"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cette série est prévue cinq « chapitres » comme l’inscrit Marc-Antoine Boidin à la fin de ce premier tome. On pourrait dire qu’il s’agit plutôt des cinq « actes » d’une tragédie. En effet, l’album débute par la fin : la célèbre bataille de Camerone au Mexique pendant laquelle 62 légionnaires affrontèrent plus de 2000 combattants mexicains et refusèrent de se rendre pour obéir au serment qu’ils avaient fait à leur officier, le capitaine Danjou. Or, cette issue tragique - accentuée par les tons orangés et pourpres de l’incipit qui rappellent le charnier et par les larmes de sang sur les visages en gros plans reprenant l’imagerie christique- va orienter notre lecture et montrer le déterminisme à l’œuvre dans la destinée du héros. D’ailleurs on remarquera souvent des gros plans sur des objets symboliques : Vierge dans sa niche, statue sans tête, doigt de pierre menaçant en gros plan, église inachevée comme si le salut n’avait plus sa place dans ce monde du second Empire. L’empathie envers le héros est accentuée également par l’utilisation d’une narration à la première personne dans les récitatifs : c’est Casimir qui endosse le rôle du chœur antique et raconte son histoire a posteriori : à chaque fois que le personnage émet un vœu ou un espoir dans les dialogues, le récitatif vient le contredire. Casimir apparaît ainsi comme le jouet du destin … A la manière d’une ouverture d’opéra, cette première scène va mettre en place un des éléments fondamentaux de la vie de Casimir : la confrontation à la violence.
La rupture de construction à la page suivante avec le flash-back de l’enfance et Dino va jouer le rôle de contrepoint en mettant en scène une amitié, de la légèreté, de la drôlerie aussi (Dino ne pense qu’à manger) en déployant également une palette de couleurs complémentaires dans les tons gris verts et de superbes cases panoramiques sur le vieux Lyon qui donnent une respiration en occupant la moitié de la page. On passe alors à des scènes classiquement dialoguées.
Tout l’album est construit dans cette alternance de tons et de rythmes. Des passages presque immobiles et d’autres trépidants, des moments drôles et d’autres extrêmement violents et cette scansion est magnifiquement rendue par le découpage : dans les moments de calme et de bonheur on a des panoramiques sur les villes où se trouve le héros dans de grandes vignettes et des tons bleus ou au contraire dorés (chaleureux) ; dans les moments de tension on observe des cadrages resserrés quasi étouffants, un éclatement du gaufrier et une succession de cases étroites (à la fois verticales et horizontales )qui jouent sur le sens de lecture et se multiplient frénétiquement. Dans ces cases le rouge et le noir (menaçants) finissent par contaminer la page et pour créer de telles atmosphères, Marc Antoine Boidin joue une fois de plus en virtuose des lumières et des éclairages.
Mais cet acte 1 est aussi un acte d’exposition : il met petit à petit en présence tous les protagonistes du drame. On fait ainsi la rencontre de la belle Zélie aux yeux verts qui rêve de s’établir au-delà des mers en Algérie, du Maure méchant hyperbolique à la cruauté exacerbée ainsi que de ses sbires aux trognes pittoresques. Tous dignes de figurer dans un roman de Dickens (il y a des accents de « Oliver Twist» dans l’épisode marseillais) ou dans un roman-feuilleton par leur côté archétypal formidablement croqué par Boidin qui avait déjà travaillé sur ce genre romanesque en adaptant « Chéri-Bibi » de Gaston Leroux. On pourrait croire que le personnage d’Evariste Berg, le joueur beau-parleur et bretteur, fait partie de cette distribution fictive mais, en se documentant sur Camerone, l’on s’aperçoit qu’il a réellement existé et que le scénariste comme le dessinateur ont scrupuleusement respecté sa biographie et ses traits ! Il en est de même pour le capitaine Danjou dit « main de bois » ou encore pour les caporaux del Caretto et Louis Maine à la vie rocambolesque et pourtant réelle et aux états de service scrupuleusement exacts et savamment distillés dans des dialogues savoureux. Lorsqu’on examine la liste des légionnaires de Camerone on y trouve aussi un tambour, Casimir Laï, le seul à ne pas avoir été fait prisonnier, et dont on ne connaît pas la date de mort ! Ce vécu énigmatique rattrape la fiction, laisse une aura de mystère et donne furieusement envie de lecteur de savoir ce que Jean -André Yerlès ont brodé autour de cette destinée et de connaître la suite des aventures de Casimir, de Zélie et des autres !
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Je ne connaissais pas la collection Les enfants gâtés de chez Delcourt mais je dois dire que je suis agréablement surpris par cette BD au graphisme particulièrement soigné. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas mais je trouve cela très appréciable qu’une BD (et plus généralement un livre) destiné aux enfants soit aussi bien dessiné. Il faut dire que lorsque vous avez Marc-Antoine Baudin (La Guerre des Sambre) aux palettes vous avez peu de chances d’être déçu.
Question scénario, ce qui me gêne un peu en tant qu’adulte est probablement un atout pour le lectorat jeunesse. En effet, je trouve le récit un peu simple, rapide et manquant de précisions. Par exemple, on ne sait pas pourquoi Yildirim veut détruire la civilisation de Callope et comment il sait que son cœur est devenu un diamant aux pouvoirs surnaturels ? La facilité avec laquelle Lucas terrasse le monstre est également sujette à questions… Bref, ces nombreux détails qu’un public adulte souhaiterait voir expliqués et qui, pour des enfants, non seulement ne sont pas nécessaires, mais, probablement, encombrerait le récit jusqu’à le rendre trop dur à suivre.
Au final, on a un conte d’une grosse vingtaine de pages, très agréable à l’œil et facile à appréhender pour le public visé. Que demander de plus ?
Un jeu ?
Eh bien vous l’avez… Oui, car à l’intérieur de la BD, après l’histoire, se trouve un jeu de cartes prédécoupé du type 7 familles (sauf que là il s’agit des 5 cités) se basant sur l’univers de ce conte. De quoi compléter ludiquement cette sympathique lecture.
Aimant beaucoup la Bretagne, à la bibliothèque j'ai emprunté plusieurs bandes dessinés de la série Les Contes de Brocéliande.
J'ai commencé par dévorer le tome 1 : La Dryade.
Bienvenu dans la clairière aux Dryades.... si vous croyez aux légendes anciennes...
Mais gare à celui qui ne respecterait pas la mémoire de ces lieux !
Dans cette bande dessinée, bienvenu à vous qui aimez les légendes, les fées, les histoires qui font frissonner...
Et bienvenu à vous qui aimez la Bretagne, cette région remplie de légendes en tout genre.
Nous découvrons dans ce premier tome des fées mais attention, ces fées ci sont parfois facétieuses, cruelles et loin des fées des contes de notre enfance !
Les dessins sont très réussis, les couleurs bien choisies. On a l'impression d'être dans la forêt, dans la clairière aux dryades avec l'enfant des fées, La maison de Brocéliande et L'arbre à fées.
J'ai bien aimé ce premier tome, le fait que ça se déroule en Bretagne, dans un univers un peu sombre, différent de ce qu'on attend des contes. On se rapproche plus des "vrais" contes, originaux, que de ceux repris par Disney et c'est ce qui m'a plu. C'est plus adulte, plus cruel aussi.. comme peu parfois l'être la vie !
J'ai apprécié ma lecture et je mets quatre étoiles à ce premier tome.
Une très bonne série avec un dessin original et un bon scénario. Les rebondissements donnent un atout supplémentaire à cette aventure.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !