"Le sans Dieu" de Virginie Caillé-Bastide, "Chaleur" de Joseph Incardona ou "Une histoire des abeilles" de Maja Lunde
Unes, et pourtant plusieurs. Dangereuses, mais sources de vie, les abeilles garantissent l'espoir du monde.
William, George, Tao... Chacun, à sa manière, nourrit avec ces incroyables insectes une relation privilégiée. Chacun, à son époque, rêve de changer l'avenir, d'offrir à ses enfants des lendemains meilleurs. D'inventer, de transmettre ce qu'ils savent... Ou croient savoir. Car les abeilles disparaissent, inéluctablement, et dans l'indifférence.
Victimes de notre espèce, elles en seront, peut-être, le salut...
"Le sans Dieu" de Virginie Caillé-Bastide, "Chaleur" de Joseph Incardona ou "Une histoire des abeilles" de Maja Lunde
époques, 3 personnages, 3 pays et 3 histoires qui s'entremêlent.
Le fil directeur ? La disparition des abeilles.
C'est un roman qui se veut écologiste en attirant l'attention du lecteur sur la nécessité de préserver la nature.
C'est aussi une question de transmission où quand les fils ne veulent pas perpétuer les rêves de leur père.
L'écriture est simple et jolie.
L'alternance entre les histoires et le va-et-vient dans les différentes périodes sont agréables mais le récit reste finalement gentillet et manque de profondeur.
Un avis en demi-teinte.
3 époques, 3 pays, 3 familles et un fil conducteur les abeilles. Je vous conseille cette lecture qui retrace la fabrication des ruches, la disparition des abeilles et la survie sans ces précieuses abeilles. Les personnages sont attachants, chaque chapitre nous transporte au fil du temps. Ce livre laisse un goût de peur pour notre futur.
♫ Allongeons-nous dans l'herbe
Et regardons vivre ces drôles de petites abeilles ♫
Tout d'abord, un grand merci aux éditions Presses de la Cité pour ce premier partenariat avec eux. Cela faisait quelque temps déjà que je brûlais de vous parler de ce roman et le moment propice est enfin arrivé ! Je dois vous avouer que je me surprends moi-même à m'intéresser aux publications de la rentrée littéraire de cette année alors que cela n'a jamais trop été ma tasse de thé.
J'ai toujours préféré suivre le gré de mes envies au fil des saisons mais, pour une fois, je me suis dis qu'incorporer un peu de miel à cette mixture ne serait pas trop mal. Qui plus est du nectar en provenance de la Scandinavie, une région de l'Europe qui m'est injustement inconnue. Laissons nous donc conter l'incroyable et intéressante histoire des abeilles, par Maja Lunde, apprenons à connaître ces drôles de petites abeilles, ces petits êtres qui m'ont fait peur d'une manière complètement absurde, voir insultante, un peu mieux que ça...
J'ai en effet découvert que les abeilles étaient des créatures magnifiques, qui avaient de la valeur, que l'utilité de leur sauvegarde était cruciale et qu'elles ne méritaient pas d'être traitées avec peu d'importance ou d'être écrasées de façon insignifiante et cruelle. Allons donc à leur rencontre dans ce livre à la couverture et au titre équivoque.
Nous allons vite nous rendre compte que cette histoire est intrinsèquement liée à celle des hommes, à travers les relations filiales qui s'entremêlent dans cette odyssée jaune pollen. L'autrice fait ici le pari de nous sensibiliser à l'écologie, avec un message passionnant et précieux, et au destin que ces petites créatures si cruciales au bon fonctionnement de la biodiversité en nous peignant la fresque de trois générations d'êtres humains, étalée sur trois siècles différents et pourtant pas si séparés que cela. Le but : nous montrer que le travail si zélé des abeilles conditionne jusqu'à notre mode d'existence même. Plus d'abeilles équivaut à plus d'agriculture, plus de céréales, plus de fruits,...
Il s'agit d'un véritable néant alimentaire en somme et nous sommes bien peu reconnaissants envers ces jolis insectes jaunes striés de noir. Maja Lunde va nous offrir de côtoyer les abeilles le temps d'une lecture, de découvrir comment fut crée leur habitat, comment elles s'organisent, quelle importance elles revêtent pour la Terre et les sept milliards d'âmes qui la peuplent, sans pour autant tomber dans un aspect trop scientifique et moralisateur.
