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"[II s'agit d'] unir les coeurs des différentes classes de cette grande nation encore plus étroitement au Trône et à ces institutions sous lesquelles elles ont le bonheurde vivre" (William E. Gladstone), William Ewart Gladstone (1809-1898), quatre fois chancelier de l'Echiquier, quatre fois Premier ministre, grand tribun populaire, champion des masses opprimées, fut-il réellement le chantre du progressisme comme les historiens se plaisent à le décréter ? Certes, c'est à la force visionnaire et à la poigne exceptionnelle de cet austère mais opiniâtre bourreau de travail que le Royaume-Uni doit d'être entré dans l'ère du libéralisme économique qui sonne tour à tour l'assainissement drastique des finances publiques, l'élargissement de l'électorat au plus grand nombre et la modernisation de l'administration, où triomphera désormais le principe de méritocratie dans le processus de recrutement des fonctionnaires.
Certes, rien ne semble arrêter la soif de réformes du têtu mais ardent Gladstone. Sa volonté d'accorder un pouvoir et une Eglise autonomes à l'Irlande lui attirera l'opprobre général et lui vaudra même la réputation de "dangereux incendiaire" auprès de la reine Victoria. Et, de fait, le brillant fleuron d'Eton, pétri de culture classique, espoir des plus conservateurs en 1830, n'est-il pas devenu, soixante ans plus tard, un radical pur et dur : celui que tous surnomment "the People's William", acclamé à travers tout le pays, ô combien redouté à Westminster ? Mais sous ces apparences se dissimule une tout autre vérité...
Carseule la foi chrétienne a porté Gladstone dans ses convictions et ses combats. S'il prête une attention continuelle aux revendications populaires, c'est unique- ment au nom de la "Providence", principe divin, qui seule permet de maintenir l'équilibre des institutions en anticipant les crises majeures. Un devoir que William Gladstone a rempli au-delà de toutes espérances. Quitte à briser sa propre majorité parlementaire et à défier toute logique de parti, risque que n'eût jamais pris Benjamin Disraeli, son grand rival.
Quitte à terroriser la chambre des Communes, des heures durant, par sa stature d'orateur immense, perpétuellement survolté, virtuose des dossiers les plus retors, défenseur des causes les plus exigeantes... Cette première biographie française rend à Gladstone une envergure chrétienne souvent passée sous silence et témoigne de la complexité du colosse victorien au gré d'un passionnant récit tout en suspense et en coups d'éclat.
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