"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dorita a réussi sa vie.
Elle a un mari, un appartement, une voiture, des bijoux - de ceux que l'on remarque -, des fourrures et de grands enfants presque indépendants. le temps, en cette fin d'après-midi, est glacial. et, par le meilleur des hasards, devant les galeries, dorita tombe sur cette vieille, cette bonne. enfin, quel est son nom, déjà ? la pauvre, elle a tellement changé ! au fil des retrouvailles, les deux amies arpentent le passé, boivent un martini, puis deux, puis trois.
, jusqu'à ce que le présent bascule. c'est si tentant de franchir les limites. il y a l'excitation, les frissons, l'inconnu. en plus, quoi qu'il arrive, on peut toujours dire que c'est la faute de l'autre ! drôle et grinçant, cet après-midi mémorable est le deuxième roman de mercedes deambrosis.
Si une « vieille » copine d’école avec laquelle vous ne vous entendiez pas particulièrement, ou plutôt, qui ne vous aimait pas, vous hèle dans la rue : Courage, fuyez à toutes jambes !!!
Cette chère Carmen en a fait les frais au grand bonheur de Mercedes Deambrosi.
« -Comment as-tu fait pour me reconnaître ? Quelle mémoire Dorita, quelle mémoire après tant d’années…
Cette pauvre fille est encore plus laide que lorsqu’elle était u lycée, comment aurais-je pu l’oublier ? » pensa Dorita, et à voix haute : -Mais tu n’as guère changé ma chérie dès que je t’ai aperçue, je me suis dit : mais c’est cette bonne amie Carmen Gonzalo y Gonzalo. Elle pinça ses lèvres étroites en un semblant de sourire où le rouge Revlon débordait généreusement »
Dorita, est-ce parce qu’elle s’ennuie un peu dans sa vie « réussie », embarque cette Chèèère Carmen dans une course échevelée vers…. Elles ne savent pas trop quoi. De cafeteria en bar, Dorita impose son luxe, impose ses vues, rabaisse, sans en avoir l’air tout en sachant ce qu’elle fait, cette Chèèère Carmen. Dorita se vautre dans son luxe, montrant les derniers bijoux offert par son Cheeer Mari. Cette pauvre Carmen n’a que son allure de vieille fille mal fagotée et Dorita s’en paye une bonne tranche sous couvert « d’amitié ».
Un après-midi mémorable fait de méchanceté à sens unique. Plus la soirée avance plus le vernis craque, le fond de teint part en plaques, tout comme la bienséance ! Dorita s’enfile Martini sur Martini. Mercedes Deambrosis s’en donne à cœur joie à dépiauter cette vieille Espagne des carcans, des faux-semblants, des apparences (mais cela vaut aussi dans notre chère France). La scène « d’amour » dans les toilettes d’un night-club est un délice mordant, dévastateur, cruel que je vous laisse découvrir.
Un livre que j’ai adoré ; un livre ponctué de rires, de ricanements, de oh scandalisé ou désolé. Une soirée que ni l’une ni l’autre n’oublieront facilement. De retour à leurs domiciles respectifs, elles y trouveront ce qu’elles n’auraient voulu y trouver : le vide. Cette journée fut une véritable descente en enfer !!
Au fait pourquoi ce titre ? La réponse est dans ce livre. Une réponse cruellement jubilatoire mais pathétique.
Ce petit roman est cruellement jubilatoire avec une pointe pathétique pimentée. Mercedes Deambrosis appuie là où ça fait mal à la bourgeoisie !!!!
Je l’ai rencontrée au « Salon des Dames » à Nevers début avril dernier où elle présentait son livre « Juste pour le plaisir ».
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