Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
C'est un récit très personnel entre l'autobiographie et l'essai.
Alexandra Koszelyk a perdu ses parents dans un accident de voiture très jeune, elle dit dans son livre "Je suis née à 8 ans 7 mois et 12 jours", jour du drame où elle se réveille seule dans un hôpital. Avant cela, oubli de tout souvenir.
Elle nous raconte sa dépossession, la difficulté de faire son deuil, ses parents étant déjà enterrés sans qu'elle puisse leur dire au revoir. Cette culpabilité, la douleur et l'absence trop difficile à vivre pour elle et son jeune frère.
Elle va découvrir le pouvoir rédempteur des mots en écoutant les chansons de Goldman puis dans les livres : Milan Kundera, Antigone, Gaudé... ces mots qui lui feront prendre conscience qu'une vie est possible malgré les deuils. Puis plus tard Joan Didion, Joyce Carol Oates, Camille de Toledo, Antoine Wauters.
Introspection, réflexion, peur de la transmission de ses peurs au moment de devenir mère, un livre encore "La mer noire " de Kéthévane Davrichewy dont une phrase résonne en elle "Ce qui compte c'est avancer sans se retourner" va être importante.
Elle est aussi en constante recherche de son identité, sur ce qui la définit, retrouver la vérité de ses origines en cherchant ses racines comme l'étymologie : la racine des mots et va commencer à écrire via son blog "Bric a book" et ensuite utiliser l'écriture pour lutter contre l'oubli.
Ecrire c'est un allégement, c'est donner du sens, naîtra "l'archiviste" , ses racines, sa langue maternelle : l'ukrainien, hommage à sa grand-mère. Lire et écrire pour oublier la mort et faire naître l'espoir.
Ce récit est touchant, écrit comme un journal, d'une justesse incroyable. L'écriture sensible, d'une grande sincérité nous emmène au coeur de l'intime. Elle parle des traumas de l'enfance, évolue de l'ombre à la lumière, fait remonter ce qui est enfoui en elle jusqu'à la libération en écrivant les pages de sa vie qui lui ont été volées.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
..La fiction m'aura apporté ce que je n'aurais pas pu vivre autrement.
L'image qu'on a de soi n'est pas l'image que les autres ont, mais laquelle est la plus vraie ?
L'enfant que je suis encore grandit dans un monde où l'adulte n'est pas fiable, pour une raison qui m'échappe encore. Celui-ci omet, tronque, maquille, falsifie et trahit la confiance accordée par l'enfant. Quel est cet aveuglement? Pourquoi agir comme si rien ne s'était passé ?
C'est sans doute cela, les ruptures. Un silence, puis une parole qui par la suite n'est plus jamais la même.
Et il y a de ça, dans ces chansons, une sortie de mon statut d'orpheline, qui m'apprend alors que malgré la douleur, l'absence et les deuils, une vie est possible, en dehors des cases que la vie nous impose. Et même si nous ne réussissons pas à rebondir, à nous extraire du chagrin ou de la douleur, le plus important est d'être nous-mêmes.
Les livres sont ces histoires qui me permettent de saisir que la vie est faite d'embûches dont il faut se relever.
Je porte un vêtement que personne ne voit, une chair tissée de mots dits qui se sont agglutinés au fil des générations. Á ma naissance, je n'étais donc pas nue, mais déjà enveloppée des roches compactes que je ne pouvais m'ôter. Sur les bâtiments romains est gravé le nom de leur fondateur, il en va de même pour nous, une épigraphe illisible inscrite sur notre front, et nous nous demandons comment la déchiffrer.
On fait avec, la douleur ne disparaît pas, la résilience est un concept qui permet de rassurer l'autre, de se dire que, malgré les traumatismes, la vie et la joie sont toujours possibles.
Tout l'intérêt de l'écriture réside là. Mieux se connaître soi, sans jamais arriver toutefois à se comprendre totalement, se remettre à l'écriture, à la création.
https://nathavh49.blogspot.com/2025/01/pages-volees-alexandra-koszelyk.html
Ayant entendu parler en bien tant de son auteure que de cet ouvrage, j’étais heureuse de pouvoir le découvrir.
