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C'est un livre que j'ai eu plaisir à lire, mais je ne m'attendais pas vraiment à ça.
Le nom de Gaïa, ainsi que le préambule, me laissaient entrevoir une histoire teintée d'écologie... ce n'est pas vraiment le cas, mais l'histoire est tout de même très réussie, et la nature reste présente, même si en dehors de l'Archebulle.
L'archebulle, une bulle soi-disant idyllique, qui se laisse porter par la mer.
L'archebulle, bulle d'autonomie mise en place suite à une apocalypse, afin de protéger une partie de l'humanité.
Protéger l'humanité de la folie des hommes, en créant une société idéale ? Idéale pour qui ? Telle est toujours la question finalement.
Nous suivons deux adolescents : Natanaë, fille de pêcheur, et Morphée, fils du plus haut dirigeant de l'Archebulle. Natanë, car suite au décès de son père, elle doit vivre avec sa mère et son beau-père, et c'est loin d'être merveilleux et rassurant. Morphée, car ce jeune homme sensible aime les arts, et cela est proscrit dans ce petit monde, pour le bien de tous, dira son père, qui ne daigne pas réellement lui accorder une quelconque attention. Tous deux ne sont pas destinés à se rencontrer, et pourtant...
Un jour, l'Archebulle va se rapprocher d'un continent, et les certitudes sur la vie dans ce microcosme, vont s'envoler pour certain(e)s.
Que vont alors faire ces adolescents ?
C'est une histoire dystopique qui nous envoie dans un monde ultra-contrôlé, ultra-sécurisé : contrôle des naissances, travail programmé, sorties surveillées, couvre-feu, arts proscrits... Chacun y a une place, mais est-ce là une existence comme on le souhaiterait ?
Une vraie ode à la liberté, qui fait d'autant plus écho en moi, en ces temps particuliers.
Petite mention spéciale à la relation que tisse Natanaë avec sa petite sœur Thynie. Je ressentais toute la tendresse que l'adolescente avait pour sa sœur. Très émouvant.
Au gré des flots dérive l’Archebulle, immense île artificielle totalement autonome qui abrite une communauté régie par une hiérarchie implacable et des règlements impitoyables. Natanae et Morphée sont deux adolescents que tout oppose mais que leur soif de liberté et de justice va réunir. La première est fille de pêcheur et se situe au plus bas de l’échelle sociale, le deuxième est le fils du dirigeant le plus respecté et le plus craint de cette société confinée. Les deux ne supportent plus cette immense prison dorée, en particulier depuis que l’ébauche d’un continent se profile à l’horizon, et que les découverte du jeune homme leur offrent une possibilité de s’évader de cette Archebulle devenue trop pesante. Parviendront-ils à fuir sans se faire arrêter … ou se faire tuer ?
Contrairement à certains romans post-apocalyptiques, qui débutent par une longue et fastidieuse rétrospective permettant au lecteur de comprendre comment les choses sont devenues ce qu’elles sont, celui-ci ne s’embarrasse pas d’une ribambelle d’explications. Le lecteur est directement plongé au cœur de l’intrigue, et les rares informations concernant l’Archebulle sont disséminées au cœur de l’histoire. De la même façon, l’auteur a fait le choix de ne pas suivre le schéma « traditionnel » d’une dystopie young-adult, et saute l’étape « présentation idyllique de la société futuriste » et passe directement à la phase « rébellion des personnages principaux contre l’organisation en place ». Nous avons ici un récit éminemment dynamique, qui se concentre sur l’action sans s’attarder sur ce qui ne sert pas directement l’intrigue. Ainsi, nous ne savons finalement que très peu de choses des personnages : nous ne connaissons que des bribes de leur passé et n’avons que très peu de descriptions physiques, car l’important ici est la rencontre impromptue entre ces deux adolescents que tout sépare ainsi que les plans qu’ils échafaudent ensemble. Une semaine à peine s’écoule entre la première et la dernière phrase. Le lecteur n’a donc pas le temps de s’ennuyer, puisqu’il se passe toujours quelque chose, sans aucun temps mort. Nous avons ici un roman très vivant qui ne s’attarde que sur l’essentiel, une intrigue palpitante qui tient le lecteur en haleine.
