"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En arrivant en France, Florent Bonnevy a adopté la religion chrétienne et garde depuis le plus grand secret sur ses origines juives. Aussi est-il d'abord désagréablement surpris quand un marchand juif tout droit venu d'Amsterdam vient lui demander son aide en souvenir du passé. Venu à Paris pour négocier un chargement de grains, Jacob Ensel est en effet accusé de meurtre et se retrouve en fâcheuse posture, aux prises avec la vindicte populaire des Halles. Lui imposant le silence sur leurs origines communes, le médecin introduit Jacob dans sa demeure où très vite il se lit avec Justine, son épouse ataviquement antisémite. A charge désormais pour Florent de disculper son coreligionnaire et de faire la lumière sur ce trafic de grain où semblent impliqués des proches de la duchesse de Berry, la fille chérie du Régent.
C'est toujours un plaisir de retrouver Florent Bonnevy, dit Sauve-du-Mal par les petites gens qu'il soigne, ainsi que la bouillonnante période de la Régence. L'homme est médecin bien sûr mais il aime aussi se mêler d'enquêtes policières au grand dam de son épouse Justine qui aimerait le garder auprès d'elle un peu plus souvent. Cette fois, il s'intéresse à un vaste trafic de grain dans lequel est compromis un marchand juif hollandais. L'enquête est donc très personnelle pour Sauve-du-Mal qui se voit confronté à ses choix de vie. En devenant catholique, le médecin a non seulement renié sa foi, mais il a aussi renoncé à tout lien avec sa famille. Jacob Ensel est le vivant rappel de tous ceux qu'il a laissés derrière lui. Les regrets qui affleurent sont cependant balayés par le sort réservé au juifs en France. Ils y sont tolérés mais peu aimés, certaines professions leur sont interdites et ils ne peuvent devenir citoyens français. En butte à toutes sortes de préjugés, ils vivent à part et sont accusés de tous les maux. Florent sait bien que s'il dévoilait son secret, toute son existence serait remise en question, de son amitié avec le Régent jusqu'à son mariage avec Justine.
Si l'enquête n'est pas forcément passionnante, la Régence de Philippe d'Orléans est une époque fascinante de l'Histoire de France que Dominique Muller sait nous rendre vivante avec talent. Ici elle raconte l'ascension de l'écossais John Law, l'émission de papier-monnaie et les premières spéculations boursières. Personnage controversé, le Régent est décrit avec ses défauts, les rumeurs sulfureuses qui l'entourent mais aussi son ambition de maintenir la paix, de résorber la dette et de préparer Louis XV à gouverner un pays prospère.
Un très bon opus de cette série à la fois divertissante et riche de connaissances historiques.
A Sens, Matthieu de Fourchène quitte avec fracas son travail de précepteur, lassé des humiliations constantes de son employeur, le notaire Vouillet. C'est plein d'espoir en une vie meilleure qu'il prend la route pour Paris où il compte sur l'hospitalité de sa cousine Justine Bonnevy le temps de trouver une bonne situation et surtout de raisonner son frère aîné Thibaut qui dilapide la fortune familiale sans se soucier des siens.
Les Bonnevy ont bon cœur et accueillent volontiers le provincial dans leur foyer. Florent, Sauve-du-Mal pour ses patients, l'aide à retrouver Thibaut qui mène une vie de libertins et dirige le bureau de recrutement de la Compagnie d'Occident. Sous les ordres de John Law, l'aîné des Fourchène est chargé d'envoyer des colons peupler la Louisiane tombée dans l'escarcelle de l'écossais en 1718. Mais quand Matthieu se rend au bureau de la compagnie, il tombe sur le cadavre de Vouillet. Florent arrive derrière lui, suivi de près par la maréchaussée qui embarque Matthieu accusé de meurtre. Persuadé de l'innocence du cousin de sa femme, Sauve-du-Mal plaide sa cause auprès du Régent qui le fait libérer. A charge maintenant pour le médecin de trouver le vrai meurtrier du notaire qui comptait un nombre impressionnant d'ennemis.
Troisième tome des aventures du médecin Florent Bonnevy et de sa pétillante épouse Justine sous la Régence de Philippe d'Orléans. Toujours guidé par son souci de vérité et de justice, Florent est enquêteur malgré lui et dans cet opus il tâte même de l'espionnage. Car même si le Régent apprécie ce jeune homme qui aime le confronter à la misère du peuple, il n'est pas homme à accorder des faveurs sans contrepartie. Informé d'un complot contre sa personne, Orléans somme le médecin d'aller espionner l'ennemi. Le monde des agents doubles ou triples, du mensonge et de la dissimulation est très éloigné du quotidien de Florent qui, heureusement, peut compter sur sa tendre épouse pour lui prêter main forte.
