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Adèle, charmante vieille dame piquante et perspicace, est placée dans une maison de retraite de luxe par ses trois filles, soucieuses de se libérer de leurs obligations, en toute bonne conscience. Elle découvre son nouvel univers : l'Astrée. Le manque de liberté, l'infantilisation, les termes méprisants y sont quotidiens. Jouissant d'une santé parfaite, elle est installée au 5ème étage. Quiconque n'a pas cette chance est relégué aux étages inférieurs afin de ne pas infliger aux autres la vision de sa déchéance.
Adèle réalise qu'elle devient aigrie à force de baigner dans cet environnement toxique. Elle est frappée d'un AVC. Pendant sa convalescence à l'hôpital, elle ouvre les yeux sur les choix de vie qui s'offrent à elle. Elle prend son destin en main, fuit la maison de retraite, coupe les liens avec ses filles et s'installe dans un appartement, où elle découvre la sérénité de la liberté.
A 61 ans, veuve et mère de 3 grandes filles, Adèle emménage dans une résidence pour senior, par ailleurs fort coûteuse. Et c’est peu dire qu’elle emménage à reculons, ses filles l’ayant incité (très fort) à vendre son appartement, elles se sont chargé de tout et la vieille dame se retrouve prisonnière d’une cage dorée qu’elle n’a nullement choisi et que d’emblée, elle déteste. D’abord, elle ne s’entend pas avec les vieilles aigries avec lesquelles on l’oblige à dîner. Pas moyen de se faire des nouvelles amies parmi ces vieilles pies ! Et puis cette résidence, dirigée par des « managers » sans états d’âme (les résidents dépendants et malades sont parqués à des étages inaccessibles aux biens portants), regorge d’interdits, de règlements et d’obligations qui la mettent en rage. C’est bien simple, Adèle est perpétuellement exaspérée par tout et tout le monde dans cette résidence, ses nerfs sont en pelote H-24, ce qui, c’est bien connu, est mauvais pour la santé. Engluée dans sa colère, Adèle ne voit pas que temps file et qu’il faut profiter du temps qui lui reste au lieu de subir la situation. Cela faisait bien longtemps que Renée Hallez ne s’était plus aventurée dans un autre univers que le polar régional. Avec « Vieux Interdits » elle nous conte les aventures tragi-comiques d’une vieille dame, certes plus jeune qu’elle, mais qui lui ressemble étrangement pour ce que j’en sais! Le roman est découpé en 3 parties d’inégale longueur « Avant », « Pendant » et « Après » (« Avant » quoi ? Je vous laisse découvrir le rebondissement inattendu) et je dois avouer que si j’ai été séduite par les deux premières parties, la troisième m’a moins « parlé », je l’ai trouvé un peu trop théorique, même un petit peu « mystique » sur les bords, un tout petit peu trop longue aussi, bref : j’y ai moins cru tout simplement. Mais les aventures d’Adèle dans la résidence senior ont largement de quoi compenser ce petit bémol. On est amusé mais aussi effaré par cette résidence (sans savoir si Renée Hallez a poussé le curseur un peu plus loin que la réalité ou pas) : la condescendance des retraitées aisés envers le reste du monde (surtout les femmes!), le management inhumain du directeur, le fonctionnement étrange de la résidence (plus proche d’une prison que d’une copropriété), mais aussi l’attitude égoïste des filles d’Adèle et leur duplicité. Tout a l’air très légèrement exagéré, tout a l’air poussé un tout petit peu au-delà de la réalité et pourtant, qui sait… ? Le rebondissement, qui arrive vers les 2/3 du livre nous surprend et pourtant, à bien y réfléchir, il ne devrait pas. La fin de l’intrigue, je l’ai dit, m’a moins passionné mais quand même, l’épisode du sculpteur mérite qu’on s’y attarde car, c’est (trop) rare d’évoquer avec autant de sincérité et de simplicité la vie sentimentale et sexuelle des personnes dites « âgées ». Le style légèrement suranné et élégant de Renée Hallez est toujours là, avec une curieuse manie que je ne lui connaissais pas encore : l’amour immodéré des adjectifs qualificatifs : « La délicate Adèle », « l’énervée Adèle », « La facétieuse Adèle », etc. La vieille dame aura été qualifiée maintes et maintes fois tout au long du roman. C’est un peu surprenant, pas très moderne mais ça a le mérite d’être différent, en tous cas ! « Vieux interdits » nous narre la mue, sur le tard, d’une femme qui aura attendu longtemps avant de se réaliser. C’est une leçon que Renée Hallez nous inculque : les « vieux » ne sont vieux que dans le regard des autres. Il y a peut-être, en arrière plan de cette histoire, un tout petit règlement de compte générationnel de la part de l’auteure, en tous cas c’est peut-être la conclusion qu’en tireront certains. Pour ma part, je crois qu’on est davantage devant une sorte de fable, dictée par les évènements récents (que le livre évoque, car comme à son habitude Renée Hallez aime ancrer ses histoires dans l’actualité) et qui voudrait nous dire : les séniors ne sont pas que des personnes fragiles en fin de vie à qui il faut rendre visite avec parcimonie et avec des masques, ce sont des jeunes qui ont juste un peu plus d’expérience et un peu plus de recul sur les choses de la vie.
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