"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ecrasée par son mari, dominée par sa mère, chahutée par ses enfants, une bourgeoise madrilène, qui jusque là supportait stoïquement les brimades familiales, est bouleversée par un coup de fil matinal.
Candelaria ne viendra pas ! La fille qui s’occupe du ménage le jeudi et lui offre ainsi quelques heures de liberté n’est pas disponible ! Et de la déception à la rébellion, il n’y a qu’un pas…
En peu de pages, Mercedes Deambrosis brosse le portrait d’une femme qui, sans ciller, subit, au quotidien, le manque de respect et les humiliations. Et pourtant, un grain de sable va gripper cette vie vouée à sauvegarder les apparences.
Si l’autrice décrit avec beaucoup de précision et de cynisme ce milieu bourgeois sans âme, on peine à s’ancrer dans un récit sans doute trop concis.
Une lecture brève, ni passionnante, ni mémorable.
Cette histoire se dévore pourtant, ce n’est pas un roman mais un récit autobiographique pas toujours très gai mais écrit avec une franchise et une lucidité qu’il faut saluer. En effet, il n’est pas si facile d’avouer qu’on n’aime pas sa mère, en tout cas pas comme on l’attend d’une fille envers sa mère. Mais comment peut-on aimer une mère qui dit « Tu es la plus grande erreur de ma vie. J'ai mis au monde ma pire ennemie ! »
Ce désamour a ses racines dans l’enfance et dans l’histoire familiale et c’est à ce voyage à rebours que nous invite Mercedes Deambrosis.
Entre les séquences où la fille veille sa mère qui vit ses derniers jours à l’hôpital, on pénètre dans l’intimité de cette famille espagnole dont le destin s’accorde à l’histoire sinistre du pays. Le grand-père a mené sa carrière militaire sous Franco
Cette mère nommée Mercedes comme sa propre mère mais qu’on surnomme Guri, belle femme, blonde et élégante, est dotée d’un caractère colérique, capricieux et jaloux. Dans cette famille bourgeoise, on est très religieux et les filles doivent êtres dociles et pieuses. Guri est un tyran pour son entourage, en particulier pour sa première fille qui a le tort de ne pas être née blonde comme elle. Ce carcan fait de violence, Mercedes Deambrosis va se battre pour s’en défaire et, lorsqu‘elle veillera sa mère mourante, le ressentiment mêlé de culpabilité sera toujours là. Mais comment arriver à aimer une mère qui vous rejette et vous humilie ?
« En ces derniers instants, je ne sais pas quel étaient mes sentiments. Je l’avais aimée comme tous les enfants aiment leur mère et je l’avais détestée parce que son amour était tapissé de pouvoir et de violence. »
Mercedes Deambrosis a réussi ce tour de force de raconter l’histoire intime de sa famille sans tomber dans le dénigrement et les récriminations. Le ton est juste, l’écriture sobre et ce premier récit autobiographique est bouleversant de sincérité.
Les livre des éditions Chemin de fer sont des ouvrages conçus avec soin où le graphisme vient s’appuyer au texte. Ici, les collages de Renaud Buénerd à partir de photos de famille sont touchants et beaux.
Si une « vieille » copine d’école avec laquelle vous ne vous entendiez pas particulièrement, ou plutôt, qui ne vous aimait pas, vous hèle dans la rue : Courage, fuyez à toutes jambes !!!
Cette chère Carmen en a fait les frais au grand bonheur de Mercedes Deambrosi.
« -Comment as-tu fait pour me reconnaître ? Quelle mémoire Dorita, quelle mémoire après tant d’années…
Cette pauvre fille est encore plus laide que lorsqu’elle était u lycée, comment aurais-je pu l’oublier ? » pensa Dorita, et à voix haute : -Mais tu n’as guère changé ma chérie dès que je t’ai aperçue, je me suis dit : mais c’est cette bonne amie Carmen Gonzalo y Gonzalo. Elle pinça ses lèvres étroites en un semblant de sourire où le rouge Revlon débordait généreusement »
Dorita, est-ce parce qu’elle s’ennuie un peu dans sa vie « réussie », embarque cette Chèèère Carmen dans une course échevelée vers…. Elles ne savent pas trop quoi. De cafeteria en bar, Dorita impose son luxe, impose ses vues, rabaisse, sans en avoir l’air tout en sachant ce qu’elle fait, cette Chèèère Carmen. Dorita se vautre dans son luxe, montrant les derniers bijoux offert par son Cheeer Mari. Cette pauvre Carmen n’a que son allure de vieille fille mal fagotée et Dorita s’en paye une bonne tranche sous couvert « d’amitié ».
