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La « Maison derrière le mur », le premier projet de Thierry van de Wyngaert en 1989, est le pressentiment d'un parcours singulier. Tout est dit, en 3 mots, d'une oeuvre à venir, d'une position à tenir : simplicité des concepts, argument des formes, face cachée des intentions, interrogation sur le dehors et le dedans, articulation du plein et du vide, provocation ludique de la nudité vs l'habité, pied de nez respectueux à une commande de logement social qui défie les lois du contenant et du contenu, enfin tant de choses lâchées d'un seul jet, « un éternuement architectural » dira Frédéric Edelmann dans Le Monde.
De 1989 à 2019, trente ans sont passés, sans oblitérer cette façon initiatique de se mesurer à la commande publique, comme l'exprime la sélection d'une vingtaine d'oeuvres présentées dans cette livraison de We Archi. Il en ressortira à la lecture plusieurs points de vue, de nature formelle ou fonctionnaliste, qui s'affichent comme récurrents. Pour le formel, une série d'oeuvres à la verticalité affirmée (l'intervention lumineuse sur la tour d'Auguste Perret à Amiens, et la construction d'une série de châteaux d'eau - c'est le moins pour cet architecte aux allures de Don Quichotte - dont le concept de cône renversé sera réutilisé de façon récurrente dans d'autres constructions plus classiques. « Un château d'eau, c'est comme un verre à pied inversé, une forme qui défie les lois de la pesanteur ». Là encore, cette question de contenant et de contenu, d'inversion des modèles, n'est pas de nature précipitée mais se retrouve assumée au coeur d'une stratégie longuement étudiée dans le dessein de se mesurer à la force physique des éléments architecturaux considérés comme des objets dans l'espace.
Le fonctionnalisme est lui aussi caché derrière un mur à trois acceptions. L'horizontalité affichée de beaucoup des constructions de l'agence, mur au-delà duquel se joue une savante connaissance de la différentiation des fonctions, de l'identification des lieux et de l'organisation des flux. C'est donc aussi une architecture savante, dans le sens où elle est affective à chacun des nombreux programmes étudiés (d'une extension d'un centre d'archives diplomatiques (Nantes, 1999) à une base logistique pour les pompiers de Paris (Limeil-Valenton, 2016). Les oeuvres de l'agence ont été maintes fois citées pour leur capacité à définir le lieu, c'est-à-dire à former un ensemble clair et cohérent, à l'image de leur dernière oeuvre parisienne, le Campus Jourdan, à l'angle du boulevard Jourdan et de la rue de la Tombe-Issoire, immense bâtiment compact, expression d'une architecture française de très haut niveau.
Exposition à la Galerie d'architecture à Paris, du 20 décembre 2016 au 15 février 2017.
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