"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un homme pris dans la tourmente des années d'Occupation : quand la grande histoire - celle de la collaboration économique - percute l'histoire intime et amoureuse.
1943. François, haut fonctionnaire de l'administration de Vichy, est nommé directeur de l'Économie générale. La même année, il quitte sa femme Gabrielle et son fils Jean-Philippe pour Jeanne, une actrice juive au charme incandescent.
François a-t-il commis une double faute en servant le maréchal Pétain et en vivant pleinement sa passion ? Aux yeux des siens, il mérite une double peine : celle de l'opprobre puis celle de l'oubli, jusqu'à ne devenir qu'une silhouette évanescente sur les albums de famille.
Face au silence, sa petite-fille s'interroge, enquête, tente de comprendre, et retrace la vie d'un homme tourmenté et plus complexe qu'il n'y paraît.
Un roman qui regarde en face un passé dont l'ombre s'étend sur les générations suivantes.
Ce roman est une plongée de l'auteure dans son histoire familiale et plus spécifiquement dans celle de son grand-père, François. Nous suivons son parcours personnel et professionnel particulièrement de 1942 à 1944. Haut fonctionnaire, issu du corps prestigieux des Inspecteurs des Finances, dans le gouvernement de Vichy, a-t-il commis la "double faute" d'être un collaborateur et d'avoir quitté sa femme et son fils de 10 ans pour une actrice juive dont il était follement amoureux?
La famille a clairement répondu "oui" à cette question et a totalement ostracisé François, le tenant à l'écart de tous les évènements familiaux, l'effaçant des albums de photos, refusant même de l'évoquer comme une honte qu'il fallait cacher.
L'auteure, elle, ne peut se contenter de ce silence et se pose la question suivante : est-on responsable des actes répréhensibles, voire criminels commis par ses ancêtres? Elle part en quête de son grand-père, de l'enfant et de l'homme qu'il fut afin de mieux se connaître elle-même. Elle met ses pas dans ceux de François, retourne sur les lieux qui ont marqué sa vie (la Bourgogne où il a passé son enfance, Paris, Vichy, l'Essonne où il a passé sa retraite à partir de 1970), se plonge dans les archives, les photos pour tenter de comprendre. Ainsi elle lui redonne une place et ne le réduit pas à ses fautes.
L'auteure intervient régulièrement dans la narration, en italique, comme une voix off, une didascalie pour commenter, apporter des précisions, partager ses émotions. J'ai aimé ces prises de parole de l'auteure par la dimension intime qu'elles confèrent à la narration. L'utilisation du présent rend le récit particulièrement vivant.
L'auteure fait revivre l'atmosphère d'un ministère obéissant aux ordres des allemands, gérant le rationnement imposé par les occupants. Nous découvrons, du point de vue des fonctionnaires plus ou moins zélés, ce que furent les réquisitions, le STO (Service du Travail Obligatoire), les frais d'occupation... C'est un roman à la fois intime, familial et historique que j'ai trouvé à la fois émouvant de par la démarche de l'auteure et passionnant pour la description de l'atmosphère de l'époque.
Un voyage dans le passé pour mieux s'ancrer dans le présent. Un très beau roman très personnel.
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