Un après-midi mémorable fait de méchanceté à sens unique. Plus la soirée avance plus le vernis craque, le fond de teint part en plaques, tout comme la bienséance ! Dorita s’enfile Martini sur Martini. Mercedes Deambrosis s’en donne à cœur joie à dépiauter cette vieille Espagne des carcans, des faux-semblants, des apparences (mais cela vaut aussi dans notre chère France). La scène « d’amour » dans les toilettes d’un night-club est un délice mordant, dévastateur, cruel que je vous laisse découvrir.
Un livre que j’ai adoré ; un livre ponctué de rires, de ricanements, de oh scandalisé ou désolé. Une soirée que ni l’une ni l’autre n’oublieront facilement. De retour à leurs domiciles respectifs, elles y trouveront ce qu’elles n’auraient voulu y trouver : le vide. Cette journée fut une véritable descente en enfer !!
Au fait pourquoi ce titre ? La réponse est dans ce livre. Une réponse cruellement jubilatoire mais pathétique.
Ce petit roman est cruellement jubilatoire avec une pointe pathétique pimentée. Mercedes Deambrosis appuie là où ça fait mal à la bourgeoisie !!!!
Je l’ai rencontrée au « Salon des Dames » à Nevers début avril dernier où elle présentait son livre « Juste pour le plaisir ».
Treizième numéro de cette collection Vendredi 13, et un seul échec pour moi (ici). Ce dernier m'a à la fois épaté et déconcerté. Épaté par les personnages que l'auteure décrit, par les situations. Les treize amis sont très différents les uns des autres : ils travaillent tous dans la même société de surveillance de sites sensibles. Il y a l'alcoolique avéré, le dragueur, la flipée, la charmeuse, l'obèse, l'homo, ... Tous sont nommés, sauf le narrateur à la première personne, l'un des treize dont on ne connaît ni le nom ni le prénom et dont on se doute qu'il est le dernier des treize. L'autre narrateur (à la troisième personne) est le flic, et disons-le le personnage le plus intéressant du bouquin. Fils de préfet de région, promis donc à un bel avenir, il se fait une gloire et une joie de n'avoir aucune ambition, de n'être qu'"inspecteur" alors qu'avec l'ancienneté et ses appuis familiaux, il pourrait être au moins commissaire. C'est un dandy, raffiné, extrêmement élégant, très atypique dans le monde des flics.
Ce qui me déconcerte, c'est d'abord l'arrivée simultanée des treize personnages, on ne sait plus qui est qui, mais on se repère assez vite, finalement. Non, le plus déroutant c'est l'écriture de Mercedes Deambrosis. Elle utilise régulièrement les pronoms "elle" et "il", jusque là, rien que de très normal, mais ces pronoms ne concernent pas le personnage cité juste avant dans la phrase, mais celui cité un peu plus loin. Ce qui fait que très souvent, je me suis posé la question de savoir qui avait fait quoi. Ce qui, dans un polar est problématique, car ne pas être sûr du coupable de certains actes posent un problème de compréhension évident. Et la fin est identique. J'avoue ne pas avoir saisi toutes les subtilités du dénouement : ni le ou les vrai(s) coupable(s) et encore moins les motivations d'icelui, d'icelle ou d'iceux (ça c'est pour ne laisser aucun indice dans mon billet). Je reste donc sur ma faim et sur une relative déception.
Déception relative donc parce que dans le développement de son histoire et de son intrigue, l'auteure nous gratifie de passages très justes, drôles, enlevés ou plus critiques voire cyniques :
"- Ah, les quatre morts... Elle demeura songeuse, se déplia et très rapidement revint avec une calculette. [...] L'incidence sur la masse salariale est intéressante, certes, mais guère significative. Nous sommes loin, très loin du ratio que nous pouvions escompter... Elle rougit. Je veux dire que la Direction escomptait." (p.151)
L'entreprise qui mise sur ces morts inattendues pour renouveler son personnel qui lui coûte par des jeunes moins chers n'en sort pas grandie, ni la presse ou la politique en général :
"Le crime en série [...] était le summum pour le journaleux dans l'ère du tout-sécuritaire. Après le nettoyage des banlieues, devenu une véritable guerre urbaine, l'expulsion des sans-papiers, qui hélas continuait à provoquer bien des remous et atermoiements, l'Intérieur projetait de s'attaquer à d'autres îlots de nuisance, les Roms, peut-être." (p.165)
Pour résumer : un début confus, une fin qui ne l'est pas moins et un milieu très bon. Pas banal ! Moi qui trouve souvent un ventre mou dans les livres, je n'en ai pas trouvé ici, c'est plutôt la tête et la queue, si je puis m'exprimer ainsi ("elle est où la têtête et elle est où la queuequeue ?", désolé, on a les références qu'on peut, mais j'assume et même les revendique) qui pêchent un peu.
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