"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand des pages entières de votre vie vous ont été volées, comment faire pour les retrouver, si ce n'est les écrire ?
Les parents d'Alexandra meurent dans un accident de voiture alors qu'elle n'a que huit ans. Elle est recueillie avec son frère par sa tante. Tandis qu'elle grandit entre premiers amours et amitiés adolescentes, un immense vide demeure en elle. Qui est-elle ? L'orpheline ? L'Ukrainienne ? La jeune fille qui aime les histoires ?
Vingt ans plus tard, alors qu'elle revient en Normandie, elle entreprend une enquête sur ce qui a permis sa survie : la langue, la littérature et l'écriture.
Un récit poignant sur ces continents intérieurs que nous habitons et qui nous habitent.
Ayant entendu parler en bien tant de son auteure que de cet ouvrage, j’étais heureuse de pouvoir le découvrir.
Il s’agit d’un essai autobiographique, où Alexandra KOSZELYK se « livre » sur son passé, tout en parlant de son présent, grâce à cette résidence d’écrivains qui fait remonter en elle un drame qu’elle a subit à 8 ans : la perte de ses parents dans un accident de voiture.
Voici un récit très intime que j’ai beaucoup apprécié. Et pourtant, j’avoue que je ne suis pas forcément très adepte de ce genre d’ouvrage.
Là, je l’ai lu d’une traite et j’ai trouvé que la forme d’un journal était très adaptée à cette réflexion sur la vie.
Et puis, cet amour de la littérature, qui lui permet de s’en sortir et de nous délivrer ce récit tout en finesse et pudeur, m’a ému ; d’autant plus que j’ai moi-même perdu mes grands-parents dans un accident de voiture, à l’âge de 11 ans.
C’est donc un grand merci que j’adresse à #NetGalleyFrance et #AuxForgesDeVulcain pour m’avoir fait découvrir ces subtiles #Pagesvolées.
J’ai eu la chance de faire la connaissance d’Alexandra en 2017. Avant la publication de son premier roman (« À crier dans les ruines ») Depuis, je les ai tous lus (à l’exception d’Emona, roman jeunesse) et je les ai tous beaucoup aimés …
Et c’est à la sortie de son dernier (magnifique) ouvrage que je découvre la tragédie qui l’a heurtée de plein fouet à l’âge de huit ans, sept mois et douze jours. Son petit frère, lui, en avait trois …
Perdre ses deux parents, quand on est une aussi petite fille, ne peut être que le summum de l’horreur ! Alexandra nous confie ses sentiments d’alors et ceux – également douloureux – des années suivantes, avec une sincérité et une pudeur particulièrement bouleversantes. Ainsi que l’influence de son vécu sur le contenu de ses romans, sur la quête de ses origines ukrainiennes … L’écriture est d’une rare beauté (et surtout d’une grande douceur) comparée à l’intolérable violence des évènements. C’est tout simplement magnifique et déchirant ! Gros coup de coeur pour ce témoignage, au cours duquel l’auteure se livre sur sa tragédie personnelle et son immense capacité de résilience, en nous prouvant – une fois de plus – sa très grande compétence d’écrivaine.
Avec ce récit, ce texte comme le qualifie l’autrice, Alexandra Koszelyk, nous confie les particularités de son parcours, dont elle avait parsemé ses romans en attribuant aux personnages des caractéristiques issues de sa propre biographie.
La tragédie initiale qui fait dire à Alexandra Koczelyk qu’elle est née à l’âge de huit ans et demi est d’emblée évoquée, pour la sortir de ce silence qui fut considéré comme nécessaire pour l’enfant qui ne se souvient de rien. Mais ne pas se souvenir ne signifie pas que toute trace est effacée. On vit avec malgré tout, dans un magma de symptômes en quête de sens.
Ce que fait l’écriture sur son auteur, ce que l’auteur imprime de sa personnalité et de son histoire dans ses écrits sera l’un des leitmotiv du texte;.Lecture et écriture sont deux piliers qui l’inscrivent dans un parcours rédempteur.
« Dans ce mouvement de balancier entre l’oubli et la ribambelle de questions, les livres ont été une place de salut. »
La prose est belle, riche, et remplit le contrat moral imposé dès les premières années par le père : apprendre l’ukrainien, pourquoi pas mais d’abord maitriser la langue du pays d’accueil. C’est d’ailleurs par le biais de la langue et portée par une actualité dramatique que l’autrice consacre du temps à l’apprentissage de la langue de sa famille exilée.
