"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« On ne choisit pas sa famille, évidemment. Mais on choisit la distance à laquelle on la tient. » p.97
Roman en 3 parties sur un secret de famille :
- la première : Exil
Le romancier imagine ce qu’est devenu son grand oncle Marcel, d’après les dires de la famille il aurait fait quelque chose d’inavouable, et pour ne pas jeter l’opprobre sur sa famille il serait parti dans des conditions expéditives en Australie en 1900. Depuis il n’existe pas.
« Contraindre Marcel à partir, c’est faire comme s’il était mort. Ne plus jamais prononcer son nom, c’est faire comme s’il n’était jamais né. » page 109
-la seconde : Autobiographie d’une absence
Comment la vie dans le Sud de la France et dans le monde à continuer
-3eme partie:Un caillou ovale, noir strié de gris
Grâce aux archives l’auteur lève le voile et trouve la vérité sur ce grand oncle, sauf la raison de son départ
« Nous sommes des mots dans une phrase commencée par nos parents et qui sera terminée par nos enfants. Proverbe massai » page 196
Plusieurs belles phrases, histoire intéressante en revanche la dernière partie est assez redondante et j’avais l’impression de lire et relire la même chose.
Basé sur une fait réel, la vie de « Narcisse Pelletier » écrit par « François Garde » s’avère fortement romancée. Il existe par ailleurs, la biographie retranscrit par Constant Merland « Dix-sept ans chez les sauvages : Aventures de Narcisse Pelletier » en 1876. Cette biographie d’un jeune marin, qui retrace l’adversité subie pendant dix-sept ans dans une tribu aborigène, sur la péninsule du cap York en Australie.
Embarqué à bord de la goélette Saint-Paul, après quelques péripéties, des marins accostent sur le littoral ; exténués ils recherchent aussitôt de la nourriture et de l’eau. Par mégarde ou par dessein volontaire, le jeune Narcisse se retrouve seul, abandonné, épuisé et sans beaucoup d’espoir de survie dans ce monde hostile.
Il sera récupéré par l’équipage du bateau anglais, le John Bell, et confié au gouverneur de Sydney qui décidera de se décharger de sa responsabilité à un homme passionné de découverte, et surtout de géographie : Octave de Vallombrun. Qui accepte cette mission de réhabiliter ce « sauvage blanc » au monde civilisé. Car depuis avoir quitté son île, il demeure mutique, surtout sur ses conditions de « détention » et d’assimilation au sein de la tribu. De retour en France, il rencontrera sans beaucoup d’enthousiasme sa famille, très surprise et inquiète de son retour. Puis il deviendra notamment gardien de phare.
Une recension d’une parfaite confrontation de deux mondes, la société civilisée et la société des sauvages, quelle merveilleuse situation à décrire ! Et mettre ainsi en exergue le bienfondé des progrès matériel et social, au détriment d’une vie rustique dans laquelle règne la loi de la nature et du plus fort. Mais dans ce roman « François Garde » présuppose l’humanisme de la nation aborigène au matérialisme de l’occident – le mythe du bon sauvage de Rousseau –.
Enfin, si je trouve ce roman d’un style ample et clair, ainsi que d’une progression aisée avec l’intégration à tour de rôle d’un chapitre narratif de Narcisse Pelletier puis d’un chapitre épistolaire destiné au président de la Société de Géographie, de Octave de Vallombrun ; l’absence d’explication (si bien sûr il y en a une) sur les conditions de vie de Narcisse pendant ses longues années passées avec les aborigènes, me laisse perplexe avec un sentiment d’incomplétude ! Un mutisme surprenant sur sa condition de « sauvage » et sa réinsertion dans la « bonne » société !
Un moment de lecture rapide et plaisant, mais dont les suppositions et les exactions semblent pour le moins oniriques et destinés à justifier les pérégrinations d’un homme dans un monde, pour l’époque, inconnu. Bref un roman bâti sur une histoire vraie destiné à s’évader en faisant abstraction de la véracité des faits.
Le 5 novembre 1843, Narcisse Pelletier, matelot de la goélette Saint-Paul, se retrouve seul sur une ile australienne. (Né le 13 mai 1825, Narcisse Pelletier, âgé de dix-huit ans, devient ainsi le plus jeune « Robinson » des temps modernes …)
Alors qu’il s’est éloigné de la plage – en dépit des ordres reçus – espérant découvrir de l’eau douce sur la falaise, il aurait perdu la notion du temps … Ses compagnons seraient repartis en mer, après de vaines recherches … Le jeune homme réalise d’instinct qu’il se trouve en danger de mort imminente …
C’est au cours d’un voyage à Sydney, en mars 1861, que le Vicomte Octave de Vallombrun entend parler pour la première fois du « sauvage blanc », découvert sur une plage par des marins anglais (le 25 février de la même année …) Intrigué, Octave de Vallombrun décide de le rencontrer. Il lui parait alors évident que l’homme n’est plus apte à s’exprimer dans un langage identifié, ni même de se conduire comme un être « civilisé ». Le Vicomte découvre, à sa très grande stupéfaction, que ledit « sauvage blanc » réagit toutefois aux mots français …
Alors que le naufragé est officiellement confié aux bons soins d’Octave de Vallombrun, ce dernier tente de lui ré-apprendre le français et de lui rappeler les codes (élémentaires) de notre société. Tout en s’efforçant d’en savoir d’avantage sur les autochtones qui ont partagé sa vie … Après une longue enquête, il va s’avérer que Narcisse Pelletier est originaire de Saint-Gilles-sur-vie (en Vendée) et que sa famille est toujours installée sur place … Pourtant, un élément de taille continue à perturber Octave de Vallombrun : pourquoi donc Narcisse refuse-t-il obstinément de se confier (sur les dix-sept années écoulées) auprès de la tribu australienne qui l’a recueilli ?…
Le roman de François Garde est une pure merveille !!! L’écriture, le style, l’intrigue : tout, dans ce chef-d’oeuvre, est brillant ! Le destin de ce malchanceux marin, qui a totalement oublié son passé, est pathétique ! Durant presque 400 pages (au cours desquelles l’auteur va donner – tour à tour – la parole à Octave et à Narcisse) le lecteur visualise aisément chacun des protagonistes de cet incroyable récit – tant est grande la qualité narrative – Et non moins pertinente, la réflexion philosophique !!! Il est impossible de ne pas éprouver une profonde empathie et entière solidarité, pour ce personnage qui a réellement existé !
Mais comment ai-je pu passer à côté de cette immense pépite littéraire, qui dormait dans ma bibliothèque depuis plusieurs années ?!?… (Prix Goncourt des Lycéens 2012)
C’est un ÉNORME COUP DE COEUR évidemment !
La phrase du personnage Narcisse "Parler, c'est comme mourir " va me rester à l'esprit un long moment.
Ouvrir ce roman c'est partir loin, voyager jusqu'en Australie au XIX siècle dans un monde où les "blancs" sont persuadés d'être supérieurs.
Une lecture sensorielle et bouleversante d'(in)humanité qui laisse un sentiment d'amertume et de profonde tristesse envers l'être humain.
L'alternance entre le style épistolaire et narratif permet à chaque personnage de s'exprimer. Narcisse raconte, ressent et Octave relate froidement.
François Garde retranscrit avec talent les doutes et les assertions de ces 2 hommes mais à la fin de la lecture les interrogations demeurent.
Prix Goncourt du premier roman qui n'est pas usurpé.
C'est magistral!
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