"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Citoyen anglais élevé aux Indes, Durrell adopte la Grèce pour seconde patrie dès l'âge de 23 ans, en 1935, et c'est l'Égypte qui va lui inspirer son chef-d'oeuvre, Le Quatuor d'Alexandrie.
Il y décrit une ville-lumière fascinante, enchanteresse et érotique - "grand pressoir de l'amour" -, étourdissante de vie, et en même temps ville d'ombre, de secrets et d'intrigues, torturée, maléfique. Le British Council l'envoie à Buenos Aires, le Foreign Office, à Belgrade, mais toujours son tropisme le ramène vers le soleil grec. Et c'est en Provence qu'il choisira de passer les trente dernières années de sa vie.
Expatrié, puis réfugié, Durrell souffre de "l'exil qui ratatine le coeur dans son enveloppe". Et toute son oeuvre tente de réconcilier passé et présent, Orient et Occident, à travers une quête spirituelle originale qu'illustre également sa peinture, comme en témoignent les tableaux très peu connus présentés ici. Puisant dans ses récits de voyage, ses poèmes et sa correspondance - notamment avec Henry Miller, son ami pendant quarante-cinq ans -, Corinne Alexandre-Garner revisite une oeuvre foisonnante et complexe où l'écriture sensuelle, solaire donne à voir non seulement des lieux aimés mais aussi des paysages intérieurs contrastés, un espace psychique parfois très sombre, marqué par "la pérennité du désespoir, l'irréductibilité du langage, l'impénétrabilité de l'art et l'insipidité de l'amour humain".
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