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Il ne faut jamais revenir au temps maudit de son enfance.
En ouvrant la maison d'Acquargento, désertée vingt ans plus tôt, c'est tout l'été de ses 16 ans qui brûle la mémoire d'Anna : l'aridité du soleil corse, l'omniprésente menace des guêpes, l'indifférence des parents, l'ennui moite de l'adolescence... et l'arrivée surprise d'Hélène, sa cagole de soeur aînée, bébé au bras, plus égoïste et méchante que jamais. Plus dangereuse surtout. Cet été-là, Anna en était convaincue, Hélène jouait avec la vie de sa propre fille.
Paranoïa, jalousie de petite soeur ou pressentiment d'un drame annoncé ?
Anna a avait 16 ans cet été là, elle trainait son ennui dans la maison de vacances de Corse où elle avait accompagné ses parents, contrainte et forcée. Sa sœur ainée Hélène débarque alors sans prévenir. Elles ont 12 ans de différences, elles n’ont rien en commun, pire, on peut dire qu’elles ne s’aiment pas, tout simplement. Anna méprise quasiment ouvertement sa « cagole » de sœur. Mais Hélène ne vient en solo, elle amène Léa avec elle, son bébé d’un an qu’elle élève toute seule. Rapidement, Anna sent que quelque chose cloche en observant Hélène et son bébé, quelque chose d’anormal et d’inquiétant. Elle acquiert la conviction que sa sœur cherche à faire du mal à sa fille et quand elle ose enfin évoquer le sujet, elle se fait renvoyer sur les roses par ses parents. La jalousie d’Anna l’aveugle-t-elle, ou bien est-elle la seule à voir que sa sœur est perturbée et surtout dangereuse ? C’est ma première incursion dans la bibliographie de Marie Neuser et c’est une très belle surprise que ce petit roman noir très bien troussé. C’est le portrait d’une adolescente mal dans sa peau et mal dans sa famille, qui raconte à la deuxième personne (« vous… ») cet été infernal qui a changé sa vie. Même si les personnages peuvent paraitre un peu tranchés, la psychologie des deux sœurs et aussi des deux parents est bien dessinée, et le malaise très vite confortablement installé. « Un petit jouet mécanique » n’est pas juste le portrait de deux sœurs qui n’ont rien en commun et qui ont grandi dans une indifférence, voire une hostilité réciproque, c’est aussi le portrait d’un syndrome mal connu, complètement fascinant et dérangeant. Evidemment, je ne peux pas trop en dire pour ne pas déflorer l’intrigue mais d’un point de vue psychologique et même psychiatrique, le roman est pertinent et même perturbant. On regrette presque qu’il soit trop court, tant l’atmosphère poisseuse et moite de la Corse, la canicule et la rancœur composent un cocktail explosif. La fin est assez logique, c’est la fin que j’avais vu venir d’assez loin, elle est imparable : c’est la fin qui convenait pour un roman court et tendu. Le style, un peu inhabituel à cause de l’emploi du « vous » à la place du « je » ne pose pas de problème, c’est écrit de façon fluide, agréable, avec des chapitres assez longs. C’est une intrigue brève et percutante comme un coup de poing en pleine face et qui donne très envie de continuer en s’aventurant vers d’autres romans de cette même auteure.
Une quatrième de couverture un peu bavarde mais le drame écrit dès les premières pages : la petite Léa est morte il y a vingt ans...On devine très vite qui est la coupable, ça ne fait presque pas mystère.
Pourtant, même avec ces éléments, ce thriller impeccable déroule des lignes hypnotiques, tisse les indices, et la narration tendue ajoute à l'intensité dramatique, glace le sang.
Etrangeté de cette narration parfaite, le "vous" d'un narrateur omniscient qui semble accuser la toute jeune ado, comme un juge, alors qu'elle seule avertit, s'alarme de la situation, prévoit le drame à venir...
Ce "vous" qui mettrait presque le lecteur à distance et qui finalement le place au coeur de l'intrigue comme s'il était lui-même Anna, ado pas en phase avec son monde mais à l'intuition prodigieuse.
L'adolescence est décrite à la perfection, dans ses doutes, ses "ridicules" désespoirs, et on sent que Marie Neuser connait ce monde-là, se pose en observatrice fine et intelligente. Ressort aussi dans son thriller sa brillante maîtrise de la langue française (que de belles phrases !) et son amour de la littérature.
Un très bon polar, une belle découverte !
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