Réflexion profonde sur la place de l’écriture dans sa vie, sur les traumatismes d’enfance, sur les pouvoirs du langage, Pages volées, rédigé lors d’une résidence est un texte émouvant et sincère.
304 pages Aux Forges de vulcain 23 août 2024
#Pagesvolées #NetGalleyFrance
Ce lever de soleil à travers cette porte est à l'image de ce texte et de sa lecture. Un texte intime, genre de journal de résidence d'écrivain.
J'ai lu et apprécié les textes romanesques précédents et quel plaisir de lire les ressentis, les réflexions de cette jeune femme. Elle va faire une résidence d'auteur dans la région de son enfance. Elle va nous dévoiler le drame qu'elle a vécu enfant : « Je suis née à huit ans, sept mois et douze jours. ». Un accident de voiture et, elle et son frère vont devenir orphelins. Elle va se questionner, nous questionner, tenter d'expliquer comment on continue, on construit sa vie après un tel drame.
Professeure de lettres (et qu'est ce que ses élèves ont de la chance), les livres ont toujours eu un rôle important dans sa vie. De belles pages de lecture, de références littéraires. Ce texte n'est jamais larmoyant, c'est un texte d'espoir et j'ai aimé lire certaines de ses réflexions sur le monde actuel, sur l'éducation, sur le métier d'enseignant.
Ce sont des pages volées mais aussi des pages données. Elle se questionne mais nous nous questionnons aussi avec elle, sur la vie, le pouvoir de l'imaginaire, sur la liberté , sur la transmission.
Elle parle donc très bien de la lecture, de l'écriture, des relations avec son éditeur, du "simple fait" de poser des sentiments en mots, des maux en mots.
Ce texte intime m'a donné envie de (re)lire des textes, que ce soit ceux qu'elle cite ou les siens.
#Pagesvolées #NetGalleyFrance
Pages volées, ce récit est le livre le plus intime d’Alexandra Koszelyk. À partir de réflexions personnelles sur la littérature et sur ses choix d’écriture, sa voix, trouvée au cours d’une retraite littéraire, émeut terriblement tant elle se confie avec courage et émotions.
« Me remettre en écriture comme on irait se calfeutrer dans un monastère. »
Une question d’une autrice, lors de sa résidence littéraire en Normandie renvoie Alexandra Koszelyk directement au sens de son écriture. En lui demandant si grâce à elle, elle va à l’origine des choses, la réflexion peut cheminer. Après quatre romans, la rédaction de son journal livre ses constats bruts sur son identité, son enfance et la façon dont elle a grandi et appréhendé sa vie adulte.
« Sans cordon, sans corps non plus, un lien plus profond persiste. C’est lui que je veux sonder, aller fouiller, remuer la vase et ne plus nager dans une eau stagnante, mais qu’au contraire cette source redevient vivante, enrichit de toute cette boue grouillante de vie. »
Ce récit est attachant, touchant et extrêmement émouvant. Ce n’est pas une catharsis, ce sont des réflexions intimes, bouleversantes, notées au fil de son repli en soi. Il renvoie à l’universalité, à notre position par rapport à nos propres failles, nos propres combats, nos propres signifiants. « Parce que sans ces failles n’existeraient pas ces continents en nous. »
Enfance
La narratrice confie son vécu lors du décès de ses deux parents dans un accident de voiture, devenue orpheline dès 8 ans. Arrivée à l’âge adulte, l’écriture tient une place maîtresse dans son univers. Cette résidence littéraire fera surgir la possibilité d’écrire « Je », loin d’une fiction rassurante, pour lui permettre de trouver toutes les facettes de sa voix singulière. « L’autofiction pour déposer et ne plus répéter.«
Cette voix la ramène à l’enfance, aux champs, aux forêts, aux lieux du grand-père mais aussi de l’autre côté de son identité avec sa grand-mère, si particulière, la cultivatrice qui souhaitait implanter sa famille dans sa terre d’exil.
Sa passion
Alexandra Koszelyk raconte sa passion pour la littérature qui lui a permis d’apprendre à vivre. « Les livres me font fuir la réalité pour respirer. » Elle dissèque la place de la lecture dans sa vie, la façon de s’en saisir pour se dessaisir de tout ce qui alourdit son histoire, de tout ce qui empêche. Elle se livre corps et âme dans ce journal intime pour mieux se libérer du silence et de son mutisme.
