"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La maison d'édition Dupuis a lancé une nouvelle collection, dont cette BD est le premier tome. L'objectif est de présenter les reportages des lauréats du prestigieux prix Albert-Londres sous forme de roman graphique.
Cet ouvrage m'a attirée à cause de ma presque totale méconnaissance (oui, j'ose l'avouer!!!) de la guerre de Corée. Nous suivons le conflit qui a duré de juin 1950 à l'armistice en juillet 1953 à travers les yeux de Henri de Turenne, qui était alors jeune journaliste à l'AFP. Il couvrira la guerre pendant huit mois à partir de juin 1950.
Cette BD est un ouvrage historique mais aussi et surtout, c'est une description du métier de reporter de guerre. Même si les moyens techniques leur permettent à présent d'être plus réactifs, le cœur du métier est resté le même avec ses dangers, son adrénaline, ses amitiés fortes, ses peurs; c'est aussi le portrait d'un homme attachant derrière le journaliste.
Les dessins et les couleurs des scènes de guerre sont criants de réalisme, avec un trait précis même lorsqu'ils dessinent des scènes de chaos et de guerre.
La BD est complétée par des images d'archives, une présentation d'Albert Londres et une biographie de Henri de Turenne qui reçut, le 17 mai 1951, le prestigieux prix qui récompense un jeune journaliste francophone de moins de 40 ans. Après l'AFP, il travailla pour France-Soir et l'Express et prit le train de l'audio-visuel en collaborant à la célèbre émission "Cinq colonnes à la Une".
Cette BD est un hommage aux reporters de guerre qui risquent leur vie pour témoigner, pour documenter; elle trouve un écho particulier dans l'actualité. On estime que la guerre de Corée a fait plus de 800 000 morts parmi les militaires coréens, nordistes et sudistes et 57 000 parmi les militaires des forces de l'ONU. Le nombre de victimes civiles est estimé à 2 millions et le nombre de réfugiés à 3 millions. Et tout ce désastre pour revenir à la situation ante, avant que la Corée du Nord franchisse le 38ème parallèle et attaque la Corée du Sud.
Cette BD sera suivie d'une autre, en janvier 2025, sur Annick Cojean qui a reçu le prix Albert-Londres en 1996 pour sa série "Les Mémoires de la Shoah". A suivre donc.
#SurlefrontdeCorée #NetGalleyFrance
Fin juin 1950
Lui qui voulait voir le monde va être servi. A un mois de son mariage, Henri de Turenne est envoyé par l'AFP pour couvrir le conflit qui oppose les deux Corées avec l'appui, au nord des Russes et au sud des Américains. Huit mois plus tard, il y est encore. Il a suivi les offensives américaines, perdu des collègues, évité les obus, craint les attaques de guérilleros...
Un.e lauréat.e, un reportage, un roman graphique.
Voilà le pitch de cette nouvelle collection qui débute chez Dupuis Aire Libre. Une idée brillante de Stéphane Marchetti et JD Morvan qui va donner lieu à 5 albums réalisés à partir des récits de 5 lauréats du Prix Albert Londres. Cinq époques différentes, cinq conflits, cinq points de vue sur l'Histoire du XXe siècle mais aussi sur le métier de journaliste.
Ce premier album passionnant met donc en lumière Henri de Turenne, primé en 1951 pour ses articles sur la guerre de Corée parus dans le Figaro. Un journaliste précurseur qui comprit rapidement l'importance de la télévision et en devint une figure de premier plan. C'est le dessinateur argentin Rafael Ortiz qui se charge de la partie graphique. Ce n'est pas simple, il faut montrer la guerre et en même temps le regard d'Henri de Turenne sur le conflit. Il s'en sort à merveille et plante un Henri de Turenne plutôt charismatique.
Je dois reconnaître que j'aurais eu bien du mal à parler de la guerre de Corée. Cet album éclaire ce conflit méconnu et l'angle du regard du journaliste apporte un vrai plus. Voilà une collection que je vais suivre avec grand intérêt !
A signaler l'excellente vidéo qui combine planches de l'album et images d'archives, accessible dès 14 ans sur enseignants.lumni.fr
Salva et Victor sont amis depuis leur plus tendre enfance. Enfin le mot tendre est peut-être de trop dans ce quartier de Cali (Colombie) où habitent les deux garçons.
Leur quotidien pour vivre, vendre des cafés aux passants et leur voler leur portefeuille par la même occasion, une fois que ceux-ci pensent l’avoir rangé. Puis devenus hommes, ils ont construit leurs vies en parallèle. Dans l'armée pour combattre les FARC. Enfin dans les affaires, Salva le tueur à gages aidant Victor le trafiquant de drogue .
Mais Salva est emprisonné. Et en prison, face à des codétenus qui ne pensent qu’à se venger de lui, c’est sa rencontre avec Dieu qui va le sauver.
À sa sortie de prison, dix ans plus tard, Salva est devenu un autre homme. Désormais, pasteur évangéliste, Padre Sicario n’a plus qu’une seule idée en tête, construire un temple à Siloé, le quartier de son enfance.
Il espère ainsi faire venir à lui tous les laissés pour compte de la rue et changer la physionomie du barrio.
Malheureusement, cette quête évangélique n’est pas du goût de tous et surtout pas de Victor.
Comment continuer à faire fructifier sa petite entreprise si le quartier et ses habitants ne s’y prêtent plus ?
S’engage alors une lutte entre les deux anciens amis, prêts à tout pour imposer leurs choix de vie, dorénavant antagonistes.
Avec Padre Sicario, Stéphane Marchetti, Thomas Dandois (scénario) et Vladimiro Merino (dessin) nous plongent dans l’univers ultra-violent de la troisième ville de Colombie, bien connue pour son cartel et ses narcotrafiquants.
Ainsi ils abordent la très intéressante question du repentir et de sa faisabilité quand, comme Salva, on a choisi de rester et d’affronter.
Le trait très dynamique, la colorisation très sombre et les personnages hautement marqués font ressortir des dessins la violence assourdissante qui émane de ce terrible univers auquel beaucoup voudraient échapper
Mais changer sa vie, et ainsi vouloir changer la vie des autres, ne peut-il pas finalement se révéler plus dramatique que ce qui était escompté…
C'est l'heure de retrouver la liberté pour Salva Sicario. Celui qui en prison s'est confié la mission de repentir les prisonniers retrouve sa famille. Son quartier de Siloe à Cali n'a pas changé. Drogue, police, violence.. Il y retrouve son ami Victor et lui confie son projet: bâtir un temple et devenir le pasteur du barrio.
L'objectif est louable : ramener Dieu et la paix dans le quartier... Mais l'entreprise est difficile car tout le monde ne la voit pas d'un très bon œil. A commencer par Victor lui-même, qui supervise le trafic de drogue sur le quartier et qui verrait bien ce temple se bâtir un peu plus loin.
Les réalisateurs de documentaires Stéphane Marchetti et Thomas Dandois s'inspirent de l'histoire vraie d'un tueur à gages colombien devenu pasteur pour nous conter un récit dur et violent, réaliste et très ancré dans le quotidien des quartiers pauvres de Cali. La narration bien ficelée nous mène tout droit à une confrontation fratricide inévitable ...
Valdimiro Merino apporte un dessin très comics à cette histoire avec beaucoup d'énergie et de liberté dans un album grand format (23.3x31.2 cm) particulièrement adapté.
Une excellente surprise pour moi que cet album dont je n'avais pas anticipé la sortie et qui s'avère être une très bonne lecture ! Ne passez pas à côté !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !