"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Je suis une pute de rue.
Pas une call-girl ou quelque chose comme ça ; non, une vraie pute de trottoir, à talons hauts et cigarettes mentholées". Elle est directe, Nanou, pas le genre à faire des manières, non, pas le genre à se voiler la face, à se faire des illusions sur sa vie ou sur celle de ses clients. Elle est juste là pour donner un peu d'amour, et eux sont là pour en recevoir. Dominique, Emmanuel, Victor, Luc, Jipé ou Robert, ils ne demandent que ça, un peu de tendresse, histoire de se fuir un instant, histoire de vivre un peu.
Une galerie de portraits attachants, sincères, de petites gens aux prises avec un monde trop grand pour eux. Et elle est belle jusque dans ses faiblesses, cette humanité-là.
Le récit est en quelque sorte le journal de Nanou, "pute de rue" comme elle se décrit elle-même, et présente une journée de sa vie, augmentée des portraits de ceux qu'elle rencontre, quelques mots sur leur histoire, leur parcours, leurs faiblesses et leurs craintes.
Ce récit court laisse une trace, un souvenir. Il parvient avec art à ne verser ni dans le misérabilisme ni dans le pathos, et à les récrier pour qui souhaiterait y verser malgré tout.
La prose sert admirablement cette intention, ce livre ne recèle pas de scènes voyeuristes malsaines comme le sujet pourrait y prêter, bien au contraire.
Une belle surprise.
Certaines couvertures de livres sans que vous le sachiez pourquoi vous sautent aux yeux excluant de fait toutes les autres, celles qui la côtoient sur les tables des libraires. La couverture d'un livre possède un énorme pouvoir sur le lecteur, elle l'attire, le laisse indifférent voir le repousse. Et lorsque l'on tombe en amour comme le disent joliment les québécois avec une couverture de livre, une seule et unique crainte vous saisit au tout début de votre lecture : que les mots ne soient pas à la hauteur de leur joli écrin, heureusement ici rien de tout cela...
Il est des écrivains qui éprouvent une véritable tendresse pour leur personnage, et Oscar Coop-Phane est de ceux-là. Les individus qui traversent parfois de manière très subreptice ce magnifique premier roman, transpirent la solitude, la misère humaine, et pourtant de sa plume tendre, drôle et vive parfois l'auteur leur donne une dignité. C'est Nanou la pute qui n'a aucune illusion sur la vie qui fait lien confiant sans détour : "je suis une pute de rue. Pas une call-girl ou quelque chose comme ça; non, une vraie pute de trottoir, à talons hauts et cigarettes mentholées". Oscar Coop-Phane se glisse admirablement bien dans cette peau dont on use et on abuse et lavée au savon afin qu'elle devienne rêche sous les doigts et comme désinfecté de l'odeur des autres.
Aucun pathos, aucune once de vulgarité dans ce roman doux et âpre à la fois, où les évènements innommables sont presque vécues par ces petites gens qui les subissent comme des petits pas grand-chose avec lesquels il faut bien composer, la vie ne leur laissant pas le choix.
Comment ne pas éprouver comme l'auteur une bouffée de tendresse pour Dominique, Emmanuel, Victor, Luc, Jipé ou Robert ces clients qui viennent quémander auprès de Nanou quelques moment d'amour pour oublier leur solitude qui colle comme de la crasse à leur peau, juste pour éprouver, pour vivre... un peu.
Oscar-Coop Phane est un formidable portraitiste de la misère humaine, de ces personnages ni beau, ni glorieux, à la vie bancale mais qui vous émeuvent de tant de faiblesses, ces faiblesses qui disent tellement de notre humanité...
Sensible, poétique, âpre et magnifiquement écrit, Zénith-Hôtel est un beau roman et un superbe objet littéraire...
Oscar Coop-Phane est né en 1988.
Le premier roman d'Oscar coop-phane est une réussite et mérite bien le prix littéraire (prix de flore) qu'il a reçu. Son roman raconte la vie de Nanou, une prostituée de longue date. Elle écrit ses "mémoires" en quelque sorte et se livre au lecteur sans pudeur et en toute franchise : "[je suis] un vieux pot plein de foutre qui traine les pieds autour de la gare Saint-Lazare, qui rentre au milieu de la nuit au Zénith-Hôtel pour essayer de dormir en ne pensant à rien."
Résignée, elle sait au plus profond d'elle-même qu'elle "exercera" toujours le plus vieux métier du monde : "la bonne vieille Nanou qui suce et qui baise, qui souffre en silence […] Je n'aime pas ma vie. On n'arriverait pas à vivre autrement. Je suis une putain pour l'éternité."
Et les clients de Nanou ? qui sont-ils ? Des petites gens pour la plupart. On retrouve les portraits de six d'entre eux dans de courts chapitres. Ils recherchent simplement un peu d'amour, de tendresse, quelqu'un à qui parler, se confesser afin de se sentir moins seuls : "Je ne leur donne rien d'autre que l'image la plus crue de leur existence ; le reflet de leur misère […] ils ressortent plus tristes qu'ils sont venus […] le faciès tuméfié par la solitude, cette saloperie de solitude contre laquelle on ne peut rien."
Cette galerie de portraits est touchante tout comme Nanou dont le mots nous hantent à jamais.
Je vous le recommande donc vous invite à consulter le site des éditions Finitude : www.finitude.fr où on peut télécharger le catalogue en PDF.
Enfin un regard original et tendre sur les petites gens!! Zénith hotel évite tous les pièges des poncifs sur la vie d'une prostituée et regarde les femmes avec respect. Bravo à l'auteur de 22 ans pour ce premier roman très bien écrit !!!
D'une très grande économie d'écriture, l'auteur ne cède jamais à la facilité. Pas une image déjà vue, jamais de formules toutes faites, mais le plaisir continu tout au long du livre de rechercher le sens et la belle musique. C'est cru, c'est puissant, c'est coloré et on ne lâche pas le bouquin avant la fin où on se dit qu'on a envie d'écrire nous aussi, tellement cela paraît simple et fluide et élégant malgré la crasse. Une réserve: il manque une note d'optimisme pour brouiller un peu plus les cartes.
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