Le texte d’Alexandra Koszelyk est courageux, sans complaisance et en toute simplicité, avec beaucoup de sincérité. Elle détaille les « piquets » de sa vie qui lui ont permis cette introspection au fil des jours pour faire tomber les masques de la fiction et trouver la force d’exprimer une autre façon de raconter l’intime.
Un vrai coup de cœur !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/09/14/alexandra-koszelyk-pages-volees/
Lire, Alexandra Koszelyk, c’est entrer dans un monde poétique, c’est parcourir une écriture d’une grande délicatesse, c’est ressentir des émotions à fleur de peau, c’est découvrir de la beauté derrière un monde fissuré. Oui, mais là, dans son dernier ouvrage, "Pages volées", c’est bien autre chose. Comment en rédiger une chronique ?
Une chronique, c’est une manière de dire pourquoi j’ai aimé ou pas, pourquoi j’aurais préféré… Et là, ce n’est pas pareil. Ce nouvel opus de l’auteure n’est pas un roman. C’est une plongée dans son propre passé, dans une vie d’avant dont elle a peu de souvenirs. Elle nous raconte ses huit ans et l’horreur d’un accident de voiture. Ses parents sont décédés, son petit frère et elle ont survécu. Comment lire un tel texte sans avoir à la fois la boule au ventre et le cœur serré ? Et pourtant, c’est une admiration sans borne pour cette petite Alexandra devenue grande, professeur de lettres classiques et magnifique auteure qui se fait jour.
Admiration car Alexandra Koszelyk réussit l’exploit, en se racontant, de nous parler à nous, ses lectrices et lecteurs. Toute sa vie est là, sous nos yeux : la résilience, le pouvoir des mots et de la littérature, son travail d’auteure, l’Ukraine, son pays d’origine, dont elle porte haut et fort les couleurs, sans oublier son métier d’enseignante. C’est un récit intime, une réflexion personnelle sur la lecture "Ouvrir un livre est le même geste que celui d’ouvrir un cercueil et de [me] plonger dans le froid du tombeau…" sur l’écriture aussi, histoire de retrouver ces "Pages volées", qui nous est proposé.
Admiration car elle possède l’immense talent de faire de ce récit intime et pudique à la fois, un ouvrage lumineux, peuplé de références littéraires et musicales, ouvert sur le monde. Une lecture bouleversante qui m’a ramenée quelques quarante ans en arrière quand une petite Marion – visage piqueté de taches de rousseur et encadré de boucles blondes – est arrivée dans ma classe de Cours Préparatoire, quelques jours après la mort de sa maman dans un accident de voiture.
"Pages volées" ou comment réparer le passé pour vivre un présent serein et envisager un avenir heureux. Un ouvrage que je ne pourrai oublier.
https://memo-emoi.fr
J’ai aimé tous les romans d’Alexandra, je me réjouissais donc de lire celui-ci en cette rentrée littéraire. Il s’agit d’un texte hybride, écrit lors d’une résidence et nourri par les rencontres avec les lecteurs autour de « L’Archiviste », son précédent roman.
La forme change, c’est un récit intime ou de l’autofiction. Il est organisé à la manière d’un journal, avec une date et un lieu à chaque chapitre. Elle parle de sa vie depuis l’accident de voiture où ses parents sont morts. Elle a survécu, ainsi que son frère. A 8 ans et demi, elle a déménagé chez son oncle et sa tante. C’est un deuil impossible pour elle, elle n’a pas pu assister à l’enterrement. Son enfance est marquée par la tristesse et l’impossibilité de l’exprimer. Elle a une sorte d’amnésie de ses 8 premières années, aucun souvenir de ses parents.
Elle parle de la façon dont elle a grandi, des choix qu’elle a fait pour ses études notamment, de son rôle de mère. Elle fait des liens avec la littérature, beaucoup d’auteurs sont cités comme Kundera. Tout fait sens et résonne. Elle dit également l’importance de l’écriture et de la lecture dans sa vie, qui sont un refuge.
Elle tisse des liens et nous donne des clés de compréhension de ses romans, des personnages et des thèmes. Dans ce livre elle a voulu parler d’identité aussi, de ses origines ukrainiennes. C’est passionnant, riche et généreux.
J’ai noté de nombreuses phrases, signe que j’ai beaucoup aimé ce livre sincère et magnifiquement écrit, qui m’a touchée. C’est un beau cadeau qu’Alexandra nous offre. J’aimerais désormais le relire, en version papier, en prenant mon temps, au même rythme où il a été écrit. C’est une lecture qui demande parfois plus d’attention et de concentration.