Tout se fait naturellement, de manière subtile qui nous donne à réfléchir sur notre comportement au quotidien, nos actions et notre rapport aux abeilles après coup. Le roman apporte une vraie réflexion et on en sort grandi et enrichi, ici sur le sujet des abeilles. Ce roman nous informe, nous éduque et nous alarme sur l'avenir qu'on pourrait se façonner si on ne fait pas plus attention.
La première famille dont nous faisons la connaissance au sein de ce triptyque captivant, qui aborde une diversité de sujets, écologiste dans l'âme et visionnaire, est celle des Savage, au alentour des années 1850, soit l'aube de l'apiculture. William, le patriarche, n'est plus que l'ombre de lui-même. Jeune scientifique brillant et dont l'avenir se présentait radieux, illuminé par sa passion dévorante de cet infini de l'univers qui regorge de secrets envers nous, pauvres mortels, William a fini par décevoir amèrement son mentor en se mariant à une gente demoiselle, en faisant une ribambelle d'enfants et en finissant par ouvrir une misérable graineterie, qui a certes connu le succès.
Bref, tous les rêves de grandeur de l'Humanité de William se sont retrouvés sacrifiés sur l'autel de la famille nombreuse, des bouches à nourrir et des petites têtes à élever, et ce constat est si désolant que le jeune père en devient vieux avant l'heure, et apathique au point qu'on aurait sérieusement envie de le secouer comme un prunier et de le faire tomber à bas de son lit, sa nouvelle demeure mortuaire, séance tenante. Difficilement appréciable au début, voir antipathique, William va cependant se révéler être un personnage intéressant et qui vaut mieux que qu'on pourrait croire de prime abord.
N'empêche, heureusement que sa fille Charlotte était là ! Alors que William ne pense qu'à se rapprocher de et à rendre fier son aîné, Edmund (je pensais à chaque fois à Narnia quand je lisais ce prénom, c'était horrible lol), le soi-disant fils prodige et chouchou de la maisonnée, avec ses projets visionnaires et enthousiasmants de ruches, Charlotte, elle, reste dans l'ombre, discrète et toujours prête à rendre service à son père, à l'épauler, à le délester de n'importe quel poids qui pourrait entraver la bonne marche de ses travaux et le ramener à sa torpeur.
Charlotte, c'est la fille que je rêverais d'avoir, je vous le dis. Patiente, dévouée à son paternel, le cœur débordant d'amour et de respect pour ce dernier, auquel elle croit de toutes ses forces, douce, gentille, et à l'intelligence foudroyante dans une société où la femme n'est bonne qu'à être jolie, se taire, se marier le plus vite possible et faire une famille nombreuse.
Tandis qu'Edmund va se révéler être une cuisante déception dû à son comportement de débauché, de dépravé, qui n'assume aucune de ses responsabilités alors qu'il est le plus âgé et le seul garçon, héritier donc de la boutique de son père et de tout ce que celui-ci peut lui léguer, que ce soit matériel ou immatériel, alors qu'il devrait donner l'exemple et se forger un meilleur avenir que celui qui l'attend s'il continue dans cette voie, c'est en réalité Charlotte, ce petit bout de femme admirable, qui va être celle pleine de promesses, qui va se montrer forte et époustouflante en toutes circonstances, qui va insuffler à son père la force de croire en ses rêves concernant les abeilles, la sérénité pour mener à bien ses projets, malgré les désillusions qu'il va devoir affronter à mi-parcours.
Il faudra du temps à William de se rendre compte de la véritable valeur de sa fille, ce qui a eu tendance à m'agacer une bonne partie du récit, mais cela est représentatif de la mentalité patriarcale de l'époque et n'en souligne donc que d'autant plus le réalisme désolant de cette intrigue sortie de la plume de Maja Lunde.
On va dès à présent faire un bond de cent cinquante ans dans le temps grâce à la De Lorean et arriver en 2007, soit il y a dix ans de cela pour nous. Cette période d'industrialisation et de production de ruches à la chaîne en usine, beaucoup plus familière à nos yeux, va être celle dans la fresque de George, apiculteur passionné de père en fils depuis des générations, Dieu seul sait depuis quand. Bref, l'apiculture, ça leur coule dans les veines dans cette famille-là.
