2018 commence abruptement avec la mort des éditeurs Bernard de Fallois et Paul Otchakovsky-Laurens et celle du grand écrivain israélien Aharon Appelfeld.
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La Revue de Presse littéraire de juin
Michèle et Anne ont lu "Celle que vous croyez" de Camille Laurens (Gallimard)
Camille Laurens publie "Celle que vous croyez" (Gallimard) un grand roman sur la passion à l’heure de Facebook
Une relation toxique, comme tant d'autres en littérature, mais décrite cette fois sous un angle nouveau de promesses non tenues, de petits et grands manquements, d'une trahison qui mènera au drame. A la première ligne, j'ai eu la folle envie de dire à Claire de fuir, de cesser d'être aveuglée par les jolies manigances d'un homme manipulateur et cruel. J'ai senti un réel agacement en moi, je ne comprenais pas qu'elle puisse être aussi faible et stupide. Et pourtant, je connais bien le processus, maintes fois étalé et décortiqué dans les romans, mais surtout dans la vraie vie, dans les journaux et les statistiques de féminicide. Alors, c'est vrai, il faut en parler, pour alerter celles qui tombent dans le piège et chaque ligne en ce sens aura son importance et surtout si l'écrivain est connu et a belle plume. Est-ce que cela suffira ? Espérons-le ... et en attendant saluons le style toujours bien maîtrisé de Camille Laurens qui malgré quelques longueurs sait nous captiver.
Claire Lancel, la cinquantaine, divorcée, écrivaine réputée rencontre Gilles Fabian, metteur en scène de spectacles de marionnette. Pendant 4 ans, leur couple respire le bonheur vu de l'extérieur mais petit à petit Claire perd pied jusqu'à ce qu'on la retrouve, couverte de sang, dans le jardin de leur maison d'Hyères. Que s'est-il-passé pour en arriver là?
Le roman est construit sur ce que le récit que Claire livre à son avocate sur son histoire d'amour, entrecoupé de témoignages d'amis des deux amants qui donnent un éclairage différent car distancié. Petit à petit se dessine l'image d'un pervers narcissique qui n'a eu aucune difficulté à détruire psychologiquement une femme qui voulait croire en l'amour malgré tous ses échecs précédents, qui était en demande et qui se donnait totalement. Camille Laurens décortique avec brio la manipulation, le phénomène d'emprise qui s'installe petit à petit sans que Claire s'en aperçoive. L'auteur fait référence plusieurs fois au film "Gaslight" de George Cukor (1944) et je rajouterais l'essai d'Hélène Frappat "Le Gaslighting ou l'art de faire taire les femmes" qui analyse le processus qui rend l'autre fou par des messages contradictoires; c'est une violence psychologique perverse, une emprise affective totale. On peut résumer cette relation très complexe par "séduire, réduire,détruire".
Claire ne pourra essayer de se reconstruire, de retrouver dignité, foi en elle, que par l'écriture qui lui permettra de remettre son histoire en perspective, vue de l'extérieur et d'enfin voir Gilles tel qu'il est.
Les personnages sont très finement analysés, individuellement et dans leurs interactions entre eux et avec les autres. Je trouve l'idée de faire de Gilles, un scénariste de spectacles de marionnettes, très symbolique et parfaitement adapté : c'est celui qui tient entre ses mains la vie d'une poupée, qui s'affaisse sans ces liens, qui dirige ses mouvements, qui l'anime sans se montrer, sans manifester de sentiment.
Alors méfiez-vous du bandeau de couverture de ce livre, coloré, ensoleillé qui évoque farniente, amour, bonheur mais qui n'est que factice.
Camille Laurens abandonne l’autofiction dans son nouveau roman Ta promesse pour un genre qu’elle a inventé lors d’une présentation radiophonique, « l’autruifiction ». Pourtant l’héroïne porte les mêmes initiales et subit un procès pour atteinte à la vie privée, comme l’écrivaine ! En tout cas, Ta promesse est un roman époustouflant qui mélange les genres, promène son lectorat, allègrement, explore l’emprise mais la relie à la personnalité de chacun, Bref, un roman multifacette à découvrir assurément !
