"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je n’ai malheureusement pas accroché. Le sujet était prometteur : une petite-fille de déportée (Luisa) a la responsabilité de monter un musée consacré à la paix, selon les vœux de son emblématique fondateur. On peut refaire l’histoire du monde en étudiant l’histoire des armes. C’est fascinant de voir une nation l’emporter sur un simple avantage technologique, pour un fusil à plus longue portée, ou pour un tank aux chenilles plus larges.
Il y a deux récits qui avancent simultanément dans ce livre : une visite du futur musée, salle par salle, et l’histoire de la famille de Luisa. Pour apprécier le premier, il faut avoir l’esprit vide-grenier (de la mémoire), aimer les diversions incessantes. Elles peuvent être passionnantes comme la révélation des crimes de droit commun pendant les bombardements de Londres ou Trieste, qu’elle collabore ou qu’elle se libère. Mais sinon, ça tire dans tous les sens. À vouloir toucher tous les sujets, l’auteur n’en atteint aucun. Beaucoup trop de balles perdues. Et ces métaphores guerrières systématiques, ces descriptions sans fins, verbalistique ! Comme dans American Psycho, les lectures de notices, moi, ça ne m’emballe pas. J’ai eu l’impression de subir la logorrhée d’un ancien combattant bourré, impossible à suivre dans ses élucubrations.
Quant au deuxième récit, celui d’une famille juive emportée par le destin, il est confus parce qu’entremêlé à la question de l’esclavage (noir) – ça fait beaucoup. Quitte à lire une saga sur le peuple errant, autant choisir la fresque d’André Schwarz-Bart.
D’un fait méconnu (une chambre à gaz en Italie), Claudio Magris a construit un pensum. J’ai eu, un peu comme pour la guerre, une impression de gâchis.
Bilan :
De la guerre. Dans ce roman magistral, autour du point névralgique que fut Trieste, Claudio Magris construit un mausolée muséal à la violence humaine, à sa propension à en oublier les répétitions. Classé sans suite joue alors d'une narration sidérante, souvent hallucinée dans sa précision et son érudition. Un récit monomaniaque qui laisse le lecteur interdit : tel qu'il devrait être face à la guerre.
https://viduite.wordpress.com/2018/01/12/classe-sans-suite-claudio-magris
Claudio Magris suit le cours du Danube pour nous faire découvrir la culture des pays qu'il traverse avec comme toile de fonds le défunt empire austro-hongrois, dont il est un spécialiste.
C'est le livre d'un érudit. Composé finalement d'articles abordant des sujets divers comme l'Holocauste ou la littérature hongroise, il est intéressant car il a été ecrit il y a 30 ans, en 1986. Il dépeint ainsi parfois une Europe d'avant le Mur, une Europe disparue. J'ai parfois été captivé, parfois c'est l'ennui qui a prévalu, en fonctions des sujets abordés par l'auteur. De lui, je préfère MIcrocosme. Donc plutôt déçu par Danube.
Claudio Magris est un immense auteur italien, originaire de Trieste, dont l'érudition nous transporte au cœur de cette fascinante Mitteleuropa qu'il n'a de cesse de décrire dans ses livres. Depuis ses sources en Forêt-Noire jusqu'à la mer Noire, avec "Danube", nous descendons le cours de ce fleuve qui relie l'Occident à l'Orient tout en remontant l'Histoire. Les villes, les paysages traversés, les nombreux romanciers, musiciens et autres personnalités rencontrés en chemin recomposent, par une succession de fragments, un portrait-kaléidoscope de cette Europe multiple aux influences croisées. L'écriture est d'une beauté rare, jamais pontifiante quoique tissée de tant de savoirs.
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