Sauf que Tom, ça ne le bute-tine (OK, je sors...) pas trop. Tom, c'est le fils unique de George. On repart dans cette idée de fils prodige, d'héritier de la famille sur les épaules duquel reposent de grandes expectations et attentes. Or, Tom est loin d'être un fainéant. Il a toujours travaillé dur afin de faire plaisir à son père, qu'il aime et admire beaucoup, mais il ne s'est jamais senti à sa place au sein de la ferme.
Si pour George, cela était l'évidence même de reprendre le flambeau de son père et de ses aïeux et de travailler avec ardeur et fierté, le cœur vibrant de construire des ruches artisanales et de bichonner ses abeilles, pour Tom, son horizon se trouve ailleurs : dans l'écriture. On va ainsi assister à un conflit permanent entre le père et le fils concernant l'avenir de ce dernier, avec l'adorable Emma, la maman poule, la femme vaillante mais aussi fatiguée, qui essaie de faire tampon et d'être le messager de paix.
D'une certaine manière, George aussi va être agaçant et avoir un comportement pénible mais il reste attachant, tout comme les autres personnages de cette épopée de l'abeille. Certes, George va pendant une bonne partie du récit refuser de comprendre son fils et ses motivations, de les accepter. Son manque de tolérance et de dialogue est absolument flagrant et révoltant.
Tout ce que George voit, c'est son petit garçon adoré si proche de lui autrefois qui s'éloigne, prend de la distance, et baisse les bras, abandonne les abeilles à leur triste sort des Colony Collapse Disorder, le syndrome d'effondrement des abeilles, qui commence alors à apparaître aux États-Unis et à se propager telle la peste.
Cependant, George ne pense pas qu'à sa petite personne, au contraire, il veut simplement que l'on se soucie des abeilles, qu'on les aime, qu'on les protège, car il sent la catastrophe qui approche dû au fait de tant de disparitions colossales de niches entières. Ce miel produit, ces ruches fascinantes organisées autour de la reine, travailleuses, enjouées, magnifiques dans leur labeur jusqu'à ce que la dernière petite force dans leur minuscule corps ne s'évapore, voilà le repère dans la vie de George. Que va-t-on devenir sans elles, si l'on se détourne d'elle, si on ne voit pas la beauté suprême de leur courage et de tout ce qu'elles font pour nous ?
Vu sous cet angle là, on comprend mieux que George se sente abattu et que ce début d'hécatombe lui donne le sentiment d'être le seul à réaliser la catastrophe, l'impact désastreux que provoquerait cette évanouissement des abeilles dans la nature, alors qu'il est la définition même de l'impuissance, comme tant d'autres apiculteurs à la tête baissée, des larmes perlant au coin des yeux. Cela m'en a serré le cœur. Impossible de ne pas se sentir concerné : nous le sommes tous. Sans les abeilles, nous ne sommes plus rien.
Enfin, la De Lorean accepte de faire un dernier bond, encore de cent cinquante ans et plus. Nous rencontrons Tao, une femme chinoise qui sera sûrement le personnage auquel vous vous attacherez le plus, et qui saura vous toucher au plus profond de votre cœur, vous séduire et vous accrocher. Elle vit dans un régime sombre, éreintant, inégalitaire, où la majeure partie des citoyens sont contraints à grimper aux arbres, perchés sur les branches tels des oiseaux hors normes et debout, pour les polliniser à la main toute la sainte journée. Fatigue, courbatures, santé éreintée et espérance de vie raccourcie, voici ce qui résulte de ce mode de vie inhumain et qui nous semble, à nous lecteurs, tout droit sorti d'un cauchemar.
Dans un futur qui nous semble presque dystopique, seule une poignée d'élus, une élite, peut accéder à des études, à une vie meilleure loin des champs et du travail physique minutieux et terriblement monotone auxquels les habitants sont condamnés dès leur plus jeune âge. Tao, malgré son amour d'apprendre et de s'enrichir de connaissances, malgré ses capacités intellectuelles qui ont fait d'elle une enfant fière de son savoir et de sa passion, n'a pas réussi à atteindre cet échappatoire doré, qu'elle désire tant pour son fils, un petit bout d'chou vigoureux et plein de vie qui n'aspire qu'à s'amuser et à être heureux.