Sa promesse, Claire Lancel a un peu eu du mal à la faire, un soir au restaurant lorsque son amour, son bel amour, son merveilleux amour, Gilles, le lui a demandé. En retour, a-t-il bien compris celle qu’elle lui a soutirée ?
Lors d’une partie du roman, les conversations avec l’avocat, l’interrogatoire d’amies ou de relations lors de l’enquête, de parties de procès etc. proposent leurs impressions du drame, encore inconnu pour le lecteur. Camille Laurens décrit une relation amoureuse pernicieuse et délétère d’une femme au milieu de sa vie qui rencontre, enfin, la douceur d’être aimée. Néanmoins, plusieurs relations précédentes difficiles auraient dû l’alerter ! Seulement, l’amour est aveugle, ou sourd ou tout à la fois ! Claire a toujours voulu désamorcer ses intuitions, elle l’aimait tellement, ou voulait s’en convaincre, assurément !
Elle est une écrivaine renommée qui réalise des podcasts à succès, tandis que lui est marionnettiste, metteur en scène d’opéra et pianiste amateur. La grande question qui traverse l’esprit du lectorat tout au long de la première partie est à quel moment Camille Laurens va révéler ce qui s’est passé, pour transformer ces années de désir, d’échanges et de jouissances en drame irréversible !
Une réussite !
Car le drame on l’attend sans savoir qui, quand et comment. Camille Laurens transforme son lecteur en Petit Poucet, succombant au pouvoir de son écriture. Et, la vérité sera bien au-delà de l’imaginaire. Car en scandant son roman en plusieurs parties, Camille Laurens ne cesse jusqu’à la fin de se jouer de celui-ci.
Impressionnant, avec des marques dans le style qui sidère, qui étouffe et qui ruine toute la construction de l’amour ! Et ce n’est pas tout, Camille Laurens cumule les genres, du thriller aux poèmes en rimes libres, jusqu’à la dystopie et au roman judiciaire en passant par la romance !
Tout au long de cette découverte sur l’emprise, la correspondance avec le film L’anatomie d’une chute m’est souvent revenue à l’esprit. Ta promesse est une œuvre littéraire inclassable, mais parfaitement réussie. Non seulement, le roman dénonce une relation amoureuse toxique, mais aussi le vide qui irradie les relations humaines, avec ce déficit d’empathie remarquée actuellement. Mais, c’est aussi une ode à la place de la littérature dans nos univers, tant du point de vue de l’écrivaine que du lectorat. Une découverte magnifique !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2025/01/13/tapromessecamillelaurens/
Quel bonheur d’être en couple. Mais on le sait - et on a beau le savoir, on y va quand même -, les histoires d’amour finissent mal, en général. Dans ce livre, Claire, écrivaine, cherche une forme pour raconter sa relation idyllique puis cauchemardesque avec Gilles, marionnettiste. Tantôt comme un roman policier, où coule l’interrogatoire de Claire interrompu par quelques témoignages des proches qui s’adressent à “madame le, la, le juge”, tantôt au travers de vers libres insérés au milieu de la narration. Des strophes où Claire emploie un “on” ou un “nous” féminin plutôt que le “je”, comme si son discours était universel, pluriel. Ou interchangeable.
“À nous il faut dire
les choses
en baisers et caresses
Jamais en mots”
En réponse au compte-rendu de ces années vécues ensemble et terminées dans le sang, de ces promesses qu’on exige ou qu’on quémande, l’avocate de Claire, patiente mais inquiète, traque les contradictions, les petites jalousies, les minuscules disputes. Quelque chose qui expliquerait l’agression. “Qu’est-ce que je peux vous dire ? On a envie que l’amour existe. Que l’amour résiste.” Claire finit pourtant par avouer, par se souvenir, de certains détails. De la vérité, enfin révélée, grâce à la distance, grâce à l’écriture. “Quelqu’un en moi se moquait de moi. Celle qui écrit, sans doute, celle qui lit.”
Magistrale, la structure du récit dévoile l’emprise qui s’installe, qui emprisonne. Au-delà de la poésie, la narratrice se sert de parenthèses, de formules en italique, de phrases diminuées, d’un “tu” accusateur, de paroles de chanson parfois - il y a des choses de l’amour qu’on ne peut pas dire mais qu’on peut chanter. Ou écrire.
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