Des romans, livres de recettes et BD pour se régaler en famille !
Ce livre, j'ai choisi de l'appeler Vivarium. Mais qu'est le vivarium ici ? Cette série de fragments qui se voudraient abris vitrés pour la mouvante pensée ? Ou bien la vie elle-même qui nous enveloppe et nous prête, comme le biotope de l'animal, un milieu où tenir ? C'est là en tout cas que j'ai résidé un temps, au creux de cette indistinction, dans les échanges incessants du vivant et du nommé, où l'on découvre quelquefois, à la lisière de toutes les choses, de fugaces résolutions, précipités de langage qui semblent, plus qu'à l'ordinaire, faire scintiller le cristal de l'expérience. Or dans l'expérience il y a de tout : des villes et des fleuves, des souvenirs et des questions, des fleurs, des amis, du vent et des lignes d'horizon.
T. V.
Tanguy Viel a si bien habitué son lecteur à la virtuosité de ses romans, peuplés de personnages broyés par les rouages sociaux, que l’on finit par s’y jeter les yeux fermés, sûr de se régaler de la complexité de leur intrigue, de la réflexion qui les sous-tend et de la musicalité de leur écriture. La surprise est donc totale de le découvrir ici dans un registre radicalement différent : un essai méditatif rassemblant pêle-mêle les observations, impressions et réflexions qui ont jalonné sa vie d’écrivain, une sorte de précipité de ce qui s’agite plus ou moins fugitivement dans son « vivarium mental ».
L’incipit annonce la couleur : « Je sais par expérience personnelle, écrit T.S. Eliot, que vers le milieu de sa vie un homme se trouve en présence de trois choix : ne plus écrire du tout, se répéter avec, peut-être, un degré toujours plus grand de virtuosité ou, par un effort de la pensée, s’adapter à cet “âge moyen” et trouver une autre façon de travailler. » Voici donc Tanguy Viel à la croisée des chemins, qui sent « un second moi se hisse[r] sur les épaules du premier » et qui, plongeant dans le caléidoscope de sa mémoire et de sa pensée, prend le temps d’un arrêt sur images, aussi furtives et mouvantes soit-elles, pour, d’instants vécus en souvenirs enchantés, de lieux traversés en rencontres marquantes, s’interroger au final sur sa passion pour la littérature, sur la magie et la beauté des mots, enfin sur ce qui peut bien pousser à écrire, c’est-à-dire à produire de « mystérieuses condensations » de son moi intérieur.
D’un intérêt et surtout d’un accès inégal, certains passages s’avérant relativement ésotériques, le texte érudit et exigeant ne nous emporte pas moins dans une vague poétique et sensible qui, roulant au plus profond de l’intimité de l’auteur, nous laisse, lui et nous, à décoder sa riche et foisonnante laisse de mer. Surtout, l’on découvre à la plume de Tanguy Viel des facettes inédites qui, pour la grande impression du lecteur, la rendent plus que jamais irrésistible de beauté.
Rarement a t-on une telle sensation de redécouvrir un écrivain, soudain propulsé à une nouvelle hauteur. Malgré quelques passages plus hermétiques, un livre brillant et fascinant, transcendé par une écriture magnifique.
Avec Vivarium, Tanguy Viel se démarque de ses histoires romanesques, structurées, prenantes, etc. pour privilégier une déambulation fragmentée sur l’écriture, la poésie, des souvenirs, réflexions, lieux, …, et d’une façon générale la pensée, le mot juste ... Ce n’est pas vraiment un essai ‘avec ses thèses et développements ; c’est une somme de fragments … de pensées et réflexions ; mais soutenues par de nombreuses lectures, auteurs et citations.
Il faut se laisser emporter et accepter de tirer les fils que propose TG, qui s’accompagne de quelques auteurs pour étayer, renforcer ses propos (ou qui sont à l’origine de sa pensée).
Ainsi, il relève le peu de moyen pour écrire (du papier et un crayon) qui peut se matérialiser n’importe où, avec l’écrivain comme son propre lecteur. Mais il identifie immédiatement la limite de cette autarcie et autonomie et cite … Paul Valéry (encore et toujours) : « Il m’a semblé, (note Valéry) que l'on n'écrit jamais que pour quelqu'un, et que l'on écrit avec art que pour plus d'un. Tant que quelqu'un nous importe encore, notre détresse est maniable encore ; elle nous peut servir encore. … Si je ressens que tout est vain, cette même pensée m'interdit de l'écrire. » (Citation reprise de « Variation sur une pensée »).
Et TV poursuit : « Cette phrase m'apparaît désormais comme un théorème. Il est toujours difficile de démontrer un théorème. Mais celui-là, non, car il suffit de l'éprouver. Or cela arrive : que l'autre s'absente et que se perde alors la nécessité de poursuivre. Il arrive que manque l'ami. En littérature, le destinataire est toujours un ami. Le manque d'adresse, le manque d'ami, c'est l'enfer autophage de la vie non écrite. » p 29
On est bien comme ami de Tanguy Viel !
Le nouveau livre de Tanguy Viel est un recueil méditatif et incarné. L’auteur y est narrateur et personnage, « regardeur » et sujet. On pourrait voir ce livre comme un recueil d’expériences – sensations et réflexions – pour capter le présent, celui d’un auteur, d’un lecteur et d’un observateur. Les morceaux de vie et d’écriture se croisent, s’entrechoquent. Tanguy Viel y parle de ce qui l’intéresse : des paysages, des villes, de la Loire, des livres lues. Ce livre est une quête, intime et sincère, pour trouver le mot juste, la phrase idéale, celle qui permet de transmettre l’expérience vécue, ce que le corps a traversé et ce qui en est resté.
J’ai lu ce livre comme un livre de voyage. Tanguy Viel nous embarque dans ses pensées et les endroits qui ont retenu son attention. C’est donc un voyage intérieur dans l’univers et la recherche d’un auteur, celle de capter le réel et le présent. Derrière Vivarium, ce titre qui définit une espace et un lieu d’observation, Tanguy Viel parle des territoires mais également de temps. Son livre n’a pas la chronologie d’un journal intime. On perçoit ici et là des bribes de son quotidien via les villes où il est passé. Mais le fil conducteur reste son admiration et son désir pour la beauté mystérieuse de la littérature. Cet art permet de saisir et de transmettre la réalité affective.
Peu importe les faits et les personnages, compte uniquement le pouvoir évocateur des mots et le monde contenu dans les interstices des phrases, dans leur rythme. Comment trouver le mot juste ? Par des citations sur cet art ou des extraits de livres marquants, Tanguy Viel partage ses réflexions sur le travail du langage.
En anglais ou en breton, il existe des mots qui n’ont pas de traduction parfaite en français. Choisir une formule revient à donner son point de vue et partager sa manière de voir le monde. On sent ainsi régulièrement la présence d’un auteur, d’un homme qui veut nous transmettre ses sensations et surtout sa sensibilité au monde. Le livre, en proposant un parcours aux multiples chemins, installe un jeu d’échos entre certains paragraphes. Peu à peu, le livre trouve son sens, sa cohérence et son rythme, passant du territoire à l’intime, d’un sujet observé aux secrets de l’écriture. Vivarium est un livre sur écrire et la possibilité de voir le monde par les mots.
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