Le roman ne nous donne aucun temps mort avec une alternance constante des trois points de vue qui nous empêche de poser le livre et de souffler. Effectivement, impossible de le lâcher tant on a envie de savoir ce qui va arriver aux trois familles. Au fur et à mesure des pages reliées de miel va se dévoiler un lien entre elles plus fort et marquant qu'on aurait pu le croire.
Et oui, les abeilles, qu'elles pullulent, qu'elles soient en danger, ou en totale extinction, ne sont pas les seules à permettre aux trois grands bouts de cette fresque de tenir ensemble et d'être cohérents tous les trois réunis. Ces trois destins bouleversants, profondément touchants, cohérents et réalistes sont en effet intimement liés.
La partie de Tao reste la plus mystérieuse, la plus angoissante et la plus effarante et j'avais la sensation que je ne pourrais jamais échapper à cette réalité qui me semblait bien trop crédible et effroyable pour pouvoir la supporter. Mon cœur se gonflait d'amour et de respect pour Tao, cette femme battante, au contraire de son époux aimant mais par trop passif, qui affronte ses peurs et qui est prête à tout pour partir à la recherche de son fils dans ce dédale de modernité abîmée, de pauvreté désarmante de la population, dans ce vide intersidéral d'un monde, anciennement le nôtre, qui est parti en vrille et qui s'est retrouvé en ruines, glacial et qui nous fait véritablement froid dans le dos.
Un livre bien particulier écrit par une certaine personne sera la lumière couleur de miel dans sa nuit au noir semblant sans fin. L'amour du savoir, la transmission est éternelle. Je ne veux rien vous dire concernant la quête des retrouvailles avec Wei Wen, juste que ce sera une piqûre d'espoir qui causera beaucoup de souffrance et aussi une piqûre de rappel qu'il faut être solidaires entre êtres humains mais aussi avec la Nature, qui nous entoure et qui nous aime. Ne jamais l'oublier.
Pour conclure, je dirais que ce roman, qui nous apporte une nouvelle vision du monde, est une magnifique ode aux abeilles et à la Nature, un plaidoyer écologiste qui nous apprend à écouter cette dernière qui souffre de nos erreurs et maladresses à la chaîne, de notre indifférence qui la tue à petit feu, tout en nous dépeignant un amour filial imparfait mais puissant et essentiel, tout comme les abeilles rassemblées dans la ruche.
Cependant, le message de mise en garde de Maja Lunde ne se fait pas fataliste, car la Nature finit toujours par reprendre ses droits, renaître de ses cendres. Il suffit de l'écouter, de lui montrer notre amour et notre reconnaissance et de cohabiter en paix et en harmonie, dans le respect de l'environnement. Je sonne comme un Bisounours en disant cela mais si ça pouvait rentrer dans toutes les caboches, même les plus bornées et stupides, ce serait franchement bien...
Mais rappelez-vous juste une chose : quand la Nature subit nos bêtises, nous sommes ceux qui prennent les conséquences en pleine poire, et les générations futures aussi. Nous récoltons ce que nous semons et notre héritage écologique, notre Humanité ne seront pas bien jolis si cela continue ainsi. Je ne peux que vous chanter les louanges de et vous conseiller cette petite merveille de la rentrée littéraire, que je mettrais entre tous les mains, c'est franchement mérité. On en a beaucoup parlé sur la blogo' et j'espère bien que cela continuera, qu'on fasse un tapage silencieux digne du bourdonnement des abeilles, et que cet ouvrage se propage partout.
Faisons donc notre propre pollinisation ! Je vous préviens juste que, dans ce superbe livre, ce n'est pas l'enchaînement d'action qui prime, mais le message fondamental, qui dépasse la fiction. Pour ma part, il s'agit d'une lecture qui me restera en tête pendant encore longtemps. COUP DE COEUR ♥
J'ai su être sensible à la plume agréable, lumineuse, belle, douce, simple et piquante comme un dard de Maja Lunde. Le serez-vous aussi ? Saurez-vous prendre le temps d'écouter ce bourdonnement singulier, intelligent, d'écriture et de vérité ? J'espère en tout cas vous avoir donné envie de le lire, c'est là tout ce que je souhaite !
