"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »
Albert Londres
Un lauréat, un reportage, un roman graphique. L'idée est de donner, en s'appuyant sur une création originale et contemporaine en bande dessinée, un nouveau souffle aux textes des lauréat.e.s du plus prestigieux des prix journalistiques francophone : le prix Albert-Londres.
C'est l'occasion de faire revivre des reportages mythiques - souvent inaccessibles au grand public - du prix : de la montée du nazisme à l'essor du djihadisme en passant par les conflits au Liban, en Irlande ou en Corée. Parler des héritiers d'Albert Londres, c'est raconter l'évolution du métier de grand reporter et offrir au lecteur une vision "à l'os" de l'histoire du XXe siècle à travers un regard singulier et exigeant.
Pour sa première expérience de correspondant de guerre, durant huit mois, Henri de Turenne, va arpenter le front d'un conflit aujourd'hui oublié et meurtrier sur fond de guerre froide : la guerre de Corée.
Les premières semaines, il va assister à la déroute américaine et sud-coréenne face aux Nord-Coréens soutenus par les Russes jusqu'au réduit de Pusan où, acculés, les Américains tenteront de lancer leur contre-offensive. Puis, ce sera le débarquement, grandiose et effrayant, des G.I. dans la baie d'Inchon près de Séoul qui changera la donne de cette guerre avant la course folle pour prendre Pyongyang au Nord et qui mènera jusqu'aux confins du pays en Mandchourie, à la frontière avec la Chine.
Sur le front de la Corée est aussi une incroyable plongée en immersion dans le journalisme de l'époque. Un journalisme humain, courageux et élégant. Terriblement moderne aussi, faisant écho aux nombreuses difficultés des journalistes dans les conflits actuels.
La maison d'édition Dupuis a lancé une nouvelle collection, dont cette BD est le premier tome. L'objectif est de présenter les reportages des lauréats du prestigieux prix Albert-Londres sous forme de roman graphique.
Cet ouvrage m'a attirée à cause de ma presque totale méconnaissance (oui, j'ose l'avouer!!!) de la guerre de Corée. Nous suivons le conflit qui a duré de juin 1950 à l'armistice en juillet 1953 à travers les yeux de Henri de Turenne, qui était alors jeune journaliste à l'AFP. Il couvrira la guerre pendant huit mois à partir de juin 1950.
Cette BD est un ouvrage historique mais aussi et surtout, c'est une description du métier de reporter de guerre. Même si les moyens techniques leur permettent à présent d'être plus réactifs, le cœur du métier est resté le même avec ses dangers, son adrénaline, ses amitiés fortes, ses peurs; c'est aussi le portrait d'un homme attachant derrière le journaliste.
Les dessins et les couleurs des scènes de guerre sont criants de réalisme, avec un trait précis même lorsqu'ils dessinent des scènes de chaos et de guerre.
La BD est complétée par des images d'archives, une présentation d'Albert Londres et une biographie de Henri de Turenne qui reçut, le 17 mai 1951, le prestigieux prix qui récompense un jeune journaliste francophone de moins de 40 ans. Après l'AFP, il travailla pour France-Soir et l'Express et prit le train de l'audio-visuel en collaborant à la célèbre émission "Cinq colonnes à la Une".
Cette BD est un hommage aux reporters de guerre qui risquent leur vie pour témoigner, pour documenter; elle trouve un écho particulier dans l'actualité. On estime que la guerre de Corée a fait plus de 800 000 morts parmi les militaires coréens, nordistes et sudistes et 57 000 parmi les militaires des forces de l'ONU. Le nombre de victimes civiles est estimé à 2 millions et le nombre de réfugiés à 3 millions. Et tout ce désastre pour revenir à la situation ante, avant que la Corée du Nord franchisse le 38ème parallèle et attaque la Corée du Sud.
Cette BD sera suivie d'une autre, en janvier 2025, sur Annick Cojean qui a reçu le prix Albert-Londres en 1996 pour sa série "Les Mémoires de la Shoah". A suivre donc.
#SurlefrontdeCorée #NetGalleyFrance
Fin juin 1950
Lui qui voulait voir le monde va être servi. A un mois de son mariage, Henri de Turenne est envoyé par l'AFP pour couvrir le conflit qui oppose les deux Corées avec l'appui, au nord des Russes et au sud des Américains. Huit mois plus tard, il y est encore. Il a suivi les offensives américaines, perdu des collègues, évité les obus, craint les attaques de guérilleros...
Un.e lauréat.e, un reportage, un roman graphique.
Voilà le pitch de cette nouvelle collection qui débute chez Dupuis Aire Libre. Une idée brillante de Stéphane Marchetti et JD Morvan qui va donner lieu à 5 albums réalisés à partir des récits de 5 lauréats du Prix Albert Londres. Cinq époques différentes, cinq conflits, cinq points de vue sur l'Histoire du XXe siècle mais aussi sur le métier de journaliste.
Ce premier album passionnant met donc en lumière Henri de Turenne, primé en 1951 pour ses articles sur la guerre de Corée parus dans le Figaro. Un journaliste précurseur qui comprit rapidement l'importance de la télévision et en devint une figure de premier plan. C'est le dessinateur argentin Rafael Ortiz qui se charge de la partie graphique. Ce n'est pas simple, il faut montrer la guerre et en même temps le regard d'Henri de Turenne sur le conflit. Il s'en sort à merveille et plante un Henri de Turenne plutôt charismatique.
Je dois reconnaître que j'aurais eu bien du mal à parler de la guerre de Corée. Cet album éclaire ce conflit méconnu et l'angle du regard du journaliste apporte un vrai plus. Voilà une collection que je vais suivre avec grand intérêt !
A signaler l'excellente vidéo qui combine planches de l'album et images d'archives, accessible dès 14 ans sur enseignants.lumni.fr
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C'est ce que j'ai aimé avec cette BD : m'instruire non pas grâce à l’œil d'un historien mais celui d'un journaliste ce qui donne une perspective particulièrement intéressante. Bonne lecture donc.
Merci pour cette chronique convaincante. J'hésitais à la lire. Et je suis comme toi, la guerre de Corée.... les dates, les belligérants et cela ne va pas plus loin. Donc, en plus, je vais m'instruire. :-)