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Simple employé de bureau, Varamo, habitant au Panama, décide un jour de quitter sa société pour écrire une oeuvre littéraire, qui deviendra la plus importante de toute la poésie moderne en Amérique Centrale. S'apercevant qu'il a été payé avec de faux billets, Varamo se retrouve confronté aux vicissitudes du quotidien propres aux pays latino-américains où tout est faux et où mensonge, duperie, escroquerie, inflation, corruption, inégalités sont monnaie courante. Varamo comprend que la réalité a laissé place à un monde fictif dont certains tirent avantage. En écrivant son oeuvre, il pourra peut-être ne plus être seulement une créature de cette fiction et s'inventer une réalité qu'il aura choisie. D'ailleurs son passe-temps d'embaumeur est déjà un premier pas vers ce choix : il met autant de soin à embaumer qu'à écrire. Ces deux activités soulignent à quel point coexistent chez Varamo un lien étroit entre fiction et réalité, apparence et essence et de quelle façon subtile s'organise le jeu entre le vrai et le faux. Varamo apparaît co mme une allégorie ironique sur les nombreux concepts catégoriques de l'institution et de la critique littéraires. L'auteur, à travers le personnage de Varamo, est une sorte de dédoublement de lui-même qu'il suit dans son entreprise d'écriture pendant toute une journée et évoque la « vocation » soudaine du poète, la nécessité de jouer avec la réalité pour créer une oeuvre fictive. César Aira va encore plus loin en transformant toute cette histoire en une formidable parodie des attentes qu'engendre tout texte littéraire et en faisant d'elle un vrai défi qu'il lance à sa propre capacité à inventer. L'auteur surprend le lecteur car il donne à lire une oeuvre inclassable, qui suit la voie frayée par Perec et Calvino, celle qui exige un lecteur complice pour mettre en oeuvre un jeu irrésistible de faux-semblants.
Colón, Panamá, 1923.
Au début, nous avons Varamo, 50 ans, vieux garçon, obscur petit fonctionnaire dans un ministère quelconque. C'est jour de paie, mais à la banque on lui verse son salaire en faux billets. Il n'ose rien dire, persuadé de s'attirer des ennuis inextricables s'il faisait mine de se plaindre.
A la fin, douze heures plus tard, Varamo, qui n'avait jamais songé à la littérature et encore moins à l'écriture, a écrit un texte, d'une seule traite, qui sera bientôt, et pour les siècles des siècles, considéré comme un chef-d'oeuvre de la poésie d'Amérique centrale.
Entre ces deux événements, un enchaînement de causes et d'effets absurde et délirant, où l'on observe Varamo se tracasser à cause de sa fausse monnaie, acheter un bonbon au marché, rentrer chez lui et s'occuper de sa mère et de taxidermie (sans qu'il soit pour autant question d'empailler celle-ci, hein), jouer aux dominos tout seul, aller au café comme tous les soirs et en route entendre des voix, assister à une course de voitures improvisée puis à un accident peut-être pas si accidentel, faire la connaissance de vieilles dames malicieuses puis de trois messieurs commerçant dans l'édition.
Soit 130 pages où les péripéties d'une journée expliquent la création d'un chef-d'oeuvre. A moins que ce ne soit ledit chef-d'oeuvre qui reconstruise rétrospectivement ces petits événements, anodins et isolés, en une chaîne extravagante de coïncidences ? Quoi qu'il en soit, l'oeuf ou la poule, le serpent qui se mord la queue, causes et conséquences n'existeraient pas les unes sans les autres.
Je ne suis pas certaine d'avoir tout bien compris, mais Varamo, à travers la trajectoire d'un illustre inconnu devenant du jour au lendemain un auteur culte, propose une réflexion ironique et décalée sur la création littéraire, émaillée de réalisme magique, d'humour et d'originalité.
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