Il s’agit d’un essai autobiographique, où Alexandra KOSZELYK se « livre » sur son passé, tout en parlant de son présent, grâce à cette résidence d’écrivains qui fait remonter en elle un drame qu’elle a subit à 8 ans : la perte de ses parents dans un accident de voiture.
Voici un récit très intime que j’ai beaucoup apprécié. Et pourtant, j’avoue que je ne suis pas forcément très adepte de ce genre d’ouvrage.
Là, je l’ai lu d’une traite et j’ai trouvé que la forme d’un journal était très adaptée à cette réflexion sur la vie.
Et puis, cet amour de la littérature, qui lui permet de s’en sortir et de nous délivrer ce récit tout en finesse et pudeur, m’a ému ; d’autant plus que j’ai moi-même perdu mes grands-parents dans un accident de voiture, à l’âge de 11 ans.
C’est donc un grand merci que j’adresse à #NetGalleyFrance et #AuxForgesDeVulcain pour m’avoir fait découvrir ces subtiles #Pagesvolées.
J’ai eu la chance de faire la connaissance d’Alexandra en 2017. Avant la publication de son premier roman (« À crier dans les ruines ») Depuis, je les ai tous lus (à l’exception d’Emona, roman jeunesse) et je les ai tous beaucoup aimés …
Et c’est à la sortie de son dernier (magnifique) ouvrage que je découvre la tragédie qui l’a heurtée de plein fouet à l’âge de huit ans, sept mois et douze jours. Son petit frère, lui, en avait trois …
Perdre ses deux parents, quand on est une aussi petite fille, ne peut être que le summum de l’horreur ! Alexandra nous confie ses sentiments d’alors et ceux – également douloureux – des années suivantes, avec une sincérité et une pudeur particulièrement bouleversantes. Ainsi que l’influence de son vécu sur le contenu de ses romans, sur la quête de ses origines ukrainiennes … L’écriture est d’une rare beauté (et surtout d’une grande douceur) comparée à l’intolérable violence des évènements. C’est tout simplement magnifique et déchirant ! Gros coup de coeur pour ce témoignage, au cours duquel l’auteure se livre sur sa tragédie personnelle et son immense capacité de résilience, en nous prouvant – une fois de plus – sa très grande compétence d’écrivaine.
Avec ce récit, ce texte comme le qualifie l’autrice, Alexandra Koszelyk, nous confie les particularités de son parcours, dont elle avait parsemé ses romans en attribuant aux personnages des caractéristiques issues de sa propre biographie.
La tragédie initiale qui fait dire à Alexandra Koczelyk qu’elle est née à l’âge de huit ans et demi est d’emblée évoquée, pour la sortir de ce silence qui fut considéré comme nécessaire pour l’enfant qui ne se souvient de rien. Mais ne pas se souvenir ne signifie pas que toute trace est effacée. On vit avec malgré tout, dans un magma de symptômes en quête de sens.
Ce que fait l’écriture sur son auteur, ce que l’auteur imprime de sa personnalité et de son histoire dans ses écrits sera l’un des leitmotiv du texte;.Lecture et écriture sont deux piliers qui l’inscrivent dans un parcours rédempteur.
« Dans ce mouvement de balancier entre l’oubli et la ribambelle de questions, les livres ont été une place de salut. »
La prose est belle, riche, et remplit le contrat moral imposé dès les premières années par le père : apprendre l’ukrainien, pourquoi pas mais d’abord maitriser la langue du pays d’accueil. C’est d’ailleurs par le biais de la langue et portée par une actualité dramatique que l’autrice consacre du temps à l’apprentissage de la langue de sa famille exilée.
Réflexion profonde sur la place de l’écriture dans sa vie, sur les traumatismes d’enfance, sur les pouvoirs du langage, Pages volées, rédigé lors d’une résidence est un texte émouvant et sincère.
304 pages Aux Forges de vulcain 23 août 2024
#Pagesvolées #NetGalleyFrance
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !