"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le poids du silence exsude par tous les pores de ce roman graphique à la fois sincère et révoltant qui est inspiré de l'histoire de l'actrice Héloïse Martin victime d'inceste.
Émilie a été victime d'abus sexuels dans son enfance, et aujourd'hui c'est elle qu'on voudrait faire taire, lui reprochant de disloquer la famille et de ne pas savoir pardonner…
Émilie garde le poids de ce silence en elle, un abandon qui déchire chaque parcelle de son être et impacte ses relations familiales.
À l'occasion de l'anniversaire de mariage de ses grands-parents, elle va retrouver toute sa famille et notamment, elle ne s'y attendait évidemment pas, le pédophile qui a été invité (il a déjà été condamné car le père d'Émilie a fait en sorte qu'il soit poursuivi devant un tribunal… On notera au passage la peine anecdotique quand on pense au traumatisme subi…).
Comme si le temps devait encore effacer la blessure physique et émotionnelle et qu'il fallait encore et toujours faire semblant pour préserver les apparences.
"Ce n'est pas nouveau, c'est juste qu'avant on en faisait pas tout un plat ! " : ces mots terribles lui sont jetés à la figure, à croire que c'est la victime qui dérange !
On va jusqu'à laisser le coupable passer du temps avec les enfants présents sans se soucier du passé, sauf que la pédophilie n'est pas une maladie qui se guérit, on peut tout au plus tenter de canaliser les pulsions et d'inhiber la libido.
Mais tout ceci n'est pas un jeu, et Émilie a grandi, elle n'est plus prête à se laisser faire docilement.
Son traumatisme est une bombe qu'il lui faut dégoupiller en public et jeter à la face de sa famille et même du monde.
On ne sait pas de suite qui est le coupable parmi les invités mais petit à petit le faisceau se fait plus précis, et on découvre qui se cache vraiment derrière l'apparence de la normalité…
Fermer les yeux ? Pas question ! Il est temps que chacun les ouvre bien grand au contraire, histoire de voir la vérité en face…
La couverture ressemble à une fête de famille et pour cause, il s’agit des 50 ans de mariage de Nadine et Jacques, les grands-parents d’Héloïse.
Sous ces apparences de fête se cache un secret très lourd et très grave qui devient insupportable pour Héloïse lorsqu’elle découvre que l’un des invités n’est autre que son agresseur.
Cette bande dessinée est le support de la prise de parole d’Héloïse Martin, l’autrice, qui raconte ce qu’elle a subi. Elle raconte le poids d’un secret et ses impacts sur sa famille. Elle raconte qu’il il peut être tellement plus simple de fermer les yeux. Mais c’est aussi l’histoire de son courage, en particulier celui de mettre des mots sur ce qui s’est passé et de ne plus garder « les yeux fermés ».
J’ai été très touchée par cette bande dessinée et les émotions qu’elle transporte. Je suis heureuse que le sujet des violences sexuelles soit traité en bande dessinée. La couverture de cette bande dessinée expose mieux que des mots le malaise et la colère enfouie d’Héloïse.
Une lecture importante pour ne plus « fermer les yeux »…
Les yeux fermés est un ouvrage important. L'inceste est clairement toujours un tabou à briser. Ce qu'il faut briser aussi c'est le silence de l'entourage, de la famille, des personnes autour des victimes qui permet à à des agresseurs, des violeurs, des pédophiles de continuer à rester présents, graviter autour, revenir. Plus libres que leurs victimes.
Le dessin est juste. Les regards sont plein de sens, les silences parlent plus fort que certains mots. Il y a ce contraste entre la douceur des dessins et ce qu'ils dénoncent.
C'est le monde à l'envers. La dynamique de tout taire dans l'exemple de cette famille et culpabiliser les victimes est insupportable et immonde. Ça sera toujours à dénoncer. Toujours inacceptable. Le déni qui protège les agresseurs, qui efface les victimes. Le déni qui laisse les agresseurs revenir, se mêler aux réunions de famille et qui continue de faire du mal aux victimes, qui évidemment ont des flashback, ne peuvent ignorer les souvenirs. Le déni, le tabou, qui permet de faire comme s'il ne s'était rien passé et qui laisse la porte ouverte à ces agresseur pour recommencer, de continuer à venir, évoluer autour de ses victimes et futures victimes possibles. La violence passe aussi par le refus des proches d'accepter et voir la vérité.
On voit la complexité de ce que les victimes doivent vivre et revivre. Non seulement à cause des faits, mais aussi à cause des actions, de l'inaction, du déni, des paroles des proches à tout moment, dans le présent, le passé et le futur. Sur des années et des décennies, toute leur vie. Où est le soutien pour les victimes quand même leurs proches veulent effacer leur vécu ?
"Ras le bol de minimiser !" "Pour trinquer avec ce malade il y a du monde, mais pour épauler les victimes, il n'y a plus personne ! Pourquoi ? Par confort ? Par lâcheté ?"
Merci à Héloïse Martin, Baptiste Magontier et Valentine de Lussy pour cette BD. Partagez-la, lisez-la. Continuez à briser les silences, les tabous et le déni.
Je ne saurais trop vous recommander la lecture de cette BD… Héloïse MARTIN partage avec nous un pan de sa vie, notamment son enfance marquée par un événement effroyable.
Au cours d'une rencontre en famille, des souvenirs douloureux ressurgissent, évoquant les abus sexuels subis par un proche de la victime.
Cet individu a déjà été condamné pour des actes de pédophilie.
Pourtant, cela n'a pas empêché sa présence à cette réunion familiale, lui aussi étant invité.
Comment peut-il continuer à être toléré au sein de la famille ?
En prenant la parole avec courage, l'autrice fait voler en éclats le silence pesant et tabou qui entoure ces faits passés.
Elle dénonce ouvertement les actes qu'il lui a infligés, mettant ainsi fin à l'omerta qui étouffait la vérité au sein de sa famille.
Il est d'autant plus choquant de constater que certains membres de la famille préfèrent que la victime garde le silence pour éviter les remous, permettant ainsi au pédophile de continuer à faire partie du cercle familial.
Malheureusement, de telles situations surviennent, et il est terrible de voir comment ces actes abominables et inacceptables peuvent encore être dissimulés ou tus, tandis que l'on demande à la victime de passer outre, voire de pardonner, au nom de la prétendue stabilité familiale.
C'est incontestablement un roman graphique essentiel car il traite la question de l'inceste mais aussi les conflits familiaux et les séquelles traumatiques de cet acte.
Je regrette simplement le maintien d'un certain "flou" autour de l'identité du coupable, révélée tardivement dans la lecture.
Pour ma part, cela a engendré une certaine distance par rapport à l'histoire.
Quant aux dessins, ils sont très agréables, harmonieux et vraiment jolis.
Une bande dessinée que je ne saurais que recommander, malgré un sujet très délicat et terrible, un album solaire grâce à la force de caractère et à la détermination de Héloïse Martin.
https://www.instagram.com/claudia.passionlivres/
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