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Le bébé a quelques jours, sa maman, comorienne, en a seize. Elle l 'abandonne à Marie, infirmière à l'hôpital. Marie est blanche. Marie le prénommera Moïse. La vie s'écoule, presque tranquille ; mais, vers treize ans, Moïse, l'enfant adopté, l'enfant arrivé en « kwassa sanitaire », lui reproche de lui avoir volé sa vraie vie. Il se détourne du collège et fait allégeance à Bruce, chef d'un gang de jeunes hyper violents et drogués qui tiennent Kaweni, le quartier de la misère. Marie meurt. Moïse commet un meurtre. Il a seize ans. Qui pourra arrêter la terrible machine à broyer du destin qui s'est mise en marche : l'humanitaire idéaliste, ou le flic désabusé ?
J’avais tellement apprécié Tropique de la violence, ce roman de Nathacha Appanah qui nous fait découvrir l'île de Mayotte, sa beauté mais surtout la situation intolérable dans laquelle vivent ceux qui viennent y trouver refuge, que, lorsque j’ai vu à ma médiathèque la BD éponyme de Gaël Henry, adaptée du roman, je n’ai pas hésité à l’emprunter !
Malheureusement, j’ai été assez déçue, déçue à la fois par l’histoire à mon goût, trop condensée et beaucoup moins explicite que dans le roman, et surtout par les dessins. Je n’ai pas su apprécier les dessins de Gaël Henry, à commencer par celui de la couverture représentant Moïse adolescent. Moïse est le bébé que Marie, cette infirmière de nuit, en mal d’enfant, a accueilli. C’est une jeune réfugiée des Comores arrivée au Centre hospitalier de Grande-Terre, atterrée, qui le lui remet en s’enfuyant aussitôt. Elle a seulement dit : « Lui bébé du djinn. Lui porter Malheur avec son œil ». En fait, le bébé est atteint d’hétérochromie, c’est-à-dire d’une différence de couleur entre l’iris des deux yeux. C’est avec ce personnage que nous allons entrer dans un tourbillon de violence incroyable.
Si les dessins des personnages m’ont déplu, j’ai trouvé par contre les couleurs fort belles et l’idée de faire intervenir les fantômes des quatre personnages que sont Marie, Moïse, Bruce et Bosco, le chien apporte une touche de fantastique originale.
J’ai apprécié la carte de l’île de Mayotte placée en début d’ouvrage qui permet de mieux se situer sur ce département français aux plages et cocotiers de rêve mais rongé par la violence et le chômage.
Ce roman graphique, fidèle au livre de Nathacha Appanah, à la dimension politique forte, est un récit puissant et une véritable plongée dans l’enfer d’une jeunesse livrée à elle-même.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Merci à Masse Critique Babelio et aux éditions Sarbacane de m’avoir offert de voyager, à nouveau, dans ce chef d’œuvre de la littérature française.
Cette adaptation, très réussie, à tout pour faire découvrir ce livre. Ceux qui se contenteront de la BD sauront ce que la littérature peut offrir de mieux, les autres iront vers le roman et découvriront une écriture en plongée dans cette violence que peu connaissent. Le reste du monde détournant le regard, ce qui ne fait pas disparaître les problèmes liés à la misère, à l’oubli, à l’indifférence…
Voici un extrait de ma chronique sur ce roman.
« Moïse fuit vers ceux qu'il a commencé à approcher, fasciner par l'autre lui. Celui qu'il aurait été sans Marie. Fascination répulsion.
« Ce mot-là, clandestin, ne m'avait pas laissé indifférent. Si Marie ne m'avait pas recueilli, c'est ce que j'aurais été, non ? »
Quelques mois d'errance et il tue Bruce, le chef, le roi de Gaza et se livre à la police.
L'auteur nous donne à entendre ces voix, qui nous raconte le quotidien de ce monde en marge, enlisé dans la drogue, les vols et autres exactions. Ceux qui connaissent bien le système politique, politiciens qui ne viennent qu'au moment des élections, une société pourrie jusqu'à la moelle, malgré quelques bons éléments qui luttent à leur façon, sans moyen et sans résultat.
« Je sais que je suis entré dans un autre monde, une autre dimension et que plus jamais je ne serai comme avant. »
Cette dernière phrase le lecteur peut se l'attribuer, car pour lui aussi il y aura un avant et un après ce livre.
L'auteur a le talent fou de construire sa narration en opposant la beauté de cet archipel dans toute la splendeur de ses floraisons, ses parfums multiples et la lèpre de cette profonde misère qui la ronge en profondeur et de façon irréversible.
Ces voix vous hanteront longtemps après avoir refermé ce livre. La littérature à son summum. »
Gaël Henri a su en faire un découpage semblable au roman et différent aussi, sa vision et c’est très bien ainsi.
Le regard se focalise, en premier sur les visages, pourtant je pense qu’il faut étudier attentivement les corps donnés aux protagonistes, ils parlent d’eux-mêmes.
D'emblée la beauté de l’île et sa misère sont en perpétuel miroir.
Transposer en images c’est donné à voir à un plus grand nombre, le 9ème art adaptant le 5ème a tout pour me plaire. C’est un partage, une aventure de la transmission.
Pari réussi pour Gaël Henry.
Une très belle adaptation de cette tragédie, des images qui interrogent et émeuvent.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 1er janvier 2020.
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