A travers ces trois récits bien distincts, qui ne se rejoignent qu'en toute fin de roman, Maja Lunde ne nous propose rien de moins qu'une histoire de l'orgueil de l'humanité à travers la disparition des abeilles. L'histoire de l'être humain qui commence par découvrir, de manière empirique, le moyen de domestiquer la nature, d'utiliser les ressources pour son profit, finissant par oublier toute retenue. Il cherche à tirer toujours plus de profit, allant jusqu'à faire voyager des centaines de ruches à travers plusieurs régions, ou plusieurs Etats en Amérique, afin d'optimiser cette "main d'œuvre" bon marché et laborieuse. Même pour la production du miel et la pollinisation des espèces fruitières, vient l'heure de l'industrialisation. Avec tous ces excès et débordements. Jusqu'au jour où la nature cesse de résister à la folie des Hommes… et où les abeilles disparaissent mystérieusement.
Il y a tout ce que j'aime dans ce livre : des histoires qui me touchent et des références sociales, historiques et politiques passionnantes. Un sujet d'urgence, pour une prise de conscience politique : quel monde veut-on léguer à nos petits-enfants ? Je vous invite vivement à vous y plonger.
https://itzamna-librairie.blogspot.com/2019/02/une-histoire-des-abeilles-maja-lunde.html
3 histoires autour des abeilles, 3 époques : une étude autour de la conception d'une ruche, la vie d'un apiculteur avec la tragique disparition de colonie entière et la partie d'anticipation où il faut suppléer à la disparition des abeilles.
En fil conducteur la filiation, le fils qui ne suit pas la même voie, le fils qui fuit, le fils perdu.
Autour de ces abeilles, 3 personnages William, Georges et Tao, des vies de souffrances : la dépression, le labeur et le combat puis la quête.
Un roman que je qualifierai de torturé tant dans les personnages que dans l'histoire racontée, un roman qui fait écho à ce que l'on entend autour des abeilles aujourd'hui. Sans être noir, il n'est pas très positif même si une ouverture se fait à la fin.
Un livre qui interpelle mais sans grande émotion.
Du passé, avec William, en Angleterre en 1851, au présent, avec George dans l’Ohio en 2007, puis dans un futur pas si proche avec Tao, en Chine, en 2098, nous suivons trois familles dans leur rapport quotidien aux abeilles.
William va d’échec en échec, à la tête d’une famille de sept filles, père malgré lui par lâcheté ou par ennui, cet ancien étudiant brillant et prometteur s’est laissé submerger par le quotidien, abandonnant trop vite ses rêves d’idéal. Jusqu’au jour où, après une longue dépression, il s’éveille à la vie lorsqu’il s’intéresse au sort des abeilles. Soucieux de comprendre la façon dont elles pourraient être domestiquées, ou du moins utilisées de façon optimale pour elles comme pour l’homme, il invente un modèle de ruche quasi parfait, mais il n’est pas le seul à y avoir pensé….
George est un apiculteur heureux. S’il ne s’est jamais décidé à exploiter les abeilles de façon quasi industrielle, il a pourtant bien réussi à faire croitre et multiplier les ruches. Et compte sur son fils, encore étudiant, pour reprendre la ferme, même si tout chez ce dernier démontre qu’il n’en a pas vraiment envie. Mais c’est sans compter sur le Colony Collapse Disorder – Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, le CCD – qui vient décimer ses ruches et anéantir des années de travail.
Enfin, Tao, son mari et leur fils unique vivent en Chine. Là, comme c’est déjà le cas aujourd’hui dans le Sichuan, des « Hommes-abeilles » pollinisent les vergers à la main. Car les abeilles ont déserté la planète depuis longtemps et sans cette pollinisation manuelle méticuleuse et fastidieuse réalisée par des hommes et des femmes quasiment maintenus en esclavage, la planète est vouée à l’extinction. Pas d’abeille pas de fleurs, pas de pollen pas de fruits, etc… Jusqu’au jour où leur fils a un accident incompréhensible. Tao veut alors comprendre…
Voilà un étonnant roman écologiste qui interroge brillamment sur ce que l’homme fait, détruit, ou au contraire protège, sauvegarde. Avec des passages très didactiques qui nous enseignement en quelques mots les principes de l’apiculture, les spécificités des colonies d’abeilles… Qui nous apprend aussi qu’une abeille sauvage ne pourra jamais être domestiquée et qu’il est temps d’arrêter de polluer la planète avec toutes sortes de pesticides violents et dévastateurs. Il est temps de sauver ce qui peut l’être.
lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/04/24/une-histoire-des-abeilles-maja-lunde/
Trois personnages, trois époques, trois pays. William en 1881 en Angleterre, Georges en 2007 en Ohio aux USA, Tao en 2098 dans la province du Sichuan en Chine.
