"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a, dans les yeux de Geneviève quand ils se rallument, tant d’espièglerie, tant d’étoiles cueillies sur son toit, tant de papillons couleur d’avoine, tant d’images d’un temps révolu que jamais ni les forêts des Landes, ni les lecteurs qui auront eu l’heureuse idée de l’accompagner dans son « étrange et drolatique voyage » n’oublieront son prénom.
Que de tendresse dans les mots de ce fils qui accompagne avec humilité et bienveillance sa mère chancelante jusqu’au seuil de sa mémoire. Que de respect pour cette femme qui se perd mais qui guida ses pas, dans les sourires et l’humour qu’il glisse entre ses phrases.
A mesure que se détricote le tissu des souvenirs de Geneviève, Michel Mompontet en saisit le fil pour en faire la pelote de sa propre mémoire, pour devenir « celui qui la continue », pour faire revivre, le temps d’un plaisir ravivé, d’un amour dépoussiéré, d’un goût furtivement retrouvé, sa « maman d’avant ».
Bien sûr, en le lisant, on se prend à rêver d’avoir auprès de soi un fils aussi plein de sollicitude, de disponibilité et de bienveillance lorsque viendra le temps de la vieillesse et de l’oubli de soi.
Mais, surtout, on espère secrètement que l’on aura su être cette mère aimante, chaleureuse et gaie, capable susciter un si tendre, respectueux et joyeux amour filial et des souvenirs dignes d’être disputés au néant.
C'est avec une grande émotion que je referme ce livre...
Publié aux Editions JC Lattès, " L'étrange et drolatique voyage de ma mère en Amnésie " de Michel MOMPONTET, est une déclaration d'amour d'un fils à sa mère !
Cette chronique balaye quatre saisons d'une année passée ensemble, pour ne rien oublier...
Michel, cinquante cinq ans est journaliste et vit à Paris. Il a quitté sa Gascogne natale il y a une quarantaine d'années. Mais une nuit, il est réveillé par un appel de sa mère, Geneviève, quatre vingt huit ans. Femme forte et courageuse, elle a élevé seule son fils. Cet appel inhabituel de détresse laisse Michel déboussolé par ses propos incohérents.
p. 16 : " Dans ces quelques mots insensés se dresse ce que je ne peux plus ignorer : ma mère n'est pas fatiguée, ma mère est malade. C'est une évidence sans possibilité de fuite. Il n'est pas question de courage puisqu'il n'y a pas de choix. Il me faut agir au plus vite, même si je ne sais pas l'ennemi qui l'attaque ; je sais juste qu'il est là. "
Son retour à Dax n'est que le constat que sa mère perd la mémoire. Alzheimer....?
p. 51 : " Voilà ce que fut la première étape du voyage. Le spectre de ton errance. Mon affolement. "
Pendant plusieurs mois, Michel va rester attentif et bienveillant, au côté de sa mère, jour et nuit. A chaque instant il essaiera de stimuler sa mémoire, en usant de tous les stratagèmes possibles, pour endiguer l'évolution de la maladie.
p. 65 : " Bientôt, quand les vilaines toiles d'araignée qui paralysent ton cerveau en auront fini avec ta mémoire à cour terme, elles achèveront leur œuvre de destruction en s'attaquant aux souvenirs stockés par ta mémoire à long terme."
Même si par moment la maladie semble gagner du terrain et rendre son fils impuissant, Geneviève est une femme solide et pleine d'humour, ce qui rend certaines scènes particulièrement cocasses.
p. 321 : " Une lumière d'été est revenue en ton jardin et ton hiver semble décidé à patienter. Tout au long de ces après-midi de jardinage, ton rire refleurit, alors qu'il avait laissé croire en sa disparition prochaine. Je crois, Maman, que tu es amoureuse. "
Ce roman est un bouleversant témoignage sur la progression de la maladie d'Alzheimer.
D'une très belle écriture, l'auteur nous plonge dans l'intimité de cette relation fils/mère, où les rôles s'inversent, avec une grande humilité.
p. 422 : " - Vous êtes un fils formidable. "
L'abnégation dont fait preuve Michel en empêchant le placement de sa maman en institut spécialisé, est poignante et est le juste retour de tout l'amour que celle-ci lui a donné...
p. 47 : " Est-il trop tard pour lui dire merci ? "
Ce livre est une grande leçon d'amour et d'humanité !
p. 445 : " L'impression qu'un chapitre s'achève, où est-ce l'écriture d'un livre qui commence ? Un livre pour la retrouver. Un livre de peines et de rires. Un livre pour ressentir une fois encore le parfum du bonheur comme s'il existait encore. Un livre de son passage. Un livre sur notre rencontre. Un livre qu'elle ne lira pas, bien sûr, mais à quoi bon, puisque c'est elle qui l'aura écrit. Un livre, maman. "
Je me rends compte depuis quelque temps que les lectures tournant autour de mon métier de soignante me touchaient beaucoup, peut-être trop. Vous allez me dire que c’est normal, après tout, mon quotidien en long séjour est un ascenseur émotionnel. Mais voilà, je m’étais toujours dit que la littérature était ma bulle, ma soupape, mon échappatoire mais je m’aperçois que j’ai mon métier dans les tripes alors cela s’en ressent dans mes lectures, logique. Donc en voici une magnifique, pour mon plus grand bonheur.
Cet appel glaçant d’hiver c’est celui de Geneviève à son fils, Michel « - Je crois que je suis très fatiguée, très… » Michel ne tarde pas à comprendre que sa mère a un souci et 727 kilomètres plus tard le voilà auprès d’elle, au Pays Basque. Il reconnaît à peine celle qui pour lui représente la force à l’état pur. « Où est ma maman d’avant ? » Il a compris ! Geneviève a la caboche qui déraille. Et comme pour lutter contre la perte inévitable des souvenirs, il décide d’en ralentir le processus en consignant chaque jour, durant un an les derniers instants passés avec elle. Un lien unique se tisse entre ces deux êtres, sera-t-il assez puissant pour vaincre l’oubli ? « C’est plus qu’une course contre la montre que nous avons entamée ensemble, c’est une course contre le Temps, ce monstre anthropophage qui dévore et déchire, cet ennemi qui efface et balaye. »
Michel Mompontet nous confie son journal intime en dressant le portrait d’une femme pour qui son amour est sans faille. Il n’est pas simple de faire face à la maladie d’Alzheimer, chacun réagit à sa façon face aux souvenirs qui s’envolent, face à la personnalité qui nous échappe, face à l’inconnu et le vide. Ce n’est pas un récit triste et accablant, détrompez-vous. C’est une histoire d’amour unique, épanouie, pleine de poésie et bourrée d’humour. Car oui, Michel Mompontet déborde d’astuces pour que cet ennemi n’envahisse pas trop vite la tête de sa mère. Seul mot d’ordre : jouir de chaque moment en sa présence.
Ce voyage en Amnésie sensibilise sur la démence, la maladie d’Alzheimer et le rôle de l’aidant, si indispensable pour traverser cette forêt noire. Quoi de mieux qu’un livre pour offrir la plus belle des déclarations d’amour à sa mère. « Un livre de son passage. Un livre sur notre rencontre. Un livre qu’elle ne lira pas, bien sûr, mais à quoi bon, puisque c’est elle qui l’aura écrit. Un livre, maman. »
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2018/07/05/36539271.html
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