"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Adolescent, j'attends les heures d'été. Que mon corps s'ouvre, se dilate, respire et se brûle. »C'est la dernière nuit d'un homme, arrivé d'Italie après un long chemin. Ses poumons suffoquent. Il se souvient.
De l'enfance et des premières crises d'asthme, du lac de Côme, de la mer de Trieste, du premier corps aimé...
L'écriture de Sébastien Berlendis, mélancolique, sensuelle et envoûtante, agit comme un rêve éveillé dont on voudrait ne plus sortir.
La construction du livre, des paragraphes me font penser au livre de Pascal Quignard « La barque silencieuse », mais là s’achève la ressemblance puisque, pour le narrateur, ce sont des souvenirs qui ressurgissent, qu’il expectore comme les glaires qui encombrent ses poumons.
« Recroquevillé sous les draps de lit, à l’abri des brumes et du froid de juillet, ma mémoire s’effiloche. » Allongé dans une chambre au dix, chemin de la Résistance, l’homme se souvient. De retour d’Italie, il passe ses dernières nuits dans cette maison dévastée du plateau d’Assy. Cette adresse martelée, répétée comme si l’homme avait peur d’oublier ou avait besoin de concret à quoi se raccrocher.
Une lecture faite d’allers et retours dans ses souvenirs sans tenir compte d’une quelconque chronologie. Les premières crises d’asthme, son enfance de Bracca, ses parents, son premier amour…
Les souvenirs sont fragmentés, l’écriture, tendue, suit les difficultés de respiration du narrateur. Lire ce livre c’est s’essouffler, reprendre son souffle, manquer d’air, reprendre sa respiration. C’est passer de l’ombre au soleil, de la mélancolie au bonheur, même furtif. C’est suivre et subir la dévastation de l’homme et de la maison.
Il y a une sorte de contradiction. Il s’agit du premier livre de Sébastien Berlendis et il ne parle que de dernières fois, derniers souvenirs, dernier souffle. Ce livre parle du corps, des différents états de la toux. Cela pourrait être trivial, voire chiant, mais non, il s’en dégage une poésie, même, par certains souvenirs une certaine sensualité. Chaque chapitre est un instantané, une photographie un peu jaunie de son passe. Norma, Sébastien Berlendis est également photographe.
J’avais arrêté une première fois cette lecture car je n’étais pas prête à recevoir ce texte exigeant dans la déconstruction du temps. Je l’ai perdu, bien caché dans le vide-poche de ma voiture, pour mieux le retrouver et là, ce furent de belles retrouvailles. L’émotion peut vous prendre à la gorge (sans jeu de mots).
Ce roman n'est pas à proprement parlé d'un roman habituel mais plutôt d'un récit. C'est le premier récit de l'auteur Sébastien Berlendis qui montre dans son écriture une grande maturité.
Ce récit décrit les réminiscences d'un Italien souffrant de crises violentes d'asthme. Il raconte son enfance, son père, sa mère, son premier amour, une autre malade dans le même centre de soins que lui. Il raconte ses sensations face à cette infirmité. L'écriture est belle, poétique, sensuelle.
Chaque page décrit un moment précis avec quelques lignes seulement à chaque fois pour nous faire ressentir cet instant magique pour cet homme qui vit avec comme seul espoir, vivre le plus longtemps possible, tout en sachant qu'il en mourra, avec des souffrances qui l'accompagneront jusqu'au bout.
En quelques phrases, nous nous retrouvons à ses côtés pour un moment, non pas malheureux, mais toujours empreint d'une forte émotion, d'où perle de l'amour, pour la vie, pour cette fille, Simona, pour la vie.
Cet homme ne regrette pas, n'en veut pas à la vie, ou à la maladie, cest un combat de tous les jours qu'il réalise avec beaucoup de courage. Une vie où chaque seconde de répit est importante, à vivre au maximum.
Un premier récit réussi aux émotions qui transpirent de chaque mot, de chaque lettre.
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