Les abeilles sont le fil rouge de ce roman qui alterne des chapitres courts avec chacun des personnages.
Je vous avoue avoir beaucoup aimé l'histoire de Tao, jeune femme mariée avec un petit garçon de 3 ans travaillant à la pollinisation manuelle dans d'immenses vergers. Car en 2098, les abeilles ont complètement disparu de la surface de la terre provoquant un effondrement mondial et une pénurie généralisée de denrées alimentaires et de bien d'autres choses...
Les deux personnages masculins sont assez caricaturaux, complètement handicapés de la communication et leurs rapports avec leur progéniture est pour le moins cahotique. Ils souhaitent transmettre leur savoir et leur métier d'apiculteurs mais ne trouvent pas vraiment d'échos chez leurs fils. Il faut dire qu'ils s'y prennent tellement mal que ce soit en 1881 ou en 2007 !
Pour qui ne connait pas les abeilles, ce roman très documenté apprendra une foule de choses. J'avoue que pour ma part, abonnée au compte de Michel @apis_apidae, un apiculteur passionné, je n'ai pas fait grandes découvertes.
On se demande longtemps quel est le lien, hormis les abeilles, entre les trois personnages, et on l'apprend à la fin du roman. J'ai aimé le lien entre les 3 époques et les 3 personnages, le rythme allègre, le suspense insufflé à l'histoire, le message derrière le roman. Il faut absolument prendre soin de notre planète et de ces infatigables travailleuses que sont les butineuses, il en va de notre salut...
Maja Lunde, scénariste et romancière norvégienne a écrit des livres jeunesse avant de se lancer dans la rédaction d'Une histoire des abeilles, son premier roman pour adultes, best-seller traduit en plus de trente langues, et succès de la rentrée littéraire française 2017.
3 histoires, 3 personnages, 3 époques, 1 lien : les abeilles.
2098. Tao vit en Chine après "l’Effondrement". Les abeilles ont depuis longtemps disparues de la surface de la Terre.
Suite aux années de famine, la société s’est complètement réorganisée. Ce sont les hommes qui dorénavant pollinisent les plantes à la main et de façon très fastidieuse. Les conditions de vie sont dures. La Chine est le pays qui a le mieux anticipé les problèmes.
Tao est mariée et a un enfant de 3 ans. Pendant un de leurs rares jours de congé, ils décident d’aller pique-niquer en famille tous les 3. Ce jour là, leur vie va basculer…
1851. Angleterre. William, marié et père de 8 enfants, espérait pouvoir se consacrer à l’étude des abeilles. Malheureusement sa passion étouffée par son tuteur et maître scientifique, il se laisse mourir à petit feu entrainant dans sa chute sa famille jusqu’au jour où il retrouve l’étincelle pour sa passion. C’est décidé il va tout apprendre des abeilles, comprendre leur fonctionnement, leur organisation et celle de leur ruche. Une de ses filles va s’y intéresser aussi…
2007. Etats Unis. George est apiculteur et souhaite que son fils Tom reprenne son exploitation après lui. Malheureusement, ce dernier a d’autres ambitions. Il travaille sans relâche et prend soin de ses abeilles car depuis quelques années sans que l’on ne sache pourquoi elles disparaissent peu à peu. Sans doute des apiculteurs peu consciencieux selon lui. Jusqu’au jour où lui aussi voit ses ruches touchées par ce mal inconnu…
***
Des histoires liées par le thème des abeilles mais pas que.
Cela m’a un peu fait penser au livre « la tresse » où les 3 histoires de 3 femmes vivant dans des pays différents se retrouvent liées sans le savoir par une tresse : celle qui devra vendre ses cheveux pour gagner un peu d’argent, celle qui fabrique des perruques avec des cheveux naturels et celle qui portera une de ces perruques suite à son cancer.
Si les abeilles sont le lien fort qui uni ses 3 personnages, on verra que ce n’est pas la seule « touche » qui les rapproche.
« Une histoire des abeilles » invite à réfléchir au mal qui touche actuellement réellement les abeilles.
Le mot de la fin pour la couverture du format poche dont j’aime beaucoup l’idée des petits points jaunes (nuée d’abeilles ? pollen ?) en relief.
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