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M. Christopher Bollen est un écrivain qui se plaît à mettre en scène de terribles engrenages, d’une beauté et d’une cruauté rare. Et son premier roman, « Manhattan people », ne déroge pas à cette constante dans son œuvre. Le foisonnement de personnages et les multiples destins croisés nous entraînent vers un éblouissant final, sous les éclairs et la foudre menaçante qui s’abat sur New York, comme si le tragique complot ourdi tout du long ne pouvait pas finalement aller ailleurs que vers ce dénouement.
Nous suivons ici les destinés de Joseph, acteur marqué par le sort funeste d’une légende familiale, de sa compagne Del, d’origine grecque et qui ne rêve que de sa carte verte et des serpents dont elle s’occupe, de son amie Madi, d’origine indienne et qui ne souhaite que de renouer avec le pays de son père, qu’elle désire connaître, de son frère, Raj, ancien amant de Del, photographe cherchant à reconquérir son amour passé, de William, acteur comme Joseph, mais moins en veine ces derniers temps, plutôt marqué lui par la drogue et les excès, cherchant pour sa part à s’extirper de son rêve devenu cauchemar.
De tous les personnages j’avoue ma préférence pour William, et pour les suites de hasards et de coïncidences qui émailleront son parcours. La réussite du parcours de ce paumé qui en viendra au crime (je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir) est éblouissante. M. Bollen se plaît à complexifier les liens avec les autres personnages et décrit parfaitement les atermoiements des tentatives désespérées (et de plus en plus pathétiques) qu’effectue William, jusqu’à l’extraordinaire final dans les locaux de la police judiciaire new-yorkaise.
Je n’en dévoilerai pas plus, conscient des lacunes de ce résumé superficiel, mais je vous invite à suivre ces parcours de vie et espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à la lecture de ce premier roman de M. Bollen qui, même s’il n’est pas son meilleur, est déjà marqué par son style précis et agréable et par son indéniable sens de la mise en scène et sa parfaite maîtrise d’une intrigue complexe. A découvrir.
Un nouveau cru de M. Christopher Bollen, qui, même s’il n’est pas aussi excellent que Long Island ou Un si joli crime, reste très bon.
Plus encore que dans les deux autres romans cités, que j’avais lu précédemment, l’importance du décor de l’île de Patmos est palpable dès les premières pages. La description qu’en fait l’auteur, nous ravissant de son atmosphère (des moines aux hippies, tous fous de l’Apocalypse), ses couleurs, ses paysages nappés de soleil, tant sur la mer que sur la terre. Et dans ce cadre idyllique, le prologue angoissant et intriguant nous révèle déjà les dangers. Sans que l’on puisse nommer précisément la menace, la voilà qui plane, et qui va nous accompagner tout au long du récit, dès l’instant où le narrateur, le jeune riche déshérité Ian arrive sur l’île. Il vient tenter d’y retrouver son ami de jeunesse, Charlie, lui aussi riche héritier et pas encore déshérité, espérant qu’il lui viendra en aide. Charlie lui proposera de devenir son second dans l’entreprise de location de yacht pour touristes fortunés sillonnant les îles de la méditerranée. Ian accepte, en promettant de couvrir Charlie par un mensonge anodin, du moins c’est ce qu’il pense. Plus rien ne se passera dès lors comme prévu quand il s’avèrera que Charlie a bel et bien disparu. Ian se plongera alors dans les affaires de son ami, d’abord pour retrouver sa trace, et finalement peut-être pour le sauver…
Bien sûr, je ne vous révèlerai pas le fin mot de l’histoire, mais sachez que comme d’habitude le style de M. Bollen est d’un très bon niveau. Un léger bémol vient peut être de certains personnages un poil trop stéréotypés, comme le frère trop parfait et robotique de Charlie, ou sa petite amie ex-actrice capricieuse et incertaine. Heureusement, d’autres plus complexes sont intéressant, le marin Christos, Ian bien sûr, dont on ne sait jamais bien où sont situés les repères moraux et dont le récit est ainsi très plaisant à suivre, ou Miles, l’ami méprisé. Autre point faible, malgré l’intrigue tortueuse et confuse, j’ai ressenti dans Beau Ravage moins de maîtrise dans le dénouement. Mais ces défauts mineurs sont balayés par un style toujours fluide et agréable, d’une maîtrise de l’intrigue et de la trame narrative, et d’une peinture psychologique ambiguë et troublante des complexités de l’amitié. A lire sans hésiter donc !
