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Rentrée littéraire 2023 : les écrivains et la complexité de l’amour

L'élan amoureux et le couple sous toutes leurs facettes, avec 5 premiers romans à découvrir

Rentrée littéraire 2023 : les écrivains et la complexité de l’amour

L’amour, sujet inépuisable de la littérature, rayonne souvent dans les romans de la rentrée. Cette année ne fait pas exception. S’unir, se désunir, tromper, charmer…

La pluralité des sentiments donne aux écrivains une matière florissante pour traiter l’élan amoureux ou bien au contraire, la grande complexité du couple. Mais comment faire son choix ? Voici une sélection de cinq premiers romans à découvrir autour de cette thématique.

 

Débutons avec Le Roman de Jeanne et Nathan (Actes Sud) du dramaturge Clément Camar-Mercier, notamment spécialiste de William Shakespeare – ça ne s’invente pas ! L’auteur inscrit ses deux personnages éponymes dans leur époque, l’une est actrice pornographique, l’autre donne des cours sur le cinéma américain tout en se droguant à longueur de temps pour supporter son quotidien. Au cœur du chaos moderne, Jeanne et Nathan vont se rencontrer et s’aimer comme on aime quand tout s’effrite, spéculer sur l’essence même de leur réalité, ce que l’on ne supporte qu’avec une béquille, inscrivant pourtant le roman dans l’esprit des grands classiques médiévaux. Passant du romantisme pur aux faits extrêmement crus, Le Roman de Jeanne et Nathan se construit sur une singularité et un paradoxe hors normes dont on sort nourrit d’une substance philosophique essentielle.

 

Mais l’amour, on le sait bien, n’est pas toujours un long fleuve tranquille. L’écrivaine irlandaise Megan Nolan explore la dépendance affective dans son roman Plus jamais (L’Olivier). La narratrice fait la connaissance de Ciaran, un Danois critique d’art au « nez aquilin » et à la « bouche de chérubin » pour lequel une obsession va rapidement s’installer jusqu’à vénérer le personnage, devenant un objet de plaisir total. La relation dévastatrice et toxique ébranle la jeune femme de dix-neuf ans qui ne vit plus que par cet homme distant à l’allure dépenaillée allant jusqu’à atténuer sa propre personnalité pour lui plaire. D’une écriture et traduction brillante, Plus jamais décrit la passion à ses extrêmes, la peur du vide et celle de la solitude tout en menant vers un ultime questionnement : quel est notre réel rapport à l’autre ?

 

Plus léger (ou pas), un détour dans le Médoc ne fait pas de mal, sauf pour loger dans une maison de vacances qui n’a rien d’idyllique… C’est le cadre d’Atlantique (Plon), le premier roman de Marie Lacire. Lorsqu’Anne rencontre Phil, cet amour naissant devient rapidement sérieux. Ce dernier hérite de sa maison d’enfance à Naujac dans laquelle il garde tout, « petite cuiller, tasse fêlée, morceau de meuble, papillon mort » … Si la maison aspire peu à peu son couple, elle le fait également pour son inspiration. Anne fait face à une panne sèche dans l’écriture de son roman. Subissant la pression de son éditeur et celle de Phil qui s’enfonce dans le syndrome de Diogène, la rencontre fortuite avec un écrivain à succès risquerait bien de soulever d’autres questionnements. Marie Lacire soigne parfaitement son atmosphère et l’état psychologique de ses personnages qui rappellent de temps à autre ceux du célèbre Shining de Stephen King.

 

Vous l’aurez compris, nombreux sont les premiers romans de la rentrée qui traitent l’amour et le couple dans sa plus grande complexité. Jamais deux sans trois donc, avec celui de Cécile TliliUn simple dîner (Calmann-Lévy) qui n’a évidemment rien de simple. Un soir d’août, Johar et Rémi rejoignent Claudia et Etienne chez eux pour un repas entre amis. Claudia, en proie à un immense complexe d’infériorité, a appréhendé ce moment toute la journée en restant cloîtrée dans la cuisine pour préparer le repas. Etienne, son compagnon, ne la met jamais en valeur. Johar et Rémi n’ont pas l’esprit tranquille non plus. Tous nourrissent les intentions cachées des uns et des autres. Le récit s’engage dans des secrets intimes également mêlés au professionnel qui, peu à peu, se révèlent au cours de cette soirée. Un roman au suspense puissant qui défie littéralement toute curiosité et toute conception du malaise en société.

 

Enfin, si l’on anticipait ce que pourrait devenir l’amour dans une tout autre nation ? C’est le pari de l’auteur et journaliste milanais Giulio Cavalli dans son roman L’Ultime Testament (L’Observatoire). Dans le pays de DF, les émotions sont tout simplement interdites. Le couple n’est pas là pour s’aimer, uniquement pour procréer. Les couleurs sombres sont privilégiées, la musique et toutes les autres formes d’art sont également laissées de côté. Dans cet état où monotonie rime avec bienséance, Fausto est soupçonné d’émotivité pour la doctoresse Anna Cordio, un acte gravissime qui le mène tout droit à l’hôpital dans lequel on fera état de sa santé. Cet excellent récit d’anticipation dont les dialogues sont étonnamment intégrés au discours indirect repose sur des failles politiques et sociologiques extrêmes plus proches de la réalité qu’elles n’y paraissent.

Reste à savoir si vous préférez conjuguer l’amour au passé, au présent ou au futur...

 

Marie Jouvin

 

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