Si vous aimez les récits intimes et les références à la littérature, ce livre peut vous plaire !
Je remercie Netgalley et les éditions Aux forges de Vulcain pour cette lecture enrichissante
Le choix des mots, la force et la puissance de la littérature
« Il est temps de dévoiler, d’écrire. Faire mon apocalypse. »
L’auteure ne s’en cache pas. Pages volées est un livre très personnel. « Que dit ce livre qui me raconte, dans cette quête de mon identité, interrogée lors des rencontres autour de mes livres. »
Il évoque la vie d’Alexandra Koszelyk, contée par elle-même au travers d’un journal d’écriture entamée lors d’une résidence d’écriture en Normandie en juillet dernier. C’était un souhait de l’auteur : parler de soi sans avoir « envie de recourir à la fiction. »
Alexandra a perdu ses parents lors d’un accident de la route à l’âge de 7 ans. Comment se construire ? « Survivre, c’est vivre deux fois, et pour moi, et pour eux qui ne le pouvaient plus. »
« Survivre est une dette envers ceux qui sont morts. Survivre, c’est surmonter. »
Car oui, « La vie qui continue est une obscénité, le corps poursuit sa course, malgré le chagrin. Là où l’esprit voudrait mettre en pause, le corps est sourd, ou du moins ses fonctions primaires s’obstinent, tel un esprit malin. »
Car oui « Fa(m)ille. Un M, un « aime » sépare la famille de la faille. Et si tout se nichait là ? Dans un manque d’amour ou un amour impossible ? Mais comment faire jaillir de tels gestes face à un corps replié sur lui-même. Enfant sauvage, mutique, le regard noir. La fillette devenue corbeau qui pique de son bec. »
Heureusement, il y a la littérature, il y a les livres et puis plus tard l’écriture. « Cette écriture que j’avais en moi, qui sortait par vague, jusqu’à ce geste d’y croire, d’oser. Qui depuis ne m’a plus jamais quitté. »
N’est-ce par conséquent pas logique et normal que ce livre ait vu le jour ? Car en effet, « Est-ce véritablement un hasard, ou bien écrit-on ce qui peut désormais advenir, comme un souhait profondément enfoui ? »
« Il n’y avait finalement pas de silence, les mots nichés à l’intérieur de moi attendaient le bon moment, pour s’extirper de la gangue dans laquelle ils s’étaient pétrifiés. Sur le papier blanc, ils roulent, tout joyeux d’être libérés de sept ans à accumuler. »
Pages volées est une masterclass tant les analyses sont profondes, l'écriture travaillée et le contenu richissime. Mélange d'essais et d'imaginaire, de journal intime et de cours théoriques, ce puzzle hétéroclite de l'enfance, de réflexions, de souvenirs, de monde contemporain fait récit. Tout se répond, se complète, se prolonge. Tout résonne... alors même que tout pourrait dissoner. Tout le talent d’une grande écrivaine.
« Et puis écrire, c’est quitter l’oralité, les rhétoriqueurs, les effets de manche, retrouver l’harmonie de l’écriture, les mots choisis, mettre de côté la langue du mensonge, la fiction n’est pas mensonge, elle est invention. Passer par la nuance, revenir au sens, au mot juste, au mot précis. Réarmer la langue écrit Conetti »
Réarmer la langue, notre belle langue française, celle qui a des origines latines, celles qu’Alexandra enseigne et transmet depuis plus de 20 ans maintenant à des collégiens.
« oublier ses racines, s’oublier en quelque sorte, mais avec ce désir de transmettre, de transmettre aux autres, non pas sa propre vie, par pudeur, sans doute, mais aller au-delà et transmettre ce qui permet de faire de nous, des êtres humains. »
Cette langue qu’elle met sublimement en valeur par une écriture très littéraire. Rien n’est laissé au hasard : du choix des mots au style usité en passant par la construction des phrases. Hybride, érudit, exigeant, émouvant, magnifique.
« Le lecteur est celui qui se déchausse au moment d’entrer dans un sanctuaire. Il y entre nu, avide de découverte. En refermant le livre, il portera de nouveaux habits, sera allée à la rencontre d’autres vies, d’autres histoires, et portera vers l’autre le regard d’un ami. »
En refermant Pages Volées, vous aurez l’impression de mieux connaître Alexandra, son cheminement complexe, sa résilience, sa volonté et ses doutes, vous aurez surtout la certitude d’avoir bénéficié d’un immense privilège : celui d’avoir lu un grand livre.
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