes pensées après avoir achevé la lecture d’Anguille sous roche, roman maritime qui m’a profondément chamboulée – il faut croire que j’ai bu la tasse, mais que j’en redemande.
Nous voilà happés dès la première page par les pensées d’Anguille, 17 ans, qui dans un tourbillon nous dépeint son quotidien, entre observation de pêcheurs sur le départ de l’île d’Anjouan, réflexions onomastiques et considérations amoureuses. Pourtant, la narration semble troublée, et l’on comprend qu’Anguille est pressée de nous conter son histoire – c’est que son temps est compté.
On est très vite emporté par la prose légère de ce roman, qui ne connaît aucune ponctuation, sinon les multiples virgules qui régulent le flot des paroles d’Anguille ; et dans laquelle chaque réflexion, tout comme une vague, naît, s’étend puis se rétracte pour laisser place à une autre.
Un roman ponctué de métaphores filées, aussi, ou de métaphores filets, peut-être, puisqu’une fois la lecture entamée impossible de se dépêtrer du piège de cette prose infiniment poétique et musicale… Métaphores donc, sur l’anguille évidemment, l’anguille qui se faufile, qui se tapit sous sa roche où elle vit dans le plus grand des secrets, loin de la folie des hommes. La narration est elle-même une anguille qui se frétille, pleine de fraîcheur et d’élégance – un délice.
Pour autant, le roman ne manque pas de profondeur. «voyez-vous maintenant ce qui se passe sous une roche, de la fourberie, et toujours de la fourberie, rien que de la fourberie, oh quel monde, ou plutôt quel spectacle », nous dit Anguille. Car si celle-ci se sait insignifiante, elle a conscience que son monde, le monde, est un spectacle qui doit continuer à n’importe quel prix, sa place à elle est en coulisse, loin des folies des hommes, même tout proche de la mort. La mer, sous son apparence limpide, cache des milliers d’anguilles sous roche.
Ma chronique le transmet peut-être : j’ai eu un énorme coup de cœur pour ce roman, à découvrir - et dévorer – de toute urgence.
Un petit extrait que j’aime beaucoup, qui vous mettra peut-être l’eau à la bouche, qui sait, et qui résume à mon sens bien des aspects du roman :
« car l’homme est une vague qui se forme à partir d’autres vagues, c’est ça, comme les vagues, les humains aussi s’emberlificotent et se confondent, ils s’aiment et s’admirent, mais ils se détestent aussi et se déchirent pour disparaître, enfin, et donner place aux nouveau-nés, oui, chacun son tour, exactement comme dans une pièce théâtrale, c’est pas de la gnognotte »
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