C'est toujours très instructif de lire un roman de la série Sauve-du-Mal où l'on s'immerge dans la vie quotidienne des français sous la Régence de Philippe, duc d'Orléans. Florent Bonnevy préfère la compagnie des petites gens qu'il soigne, parfois gratuitement, mais il doit aussi fréquenter les nantis qui se vautrent dans la luxure quand le peuple meurt de faim. La Régence s'inscrit sous le signe du libertinage mais aussi des problèmes économiques de la Couronne. Dans cet opus, Dominique Muller évoque John Law, le banquier écossais à l'origine du billet de banque, impliqué aussi dans la colonisation de la Louisiane. L'homme a toute la confiance du Régent confronté à des finances exsangues après le long règne de Louis XIV et ses campagnes guerrières. Mais il ne fait pas l'unanimité auprès de ceux qui préfèrent les espèces sonnantes et trébuchantes et qui, par ailleurs, cherchent la faille pour chasser Orléans du pouvoir.
Une lecture divertissante et informative.
Même s'il soigne les riches et exerce son art jusque chez le duc d'Orléans dont il est un ami, Florent Bonnevy est surtout le médecin des pauvres et des miséreux. Dans les bas-fonds de Paris, on l'appelle Sauve-du-Mal et on sait que sa porte est toujours ouverte en cas de problème. Aussi n'est-il pas surpris quand, un soir de septembre 1715, une prostituée frappe à sa porte et le guide dans les rues sombres jusqu'à une maison close où un homme est au plus mal. Sur place, Sauve-du-Mal ne peut que constater le décès de l'homme qu'il reconnaît comme Maximin Larive, l'époux d'Aude-Marie, la meilleure amie de sa femme Justine. Pour éviter un scandale, il reconduit la dépouille jusqu'à son domicile, arguant d'un décès lors du transport. La famille, soucieuse elle aussi de préserver les apparences, reste discrète et s'empresse d'organiser un enterrement loin de Paris, sur ses terres de Lorraine. Mais le médecin n'est pas homme à fermer les yeux sur un crime et pour lui, il n'y a aucun doute, Larive a été empoisonné. Au grand dam de Justine qui préférerait que son mari soit plus souvent auprès d'elle, le médecin se lance dans une enquête qui le fera côtoyer des hommes peu scrupuleux, des escrocs prêts à tout pour faire main basse sur la fortune d'autrui.
Premier tome des enquêtes de Florent Bonnevy, médecin parisien, né aux Pays-Bas dans une famille juive, ce qu'il cache à tous, même à sa femme, la délicieuse et piquante Justine. Cartésien, féru de sciences, il est très dévoué à ses patients, surtout les plus pauvres, mais a aussi ses entrées chez Philippe d'Orléans, appelé à devenir Régent suite au décès de Louis XIV. Epris de justice, il n'hésite pas à donner de sa personne pour démasquer une bande de malfrats, allant jusqu'à fréquenter une maison close, ce que lui reproche vertement son épouse. Mais Justine est amoureuse et pardonne tout à son mari qui le lui rend bien, la laissant libre de s'immiscer elle aussi dans ses enquêtes.
Ce qui fait le charme de ce polar historique, c'est d'abord l'écriture de Dominique Muller, fluide et bien ancrée dans l'époque, et aussi le contexte historique. Cette première enquête se situe quelques jours après la mort du Roi Soleil et on assiste au combat de coqs que se livrent ses potentiels successeurs. Mal aimé, entouré d'une réputation sulfureuse, c'est le duc d'Orléans qui remporte la palme en devenant Régent. Lucide, voire cynique, il s'entoure d'individus pas toujours recommandables mais suffisamment riches pour l'aider à assainir les finances de l'Etat.
Une bonne entrée en matière, divertissante et instructive. Le couple Florent/Justine est sympathique et attachant et on aura plaisir à les suivre dans d'autres aventures.
Bon livre. Bien écrit. On s'attache aux personnages. Surtout la petite prostituée vouée à un tragique destin... Je regrette d'ailleurs que sa vie finisse ainsi...
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