Mais je dois avouer être restée sur ma faim. L’auteur a voulu se concentrer exclusivement sur l’échappée de Natanae et Morphée hors de cette prison dorée, et bien que cela ait du bon du point de vue du rythme narratif, cela est également à l’origine d’un certain sentiment d’inachevé, d’inabouti. Il y avait un potentiel dingue dans l’idée d’une société confinée à l’intérieur d’une Archebulle dérivant au gré des flots, d’une société hiérarchisée où les rares privilégiés ne sont finalement pas plus libres que les opprimés, d’une société basée sur le mensonge d’un seul individu qui régit tout. Et ce potentiel a été réduit à néant par la volonté de laisser de côté tout ce qui n’était pas directement relié à l’intrigue principale. Personnellement, j’aurai adoré en savoir plus sur la vie quotidienne des habitants de l’Archebulle, avoir plus de précisions sur la régulation des naissances, sur les punitions en cas d’infractions des règles, sur le règlement en lui-même … Bref, j’aurai été comblée si le cadre dystopique aurait été un peu plus exploité. Je pense d’ailleurs que le message véhiculé (l’hymne à la liberté), n’en aurait été que plus fort : ici, j’avais le sentiment que nos deux protagonistes cherchaient plus à fuir leur famille respective que l’étau oppressant d’une société trop autoritaire. Donc voilà, je suis un peu déçue car il y avait énormément d’idées très intéressantes qui n’ont finalement été que peu mises en valeur …
De la même façon, j’ai été quelque peu déconcertée par le dénouement de l’intrigue en elle-même : c’est rapide, terriblement rapide. Si rapide que cela en devient absurde. En une semaine à peine, Natanae et Morphée se rencontrent, deviennent amis en dépit de leurs différences et des interdits, se disputent, se réconcilient, et trouvent en parallèle le temps d’échafauder un plan pour s’évader, de pirater les codes permettant de mettre leur projet à exécution et de préparer tout ce qui leur sera nécessaire. Le tout alors qu’ils n’ont même pas seize ans et qu’ils prétendent également emmener avec eux la petite Thynie, demi-sœur de Natanae, qui n’a que deux ans. Une fois encore, l’idée de départ était sympathique : deux adolescents épris de liberté qui comptent bien rejoindre le continent qu’ils voient à l’horizon, mais l’exploitation de cette idée n’a pas été des plus judicieuses. Alors que la sécurité est censée patrouiller toute la nuit et terrorise tout le monde, ils ne se sont pas fait chopper une seule fois, même avec un vélo déglingué (et donc bruyant) comme moyen de transport … Quand on y regarde de plus près, nos deux protagonistes ne font face à aucune contrariété pour quitter cette Archebulle, et on se demande même pourquoi ils sont les seuls à parvenir. Ce n’est finalement pas très crédible et c’est dommage.
Je pense que ma conclusion est prévisible : Dans les larmes de Gaïa est un roman qui avait un grand potentiel mais qui est finalement resté à la surface des choses, et m’a donc plutôt déçue. Bien que les personnages soient terriblement attachants – coup de cœur pour la petite Thynie, si mignonne qu’on a tous envie de la protéger de tous les vilains – et que la narration soit véritablement captivante et palpitante, je n’ai pas réussi à me plonger véritablement dans l’histoire, qui se dénoue bien trop rapidement et bien trop facilement. Je tiens cependant à nuancer quelque peu ma chronique : il n’y a pas que du mauvais dans ce livre ! A vrai dire, je pense que si je l’avais lu lorsque j’avais dix ans, je l’aurai immédiatement placé dans mes coups de cœur. Ce récit est véritablement destiné à la jeunesse et conviendra parfaitement aux jeunes lecteurs avides d’aventure et de liberté. A placer entre toutes les petites menottes passionnées de lecture !
Excellent
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