M. Christopher Bollen confirme à mes yeux son talent avec ce roman vénitien envoûtant, où les tromperies de deux jeunes hommes avides de liberté vont mettre en place un engrenage diabolique, avec, toujours avec cet auteur, ce style délicieux, aux phrases précises et maniérées, aussi admirables que les œuvres d’arts des palazzi que nous traversons dans une Sérénissime trouble, en attente de l’irrémédiable naufrage.
Même s’il met moins de suspens que dans Long Island, M. Bollen se plaît à instiller une tension avec sa peinture des caractères des protagonistes, et il parvient avec brio à amener des menaces inattendues, comme ce personnage de Dulles, qui va mettre au supplice le charmant Nick, juste au moment où il est si certain d’avoir réussi son coup, ou bien encore la sœur mystérieuse de Freddy van der Haar, qui élève des chevaux bien loin de Venise, perdue quelque part en Amérique du Sud, mais qui, par l’intermédiaire d’un notaire et bien aidé par un coup de fil de l’arnaqué, pourrait bien faire capoter l’arnaque.
L’arnaque en question est double, celle d’abord lié à l’orfèvrerie d’art, où des faux mal fagotés devront passer pour authentiques aux yeux d’un milliardaire prêt à tout pour s’approprier les restes de la gloire des van der Haar. Nick et Clay, les amants à la manœuvre de la tromperie, ont pour cela des motivations différentes. Clay a hérité de Freddy van Haar, qu’il a accompagné dans sa fin de vie, allant même jusqu’à s’endetter quand beaucoup croit qu’il a joué au gigolo pour faire main basse sur l’héritage. Nick voit là une occasion de briller aux yeux de Clay, qu’il aime sincèrement, car il est celui qui lui a fait quitter sa vie new yorkaise sans surprise. Puis, une fois ce coup réussi, l’arnaque prendra une nouvelle ampleur quand Nick imaginera un moyen d’aller encore plus loin. Sans qu’il se doute de la funeste mécanique ainsi déclenchée…
Nouvelle réussite donc pour M. Christopher Bollen, avec une peinture magnifique de Venise pour cette nouvelle intrigue retorse et précise, où les conséquences d’une cupidité démesurée sont passées au scalpel de l’écriture toujours agréablement surannée et tellement maîtrisée de l’américain. A dévorer avant que Venise ne sombre…
M. Christopher Bollen est un auteur au talent certain, son Long Island le prouve sans contestation possible. Et un auteur dont les maîtres en littérature sont autant Christie que Tartt, avec une touche d’analyse de la société américaine dans la veine d’un Franzen.
Son livre se déroule à Orient (titre du roman en version originale), petite bourgade perdue, sauvage, au bout du bout de la pointe de Long Island. Mills Chevern est un jeune sans trop d’avenir, avec des problèmes de drogues et une sexualité parfois mal assumée, ramené de New York par Paul Benchley, qui souhaite gentiment l’aider et lui a proposé de venir l’assister dans le tri et le rangement de sa propriété. Mais, très vite, l’atmosphère devient oppressante. Jeff, l’homme à tout faire de la ville, se noie. Tout le monde imagine que c’est lié à son alcoolisme, mais quand Magdalena, la doyenne du Comité Historique, y passe à son tour, piquée par l’une de ses chères abeilles, le soupçon d’avoir un meurtrier au cœur de leur petite communauté s’empare des habitants.
Suivront un incendie, des tromperies, des soupçons de manœuvre malpropre du gouvernement dans le laboratoire de Plum Island, qui serait à l’origine des animaux mutants qu’on retrouve sur les plages battues par les vents. A l’ombre des phares de la côte, les mystères et les faux-semblants s’additionnent pour le plaisir du lecteur. D’autant que la prose de M. Bollen est fluide est agréable, emplie de délicieuses trouvailles, et avec un charme parfois suranné mais si agréable, que je trouve semblable à celui de la grande DonnaTartt. Et il y a quelque chose de balzacien dans son étude de la communauté, dans sa façon de peindre ses personnages d’artistes, sa mère désespérée, ses habitants attachés à leur patrimoine, ses chasseurs et ses agriculteurs bouleversés par les nouveaux résidents qu’ils voient d’un mauvais œil venir prendre leurs quartiers sur la terre de leurs ancêtres.
En bref, un régal d’atmosphère et une intrigue retorse à souhait, même si j’ai découvert le coupable avant la fin. Même si je dois avouer que les derniers rebondissements m’ont tout de même surpris, et que le sens de la tension narrative de l’auteur est excellent, au point que j’ai lu fébrilement jusqu’au bout son récit pour être sûr de ne pas m’être trompé, et pour savoir le sort réservé à ses personnages. Hautement recommandable.
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